Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Éboulis localisés à l’étage collinéen et à l’étage montagnard (inférieur à 1 600 m en général).
Pentes raides (30 à 45 %) d’éboulis naturels mobiles, situés au pied de falaises ou à mi-pentes.
Éboulis composé d’éléments moyens de 2 à 8 cm provenant de calcaires compacts (lithographique) qui se retrouve également sur des éléments plus grossiers (> 10 cm).
Préférence marquée pour les expositions nord ; lorsque l’habitat se développe en adret il est toujours réduit en superficie et est protégé en partie des rayons solaires par la forêt qui l’entoure. Il recherche donc généralement un mésoclimat frais, voire froid, propre aux stations ombragées forestières.
On peut distinguer à ce jour deux communautés, en fonction de leur chorologie.
Association à Rumex à écussons (Rumex scutatus) et Scrophulaire du Jura (Scrophularia canina subsp. juratensis) [Rumici scutati-Scrofularietum caninae], répandue sur la côte dijonnaise, le pays de Champlitte, les plateaux calcaires haut-saônois :
- variante typique ;
- variante à Lamier jaune (Lamium galeobdolon), Scolopendre (Asplenium scolopendrium), Rhytidiadelphus triquetrus, Ctenidium molluscum (bryophytes)… que l’on retrouve sur les substrats les plus grossiers.
Association à Rumex à écussons [Rumicetum scutati], plus pauvre en espèces, du Jura, des Préalpes du Nord et du Sud et visible ça et là dans le Nord-Est, moins exigeante en hygrosciaphilie, souvent en exposition ensoleillée hors du Jura.
Le recouvrement est de 25 à 40 % en moyenne, parfois plus élevé lorsque les mousses sont présentes (jusqu’à 80 % dans la variante à Lamier jaune).
Dans la communauté à Rumex à écussons et Scrophulaire du Jura, de grosses touffes (Rumex, Centranthe, Scrophulaire) parsèment l’éboulis, laissant de larges plages nues.
On note la présence de buissons : Bois de Sainte-Lucie (Prunus mahaleb), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Noisetier (Corylus avellana), Nerprun des Alpes (Rhamnus alpina).
Dans la communauté à Rumex à écussons, cette espèce constitue des taches plus ou moins denses.
Avec les habitats thermoxérophiles établis sur un substrat identique mais en situation chaude (avec Achnathérum calamagrostide, Achnatherum calamagrostis…).
Avec les habitats installés sur gros blocs à Polystic en forme de lance (Polystichum lonchitis), Gymnocarpium herbe-à-Robert (Gymnocarpium robertianum) [Dryopteridion submontanae, Code UE : 8160*].
Cet habitat peut évoluer, très lentement, vers la forêt, suite à la fixation de l’éboulis par les arbustes. Il n’y a généralement pas de stade transitoire de pelouse sauf en situation d’adret.
L’évolution peut donc conduire :
- vers une tillaie par l’intermédiaire d’une pelouse pauvre en espèces, avec la Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), accompagnée de Bryophytes, en conditions chaudes et sèches ;
- vers une érablaie à Scolopendre dans des conditions plus fraîches.
Habitats de fentes de rochers ou falaises [Code UE : 8210].
Végétation de dalles rocheuses [Code UE : 6110*].
Pelouses de corniches [Code UE : 6210].
Fruticées xérophiles de rebord de corniches [Code UE : 5110].
Hêtraies (sapinière-hêtraie) à Aspérule [Code UE : 9130].
Hêtraies calcicoles sèches [Code UE : 9150].
Chênaies pubescentes [code Corine : 41.71].
Pineraies sylvestres (code Corine : 42.5).
Èrablaies, tillaies sèches à Seslérie bleuâtre ou à Érable à feuilles d’obier (Acer opalus) [Code UE : 9180*].
Èrablaies-frênaies riveraines [Code UE : 91E0*].
Chênaie pédonculée à Érable de fond de vallon encaissé [Code UE : 9160]…
La communauté à Rumex à écussons est assez largement répandue dans la moitié Est de la France, sur substrat calcaire, de la Lorraine aux Préalpes du Sud.
La communauté à Scrophulaire du Jura est plus localisée à la Bourgogne et à la Champagne méridionale, répandue sur la côte dijonnaise, le pays de Champlitte, les plateaux calcaires hauts-saônois.
Cet habitat couvre une surface très réduite par rapport aux autres types de végétation. On y rencontre des espèces rares à l’échelle régionale telle que la Scrophulaire du Jura, ou protégée au niveau régional, telle que la Linaire alpine var. du Jura (en Bourgogne).
États à privilégier :
Tous les états, quel que soit le degré d’évolution dynamique de la végétation dans la mesure où subsistent les espèces pionnières de l’éboulis.
Ces végétations sont assez stables au niveau de leur répartition spatiale et de leur extension, avec parfois quelques problèmes de réduction liés à la dynamique naturelle de la végétation. Les espèces qui caractérisent ces éboulis se retrouvent en milieux anthropisés (débris de carrière, talus routiers) qui offrent ainsi des refuges supplémentaires aux espèces pionnières de l’éboulis.
L’habitat est globalement peu menacé. Toutefois certaines menaces potentielles telles que l’ouverture de carrières ou la création de pistes qui recouperaient l’éboulis, peuvent engendrer la destruction totale ou partielle de l’habitat.
Préciser l’aire de distribution de ces communautés et préciser leurs variations d’ordre écologique et d’ordre dynamique.
Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)