Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
L’habitat est surtout développé à l’étage planitiaire, sous climats variés, atlantique à continental, mais il est actuellement surtout connu dans son aire occidentale en position arrière-littorale.
Les situations topographiques sont caractéristiques : principalement niveaux supérieurs des dépressions dunaires, à l’interface hydrosère-xérosère.
Les substrats varient d'oligotrophes à mésotrophes, minéraux, neutres à alcalins, grossiers (sables) à fins (marnes).
La submersion ou l’imbibition par l’eau est courte et essentiellement hivernale.
L'habitat est nettement héliophile.
Il supporte des influences biotiques extensives (piétinement).
La variabilité de l’habitat, dans l’ensemble peu connue, est surtout fonction du climat local.
Au niveau des dépressions dunaires nord-atlantiques : communautés à Petite-centaurée du littoral et Sagine noueuse [Centaurio littoralis-Saginetum moniliformis], peu variables ; ces communautés doivent être traitées préférentiellement par le code UE 2190 qui est spécifique aux dépressions humides intradunales (cf. tome « Habitats côtiers »).
Au niveau des dépressions dunaires sous climat thermo-atlantique à déficit hydrique : communautés à Chlora non perfoliée et Scirpe de Savi [groupement à Blackstonia imperfoliata et Isolepis cernua].
Au niveau des dépressions dunaires sous climat thermo-ombro- atlantique basque : communautés à Petite-centaurée vert-jaunâtre et Scirpe sétacé [Isolepido setaceae-Centaurietum chloodis].
Les formes marnicoles de l'intérieur des terres restent à étudier.
Cet habitat occupe une surface variable selon l'occupation du sol et la concurrence des habitats en contact : il est soit très ponctuel, soit étendu sur quelques mètres carrés. Il se présente toujours comme un fin gazon peu stratifié d’herbes annuelles souvent rases ou très peu élevées (notamment d’assez nombreuses gentianacées : Petites-centaurées et Chloras). Ce gazon est presque toujours ouvert, laissant apparaître le substrat, et peut se trouver superposé à un pré oligotrophique hygrophile d’espèces vivaces dispersées. Compte tenu des conditions stationnelles, la phénologie est tardive, tardi-estivale à pré-automnale.
Aucune.
Spontanée :
Cet habitat s'insère dans une fourchette dynamique hydraulique étroite, étant obligatoirement lié à une période de submersion optimale, entre les communautés longuement inondables de bas-niveau topographique et les communautés psammophiles xérophiles. Instable et pionnier, il se maintient principalement par défaut de concurrence de la part de communautés vivaces. Il est remplacé par celles-ci (prés hygrophiles oligotrophiques psammophiles et alcalins, UE 2190, ou marnicoles plus ou moins hygrophiles) par dynamique progressive.
Liée aux activités humaines :
Il peut être favorisé par des pressions biotiques modérées visant à réduire la concurrence des espèces vivaces (piétinement au voisinage des pièces d’eau, dans les chemins dunaires inondables par exemple). Un ombrage trop marqué par évolution éventuelle de communautés ligneuses voisines lui est défavorable.
Communautés de vivaces plus ou moins hygrophiles pouvant se superposer aux espèces annuelles, notamment pelouses oligotrophiques marnicoles et prés hygrophiles oligotrophiques psammophiles alcalins (UE 2190).
Dans les sentiers piétinés : prairies ouvertes diverses à Grand plantain (Plantago major).
Habitat très dispersé en fonction des substrats qui lui sont favorables :
- communautés à Petite-centaurée littorale et Sagine noueuse : dépressions inondables des dunes de la Manche orientale ;
- communautés à Chlora non perfoliée et Scirpe de Savi : dépressions inondables des dunes calcaires de l’Atlantique, s’appauvrissant vers les dunes du Cotentin occidental ;
- communautés à Petite-centaurée vert-jaunâtre et Scirpe sétacé : Pays basque.
Cet habitat est de haute valeur patrimoniale, au moins en ce qui concerne la flore, par la présence d’espèces :
- protégées au niveau national : Centaurium chloodes, Gentianella uliginosa ;
- menacées au plan national (prioritaires ou à surveiller) : Centaurium chloodes, Centaurium littorale ;
- protégées dans diverses régions : Juncus tenageia, Exaculum pusillum, Blackstonia perfoliata, Blackstonia acuminata, Centaurium littorale, Pseudognaphalium luteo-album, Sagina nodosa, Lythrum hyssopifolia.
Les communautés à Petite-centaurée littorale et Sagine noueuse sont inscrites au livre rouge des phytocénoses littorales menacées.
Habitat très peu variable à préserver dans son ensemble.
Cet habitat reste très menacé par la régulation et l’eutrophisation des systèmes hydrologiques dunaires, la destructuration générale des habitats voisins (exploitation de sable, fréquentation trop dense des arrière-dunes…), ainsi que par la dynamique progressive induisant le développement des prés oligotrophiques hygrophiles vivaces, très concurrentiels, puis des végétations arbustives dont l’ombrage est néfaste à l’habitat.
Aucune.
Accroître les informations fondamentales (phytosociologiques et écologiques) sur les autres associations basiclines à Petites-centaurées et Chloras du Centaurio pulchelli-Blackstonion perfoliatae peu ou pas connues (formes marnicoles), sur la faune associée.
Tester des pratiques biotiques extensives de fauche ou de pâture en système dunaire pour le maintien d'une mosaïque optimale d'habitats hygrophiles.
Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)