Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
L’habitat est surtout développé aux étages planitiaire à montagnard, sous climats variés, atlantique à continental-montagnard.
Les situations topographiques sont caractéristiques : niveaux supérieurs des grèves de lacs, étangs et mares temporairement inondées, chemins inondables des landes et des forêts acidiphiles oligotrophiques plus ou moins hygrophiles.
Les substrats varient de oligotrophes à mésotrophes, minéraux, acides à neutres, grossiers (sables) à fins (limons).
La submersion par l’eau est courte et essentiellement hivernale. L'habitat est plutôt héliophile, pouvant toutefois accepter un
léger ombrage dans les chemins forestiers.
Il supporte des influences biotiques extensives (piétinement peu important).
La variabilité de l’habitat est surtout fonction du climat local.
En climat thermo- à sub-atlantique :
- sur substrat plutôt sablo-limoneux : communautés à Radiole faux-lin et Cicendie filiforme [Radiolo linoidis-Cicendietum filiformis], présentant une forme thermo-atlantique à Cicendie naine (race à Exaculum pusillum) ;
- des mares temporaires des falaises maritimes atlantiques : communautés à Jonc capité et Petite-centaurée maritime [groupement à Juncus capitatus et Centaurium maritimum], peu connues.
En climat plutôt continental :
- sur substrat plutôt sableux : communautés à Mouron nain et Radiole faux-lin [Centunculo minimi-Radioletum linoidis] ;
- sur substrat plutôt limoneux à argileux restant frais : communautés à Scirpe sétacé et Stellaire alsine [Isolepido setaceae-Stellarietum uliginosae], pauvres en espèces et peu variables ;
- communautés à Souchets jaunâtre et brun-noirâtre [Cyperetum flavescenti-fusci], peu connues dans notre pays.
Cet habitat se présente toujours comme un fin gazon peu stratifié d’herbes annuelles souvent très peu élevées, et même difficiles à voir (notamment d’assez nombreuses gentianacées). Ce gazon est presque toujours ouvert, laissant apparaître le substrat, et peut se trouver superposé à une prairie d’espèces vivaces dispersées. Compte tenu des conditions stationnelles, la phénologie est tardive.
Aucune.
Spontanée :
Cet habitat instable pionnier se maintient principalement par défaut de concurrence de la part de communautés vivaces. Il est remplacé par des communautés de vivaces (prés oligotrophiques acidiphiles, prairies, landes) par dynamique progressive.
Liée aux activités humaines :
Il peut être favorisé par des pressions biotiques modérées visant à réduire la concurrence des espèces vivaces (faucardage, piétinement au voisinage des abreuvoirs, dans les chemins forestiers ou des landes par exemple) ; une eutrophisation favorise leur évolution vers un habitat nitrophile de moindre intérêt (Bidentetea tripartitae, Cor. 22.33) ; un ombrage trop marqué par évolution éventuelle de communautés ligneuses voisines lui est défavorable.
Communautés annuelles amphibies (UE 3130) vers les niveaux topographiques inférieurs.
Communautés de vivaces plus ou moins hygrophiles pouvant se superposer aux espèces annuelles, notamment prés oligotrophiques acidiphiles (UE 3120 p.p., UE 6410), landes hygrophiles (UE 4020*)…
Dans les sentiers piétinés : prairies ouvertes diverses à Grand plantain (Plantago major).
Communautés annuelles nitrophiles des Bidentetea tripartitae (Cor. 22.33).
L’aire générale de cet habitat couvre une bonne partie des régions non méditerranéennes françaises, plus précisément :
- communautés à Radiole faux-lin et Cicendie filiforme : façade atlantique jusqu’aux limites du domaine continental ;
- communautés à Jonc capité et Petite-centaurée maritime : falaises maritimes atlantiques (Bretagne, Vendée) ;
- communautés à Mouron nain et Radiole faux-lin : remplacent les communautés à Radiole faux-lin et Cicendie filiforme vers les régions continentales ;
- communautés à Scirpe sétacé et Stellaire alsine : sans doute assez répandues en régions tempérées ;
- communautés à Souchets jaunâtre et brun-noirâtre : aire indéterminée.
Cet habitat est de valeur patrimoniale moyenne, au moins en ce qui concerne la flore, par la présence d’espèces protégées dans diverses régions : Juncus pygmaeus, J. tenageia, J. capitatus, Anagallis minima, Centaurium maritimum, Cicendia filiformis, Exaculum pusillum, Pseudognaphalium luteo-album, Illecebrum verticillatum, Radiola linoides, Sagina nodosa, Spergularia segetalis, Lythrum hyssopifolia.
Privilégier les formes les moins eutrophisées.
Cet habitat fragile et en régression reste très menacé par la transformation des lacs et étangs en bases de loisirs, induisant aménagements, piétinement intensif, tendance à l’eutrophisation et surtout à la stabilisation du plan d’eau et la régularisation des rives. Par ailleurs, le remblaiement (surtout par des matériaux étrangers à la région, par exemple calcaire en région siliceuse), le drainage des chemins forestiers ou des landes humides et leur fermeture suivie d’ombrage lui sont défavorables.
Les potentialités économiques de cet habitat en lui-même sont nulles. Par contre, il est susceptible de s’installer dans les niveaux supérieurs de milieux d’intérêt économique ou de loisirs ; son maintien peut dès lors être source de conflit avec les usagers de ces milieux.
Accroître les informations fondamentales (phytosociologiques et écologiques) sur quelques formes peu ou pas connues de l’habitat et sur la faune associée.
Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)