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Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Habitat de superficie variable présentant son optimum à l’étage alpin (au-dessus de 2 300 m d’altitude), mais pouvant descendre à l’horizon supérieur de l’étage subalpin.
Il colonise préférentiellement la partie moyenne et inférieure des pierriers siliceux (schisteux et parfois granitiques) constitués d’éléments relativement fins à plus grossiers, peu mobiles, exposés en soulane (de l’ouest à l’est), de pente assez faible comprise entre 10 et 30° et soumis aux phénomènes périglaciaires.
Le microclimat régnant au sein de l’habitat est rude, très contrasté, en dehors d’une longue période (8 à 9 mois) d’enneigement au cours de laquelle une protection est assurée par le manteau neigeux.
Une matrice de fractions fines noirâtres à pH acide (6 à 6,7), riche en débris végétaux et située à faible profondeur sous les débris rocheux, favorise l’enracinement des végétaux.
L’habitat, relativement homogène, correspond à l’association à Séneçon à feuilles blanches [Senecionetum leucophylli], caractérisée en outre par : Gaillet à racines chevelues (Galium come- terrhizon), Céraiste des Pyrénées (Cerastium pyrenaicum), Pensée de Lapeyrouse (Viola diversifolia)…
Végétation ouverte de recouvrement faible atteignant rarement 50 %.
La flore est relativement pauvre, composée essentiellement d’hémicryptophytes et dominée dans les stades optimaux de l’habitat par le Séneçon à feuilles blanches, plante présentant des caractéristiques morpho-anatomiques en relation avec la xéricité.
Étant donné l’écologie particulière de l’habitat, les espèces se montrent très nettement spécialisées aux contraintes du milieu (nature, granulométrie, mobilité, microclimat, phénomènes cryonivaux…). Les espèces lithophiles présentent diverses stratégies leur permettant de résister aux contraintes imposées par les mouvements se produisant au sein de la matrice et des pierriers. L’organisation morphologique et anatomique de leur système végétatif (notamment souterrain) permet à ces espèces lithophiles de suivre et de subir, ou non, le mouvement des pierriers, d’où les diverses stratégies distinguées :
- stratégie migratrice : lithophytes migrateurs par allongement et régénération [Céraiste des Pyrénées, Gaillet à racines chevelues, Pâturin du Mont Cenis (Poa cenisia)], lithophytes indépendants : annuelles [Galéopsis des Pyrénées (Galeopsis pyrenaica)], vivaces pseudo-bulbeuses [Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. parnassifolius), Pensée de Lapeyrouse] ;
- stratégie sédentaire : lithophyte édificateur à système aérien stabilisateur (Séneçon à feuilles blanches).
Les éboulis siliceux des Pyrénées à Cryptogramme crispé et Pâturin du Mont Cenis [Allosuro crispi-Poetum fontquerii ; Code UE : 8130].
Les éboulis siliceux subalpins des stations sèches [Galeopsion pyrenaicae ; Code UE : 8110].
Les éboulis schisteux des Pyrénées à Pensée de Lapeyrouse [Violetum diversifoliae ; Code UE : 8130].
Cet habitat provient de la colonisation de pierriers siliceux peu mobiles, à la stabilisation desquels il contribue. Il est relativement permanent tant qu’un équilibre s’établit entre les processus géomorphologiques (mobilité, phénomènes cryonivaux…) remaniant le milieu et la colonisation par les espèces végétales lithophiles spécialisées.
Par consolidation, l’habitat peut conduire, selon l’altitude, à la pelouse à Gispet (Festuca eskia) [Festucion eskiae ; Code UE : 6140] ou à la pelouse à Fétuque couchée (Festuca airoides) [Festucion supinae ; Code Corine : 36.34].
Éboulis schisteux alpins des Pyrénées à Xatartie scabre (Xatartia scabra) [Xatartietum scabrae ; Code UE : 8130].
Pelouses siliceuses héliophiles à Gispet (Festuca eskia) [Festucion eskiae ; Code UE : 6140].
Pelouses silicicoles alpines du Festucion supinae [Code Corine : 36.34].
Landes acidophiles à Rhododendron ferrugineux (Rhdodendron ferrugineum) [Rhododendro-Vaccinion ; Code UE : 4060].
Association endémique de la partie orientale des Pyrénées, localisée de l’Ariège aux Pyrénées-Orientales.
Habitat rare et endémique des Pyrénées orientales de grande valeur écologique et biologique par les conditions très particulières du milieu et le nombre d’espèces spécialisées (voir types biologiques et stratégies dans le paragraphe « Physionomie, structure ») qu’il renferme. Le cortège floristique compte un fort pourcentage d’espèces endémiques : oriento-pyrénéennes, comme : Céraiste des Pyrénées, Galéopsis des Pyrénées, Saxifrage faux géranium ; pyrénéenne, comme : Pensée de Lapeyrouse ; pyrénéo-cévenole, comme : Séneçon à feuilles blanches ; pyrénéo-corse, comme : Gaillet à racines chevelues.
Une lacune persiste dans la connaissance de la faune associée à ce type d’habitat (faune du milieu souterrain superficiel notamment). L’importante litière produite par le Séneçon à feuilles blanches favorise la vie animale invertébrée.
États à privilégier :
Stade optimal de l’habitat.
Autres états observables :
Stades appauvris et stades en voie de colonisation par des espèces pelousaires.
Des menaces, toutefois faibles, de destruction directe (piétinement et pâturage des inflorescences par les ongulés (ovins, isards, mouflons), piétinement et bouleversement lors de randonnées, cueillette, érosion…) et indirecte (dynamique naturelle faisant évoluer l’habitat vers des stades de pelouses, changement climatique global éventuel…) existent.
Réaliser l’inventaire cartographique de l’habitat et les inventaires de la faune associée.
Il serait intéressant de faire un suivi à long terme de cet habitat afin de connaître son évolution éventuelle lors d’un changement climatique global.
Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)
