3130-1 - Eaux stagnantes à végétation vivace oligotrophique à mésotrophique montagnarde à subalpine des régions alpines, des Littorelletea uniflorae

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

L’habitat est de préférence inféodé aux étages montagnard à subalpin, sous climat froid.
Les situations topographiques sont caractéristiques : eaux peu à moyennement (plus d’un mètre), profondes éclairées (habitat héliophile), des lacs et mares d’altitude.
Les substrats sont toujours oligotrophes, acides, minéraux, grossiers (sables, moraines glaciaires) à fins (limons).
Le niveau de l’eau est souvent variable ; le courant d’eau est quasi nul (petites vagues) ; l’eau est très peu minéralisée, mésotrophe à oligotrophe, acide.
Les influences biotiques sont nulles à extensives (piétinement).

Variabilité

L’habitat présente une variabilité fonction essentiellement des régions biogéographiques.
En eau profonde : communautés à Isoète à spores hérissées [Isoetetum echinosporae], avec variations subaquatique à Myriophylle à fleurs alternes (myriophylletosum alterniflori) et type (typicum).
En eau peu profonde des lacs pyrénéens : communautés à Isoète des lacs et Rubanier de Bordère [Isoeto lacustris-Sparganietum borderei], peu variables.
En eau peu profonde des lacs pyrénéo-alpestres : communautés à Callitriche des marais et Rubanier à feuilles étroites [Callitricho palustris-Sparganietum angustifolii], peu variables, les populations pyrénéennes pouvant être considérées comme relevant d’une forme appauvrie de la précédente dans les petits lacs et cuvettes en voie d’assèchement ou temporairement asséchés en été.

Physionomie, structure

Cet habitat de surface limitée (quelques dizaines à quelques mètres carrés) se présente toujours comme un fin gazon peu stratifié d’herbes souvent très peu élevées, les plus caractéristiques étant plutôt des monocotylédones et des ptéridophytes à feuilles linéaires. Ce gazon est presque toujours ouvert, laissant apparaître le substrat. Compte tenu des conditions stationnelles, la phénologie est tardive et beaucoup d’espèces, tout en se maintenant bien à l’état végétatif sous l’eau, ne forment des spores ou des fleurs et fruits qu’en période d’exondation.

Confusions possibles

Aucune.

Dynamique

Spontanée :
Cet habitat est souvent assez stable, le battement de nappe très contraignant pour les végétaux (alternance de submersion et de sécheresse, pouvant être prononcée sur les sables durant l’été, ou, au contraire, eau permanente) empêchant le développement de plantes peu adaptées.

Liée aux activités humaines :
En revanche l’habitat est très sensible :
- à l’envasement qui favorise l’arrivée d’espèces moins spécialisées ;
- au piétinement trop intense consécutif aux activités au bord des pièces d’eau ;
- à l’altération de la qualité des eaux (eutrophisation, rejets d’effluents et de biocides) ;
- à la stabilisation du niveau de l’eau, à l’exception des formes d’eau profonde.
Ces influences peuvent favoriser l’installation de grandes et petites roselières (notamment à Scirpe des marais) très concurrentielles, et donc la régression des espèces sensibles.

Habitats associés ou en contact

Communautés aquatiques oligotrophiques variées (UE 3140, UE 3150) vers l’eau libre.
Parfois roselières mésotrophiques à Laiche terminée en bec (Carex rostrata) (Cor. 53.214).
Tremblants plus ou moins aquatiques des bords de lac (Cor. 54.5 p.p.).

Répartition géographique

Il s’agit d’un habitat typiquement lié aux étages montagnard à subalpin, certaines formes pouvant toutefois posséder dans notre pays des aires plutôt réduites :
- communautés à Isoète à spores hérissées : Massif central et Vosges ;
- communautés à Isoète des lacs et Rubanier de Bordère : Pyrénées orientales (Carlitte et Capcir, entre 1 800 et 2 200 m) et centrales (Néouvielle).

Valeur écologique et biologique

Sa valeur patrimoniale est très haute, au moins en ce qui concerne la flore, par la présence d’espèces :
- protégées et/ou menacées (prioritaires ou à surveiller) au niveau national : Isoetes echinospora, I. lacustris, Subularia aquatica, Littorella uniflora ;
- protégées dans diverses régions : Subularia aquatica, Sparganium angustifolium, Myriophyllum alterniflorum.
Il est à noter que des espèces comme Subularia aquatica et Isoetes lacustris atteignent dans les Pyrénées leur limite méridionale absolue.

États de conservation

Il convient de privilégier les formes les moins piétinées et les moins eutrophisées.

Tendances et menaces

Cet habitat fragile et peu répandu reste très menacé par diverses activités humaines sur les lacs et étangs, induisant piétinement, aménagements, tendance à l’eutrophisation, à l’envasement et surtout à la stabilisation du plan d’eau et la régularisation des rives. Il a été très affecté par la construction de nombreux barrages hydro-électriques, ayant entraîné des variations brusques du niveau des eaux.

Potentialités intrinsèques de production

Les potentialités économiques de cet habitat en lui-même sont nulles. Par contre, il est susceptible de s’installer dans des milieux d’intérêt économique ou de loisirs : étangs de pêche, bases de loisirs nautiques, pisciculture, activités humaines sur les bassins versants… Son maintien peut dès lors être source de conflit avec les usagers de ces milieux.

Axes de recherche

Accroître les informations fondamentales (phytosociologiques, chorologiques et écologiques) sur quelques formes peu connues de l’habitat, sur la faune associée, sur le fonctionnement de l’écosystème global pour dégager des principes concrets de gestion (en particulier l’effet du rajeunissement du substrat), sur la physiologie reproductive des espèces toujours submergées (notamment les Isoètes).

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)