8130-9 - Éboulis schisteux alpins à Xatartie scabre, des Pyrénées

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Habitat de superficie variable présentant son optimum à l’étage alpin (au-dessus de 2 200 m d’altitude).
Il colonise les panneaux de pierriers schisteux (surtout cambriens), hétérométriques, mobiles (éboulis gravitaires et assistés) d’épaisseur variable, exposés en soulane (du sud-ouest au sud- sud-est), de pente comprise entre 20° et 40° et soumis à d’importants phénomènes périglaciaires (éléments très gélifractés).
Le microclimat régnant au sein de l’habitat est rude, très contrasté, en dehors de la période hivernale au cours de laquelle une protection est assurée par le manteau neigeux.
Une matrice de fractions fines presque constamment saturée en eau, située à faible profondeur sous les débris rocheux, favorise de lents glissements en nappe du pierrier et conditionne l’existence de l’habitat. Par le jeu des phénomènes cryonivaux peuvent résulter des sols striés.

Variabilité

L’habitat est homogène et décrit sous le nom d’association à Xatartie scabre [Xatartietum scabrae], caractérisée en outre par le Pâturin du Mont Cenis (Poa cenisia) et par la présence de : Ibéris spatulé (Iberis spathulata), Crépide naine (Crepis pygmaea), parfois du Séneçon à feuilles blanches (Senecio leucophyllus)…

Physionomie, structure

Végétation ouverte de recouvrement très faible (atteignant au maximum 30 %).
La flore est relativement pauvre et composée essentiellement d’hémicryptophytes.
Étant donné l’écologie particulière de l’habitat, les espèces se montrent très nettement spécialisées face aux contraintes du milieu (nature, granulométrie, mobilité, microclimat, importance des phénomènes cryonivaux…). Les espèces lithophiles présentent diverses stratégies leur permettant de résister aux contraintes imposées par les mouvements se produisant au sein de la matrice et des pierriers. L’organisation morphologique et anatomique de leur système végétatif (notamment souterrain) permet à ces espèces lithophiles de suivre et de subir, ou non, le mouvement des pierriers, d’où les diverses stratégies distinguées :
- stratégie migratrice : lithophytes migrateurs par allongement (Xatartie scabre), lithophytes migrateurs par allongement et régénération [Crépide naine, Gaillet à racines chevelues (Galium cometerrhizon), Pâturin du Mont Cenis], lithophytes indépendants [Ibéris spatulé, qui est un thérophyte ; Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. par- nassifolius) pseudo-bulbeuse] ;
- stratégie sédentaire : lithophytes à système aérien stabilisateur (Séneçon à feuilles blanches).

Confusions possibles

Avec les éboulis carbonatés mobiles subalpins des Pyrénées à Ancolie visqueuse (Aquilegia viscosa) et Xatartie scabre [Aquilegio hirsutissimae-Xatartietum scabrae ; Code UE : 8130].
Avec les éboulis carbonatés subalpins et alpins à éléments fins, des Pyrénées, à Ibéris spatulé et Renoncule à feuilles de parnassie [Iberidion spathulatae ; Code UE : 8130].
Avec les éboulis carbonatés subalpins et alpins à éléments mobiles moyens à grossiers, des Pyrénées, à Crépide naine [Crepidetum pygmaeae ; Code UE : 8130].
Avec les éboulis siliceux alpins à Séneçon à feuilles blanches [Senecionetum leucophylli ; Code UE : 8130].

Dynamique

Cet habitat provient de la colonisation de pierriers schisteux hétérométriques recouvrant une épaisse matrice fine, soumis à d’importants phénomènes cryonivaux, héritage de périodes froides anciennes. Il est relativement permanent tant qu’un équilibre s’établit entre les processus géomorphologiques (mobilité, phénomènes cryonivaux…) remaniant le milieu et la colonisation par les espèces végétales lithophiles spécialisées.
Les stations les moins mobiles permettent une colonisation de l’habitat par le Séneçon à feuilles blanches (passage au Senecionetum leucophyllae) ou par des espèces (glumales essentiellement) de pelouses rocailleuses, comme le Gispet (Festuca eskia), l’Avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense), la Fétuque de Saint-Yves (Festuca yvesii subsp. yvesii), la Fétuque couchée (Festuca airoides), espèces sociales entrant en concurrence avec les espèces lithophiles de l’habitat, pouvant à terme permettre l’installation d’un stade de pelouse (Code UE : 6140 ou Code Corine : 36.34).

Habitats associés ou en contact

Éboulis siliceux thermophiles à Séneçon à feuilles blanches [Senecionetum leucophylli ; Code UE : 8130].
Pelouses siliceuses héliophiles à Gispet (Festuca eskia) [Festucion eskiae ; Code UE : 6140].
Pelouses silicicoles alpines du Festucion supinae [Code Corine : 36.34].

Répartition géographique

Association endémique des Pyrénées orientales (du Puigmal d’Err à l’ouest, jusqu’au pic de la Vache à l’est).

Valeur écologique et biologique

Habitat endémique des Pyrénées orientales, hérité d’anciennes périodes froides, de grande valeur écologique et biologique par les conditions très particulières du milieu et le nombre d’espèces spécialisées (cf. types biologiques et stratégies dans le paragraphe « Physionomie, structure ») qu’il renferme. Le cortège floristique compte un fort pourcentage d’espèces endémiques : paléoendémique oriento-pyrénéenne, comme la Xatartie scabre (espèce protégée au niveau national), pyrénéo-cévenole, comme : Séneçon à feuilles blanches, pyrénéo-corse, comme le Gaillet à racines chevelues.
Une lacune persiste dans la connaissance de la faune associée à ce type d’habitat (faune du milieu souterrain superficiel notamment).

États de conservation

États à privilégier :
Stade optimal de l’habitat.

Autres états observables :
Stades appauvris et stades en voie de colonisation par des espèces pelousaires.

Tendances et menaces

Des menaces de destruction directe [piétinement et pâturage par les ongulés (ovins, isards, mouflons) et à un degré moindre par les campagnols des neiges, piétinement et bouleversement lors de randonnées, cueillette, érosion…] et indirecte (dynamique naturelle faisant évoluer l’habitat vers des stades de pelouses, changement climatique global éventuel…) existent.

Axes de recherche

Réaliser les inventaires de la faune associée à cet habitat.
Il serait intéressant de faire un suivi à long terme de cet habitat afin de connaître son évolution éventuelle lors d’un changement climatique global.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)