8160-2 - Éboulis calcaires collinéens, du nord-est de la France

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Éboulis localisés à l’étage collinéen, inférieur à 500-600 m (à cet étage, les éboulis fréquents lors de la dernière période froide glaciaire, se sont considérablement raréfiés du fait de la dynamique de la végétation et des sols ; seuls subsistent quelques sites présentant une activité de la couche de matériaux).
Cet habitat affectionne les éboulis provenant de calcaires tendres et gélifs (craie, oolithe bathonienne, oxfordienne).
Pentes raides d’éboulis fins et mobiles (30 à 45 % d’inclinaison). Éboulis naturels liés à l’activité d’une résurgence (la Coquille, le Cul du Cerf), d’un cours d’eau (Cry, Armançon, Buxières les Froncles, Pagny la Blanche Côte…) ou à l’action du gel sur une falaise (Cravant, Saussy, Mandeure…).
L’exposition est indifférente (en exposition nord, on note cependant la présence du Rumex à écussons : Rumex scutatus).
Cet habitat se retrouve également sur des éboulis artificiels fins tels que des :
- talus de routes, carrières, lignes forestières ;
- espaces nus à graviers mobiles, isolés au sein de pelouses à Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea) (forêt de Châtillon-sur- Seine…).

Variabilité

Ce type d’habitat s’observe dans différentes régions calcaires du nord-est de la France avec des compositions floristiques variables. Les caractères du substrat sont identiques, seul le macroclimat varie :
- sous climat continental océanique : communauté à Ibéris de Viollet (Iberis linifolia subsp. intermedia (incluant Iberis violletii)) [Iberidetum violletii] ;
- sous climat continental assez sec : communauté à Ibéris intermédiaire de Durand (Iberis linifolia subsp. intermedia (incluant Iberis durandii)) [Sileno vulgaris subsp. glareosae-Iberidetum durandii] ;
- sous climat subatlantique plus doux l’hiver : communauté à Germandrée petit chêne (Teucrium chamaedrys) et Gaillet de Fleurot (Galium fleurotii) [Teucrio montani-Galietum fleurotii].

Physionomie, structure

La végétation de ce type d’habitat occupe des pentes raides. La végétation est très ouverte et le recouvrement très faible (5 à 20 %), exceptionnellement plus élevé (environ 40 %) quand la fixation de l’éboulis est plus assurée. C’est à la fin de l’été et en automne que l’éboulis présente une coloration maximum avec la floraison des thérophytes très abondantes [Ibéris, Galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia), Ptychotis à feuilles variées (Ptychotis heterophylla)].
Habituellement l’élément dominant est constitué par des espèces en grosses touffes dotées d’un important système souterrain [Silène des glariers (Silene uniflora subsp. glareosa), Gaillets (Galium timeroyi et Galium fleurotii), Rumex à écussons…].
Les espèces possèdent des adaptations à l’enfouissement : importance des rhizomes, drageons, racines stabilisatrices…).

Confusions possibles

Sur éboulis fin il n’y a pas de confusions possibles ; dès que la taille des éléments augmente, on passe à des communautés à Rumex scutatus, Scrophularia canina subsp. juratensis, Gymnocarpium robertianum.

Dynamique

Afin d’assurer la mobilité de l’éboulis et d’éviter sa fixation, celui-ci doit être constamment approvisionné. Si cette condition n’est pas réalisée, l’éboulis est alors très rapidement fixé, ce qui entraîne la destruction de l’habitat et l’évolution de l’éboulis vers d’autres stades.
Ainsi, les espèces de l’éboulis peuvent disparaître au profit des espèces des pelouses à Seslérie bleuâtre [Seslerio caerulae-Mesobromenion erecti] qui constituent alors une pelouse en gradins (fixation des cailloux en amont des touffes). Ces formations pelousaires sont peu à peu envahies à leur tour par les arbustes [(Bois de Sainte-Lucie (Prunus mahaleb), Alisier blanc (Sorbus aria), Viorne lantane (Viburnum lantana)], puis par des arbres tels que le Pin sylvestre (Pinus sylvestris), le Chêne pubescent (Quercus humilis) ou le Hêtre (Fagus sylvatica).
Selon les conditions de bilan hydrique, le schéma suivant s’impose : cf. schéma du cahier d’habitat.*

Habitats associés ou en contact

Pelouses mésoxérophiles à xéroclines dominées par la Seslérie bleuâtre [Code UE : 6210].
Fruticées diverses, coudraies, peuplements d’Amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis)…
Dalles rocheuses sur fragments disposés à l’horizontale [Code UE : 6110*)].
Habitats de fentes de rochers [Code UE : 8210]. Chênaies pubescentes [Code Corine : 41.71]. Hêtraies sèches [Code UE : 9150].
Faciès d’embroussaillement à Géranium sanguin (Geranium sanguineum) [Code Corine : 34.41].
Tillaie à Érable à feuilles d’obier (Acer opalus) ou tillaie à Seslérie bleuâtre [Code UE : 9180*].

Répartition géographique

Cet habitat se rencontre en quelques sites des territoires calcaires du Nord-Est :
- Iberidetum violletii : en Lorraine, sous climat continental océanique ;
- Teucrio montani-Galietum fleurotii : en Champagne crayeuse, sous climat subatlantique plus doux l’hiver ;
- Sileno vulgaris subsp. glareosae-Iberidetum durandii : en Champagne (Haute-Marne) et Bourgogne, sous climat continental assez sec.

Valeur écologique et biologique

À l’étage collinéen, les éboulis, relictes du périglaciaire, sont devenus très rares. Ils possèdent un très grand intérêt du fait de leur rareté et de leur faible extension spatiale. Ces éboulis collinéens se sont raréfiés depuis la fin de la dernière glaciation, les éboulis subsistants se trouvent très isolés les uns des autres ce qui a conduit à une microspéciation de certaines espèces végétales.
Certaines espèces sont protégées à l’échelle régionale ou inscrites au Livre rouge de la flore menacée de France, ainsi :
- l’Ibéris de Viollet inscrit au Livre rouge ;
- le Liondent des éboulis est protégé en région Lorraine.

États de conservation

États à privilégier :
Les éboulis encore actifs présentant une mobilité des matériaux et montrant la flore pionnière caractéristique.

Tendances et menaces

Cet habitat est globalement peu menacé.
Toutefois, certains aménagements tels que la création de routes (Pagny-la-Blanche-Côte), de pistes forestières ou l’ouverture de carrières de granulats (Cry-sur-Armançon…) peuvent être néfastes à l’habitat.
Il en est de même de la création de sentiers pédestres qui favo- risent la dégradation par érosion.

Axes de recherche

Étudier la dynamique de la végétation.
Développer des travaux de génétique sur Iberis linifolia subsp. intermedia.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)