Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Habitat des étages méso- à supraméditerranéen dont l’optimum se présente de 400 à 600 m d’altitude, colonisant les falaises calcaires.
L’habitat est exposé préférentiellement au nord, mais peut se rencontrer parfois aux autres orientations.
La pente est toujours très accusée, souvent verticale, la végétation occupant alors les fissures et fentes pourvues d’un sol embryonnaire à pH basique.
Association à Alysson épineux (Hormatophylla spinosa) et Érodium des rochers (Erodium petraeum) [Ptilotricho spinosi-Erodietum petraeae]; groupement probablement assez constant. Des variations locales mineures concernant le cortège floristique et les rapports de dominance de certaines espèces doivent cependant exister.
Végétation ouverte à recouvrement très faible, présentant une diversité spécifique relativement élevée, et dominée par des hémicryptophytes et des chaméphytes saxicoles s’insinuant dans les fissures de la roche compacte ou poussant sur l’humus des vires. L’exposition nord lui vaut de n’avoir pas à subir la forte sécheresse estivale.
Cet habitat occupe une position intermédiaire et ne doit donc pas être confondu avec les habitats suivants, entre lesquels il fait la transition :
Les autres groupements de l’Asplenion glandulosi [Code UE : 8210, Code Corine : 62.1111], occupant les fissures et vires des falaises calcaires ou dolomitiques, à altitude plus basse (jusqu’à 400 m) de l’étage thermo- à mésoméditerranéen, surtout exposées au sud, avec en particulier :
- les communautés à Phagnalon sordide (Phagnalum sordidum) et Asplénium de Pétrarque (Asplénium petrarchae) [Phagnalo sordidi-Asplenietum petrarchae] à vaste répartition dans le midi de la France,
- les groupements à Œillet du Roussillon (Dianthus pungens subsp. ruscinonensis) et Lavatère maritime (Lavatera maritima) [Diantheto-Lavateretum maritimae] localisés au Narbonnais ;
Les communautés d’affinités centro-européennes et montagnardes occupant les falaises calcaires de la Provence aux Pyrénées (bien développées dans la région des Grands Causses et ses alentours), à Potentille à tiges courtes (Potentilla caulescens) du Potentillion caulescentis [Code UE : 8210, Code Corine : 62.15], avec en particulier :
- les groupements à Potentille à tiges courtes et à Saxifrage des Cévennes [Potentillo caulescentis-Saxifragetum cebennensis] particulièrement répandus dans les Causses,
- les groupements de Provence occidentale à Silène saxifrage et Asplénium des fontaines (Asplenium fontanum) [Sileno saxifragae-Asplenietum fontani],
- les groupements à Kernérie des rochers (Kernera saxatilis) et Sabline hispide (Arenaria hispida) [Kernero saxatile-Arenarietum hispidae] des falaises dolomitiques des grands Causses (notamment sur le Larzac et le Causse noir).
La plupart des espèces citées possèdent la faculté de s’installer dans les fentes comme premiers pionniers dès que l’humus noir (apport des eaux de ruissellements, du vent…) accumulé est suffisant pour permettre la germination des plantules. Cet habitat qui occupe une niche écologique très spécialisée, présente un caractère permanent.
Forêt de Chêne vert (Quercus ilex) [Code Corine : 45.31]. Communautés des éboulis calcaires à Centranthe de Lecoq (Centranthus lecoqii) [Centranthetum lecoqii] du Pimpinello tragium-Gouffeion arenarioidis [Code UE : 8130, Code Corine : 61.32].
Matorrals à Genévriers rouges du Rhamno lycioidis-Quercion cocciferae [Code UE : 5210, Code Corine : 32.1321].
Formations des Causses à Pins de Salzmann (Pinus nigra subsp. salzmanni) [Code Corine : 42.632].
Rochers suintants à Capillaire de Montpellier (Adiantum capillus-veneris) [Adiantion capilli-veneris ; Code Corine : 62.51].
Formations des dalles calcaires à Joubarbe (Sempervivum spp.)… [Code Corine : 62.3].
Cet habitat, tel qu’il est connu actuellement (c’est-à-dire au sens strict), semble localisé au Gard et à l’Hérault où il se cantonne principalement à la bordure méridionale des Cévennes.
Cet habitat comporte des espèces endémiques (comme par exemple la Saxifrage des Cévennes).
États à privilégier :
Les formations occupant de grandes étendues et présentant des systèmes complexes avec plusieurs faciès plus ou moins évolués.
Autres états observables :
États fragmentaires.
L’habitat, bien que localisé, est assez fréquent sur la bordure cévenole et n’apparaît donc pas comme globalement menacé. Cependant des menaces de destructions directes (carrières, ouvertures de voies d’escalades, aménagements touristiques…) peuvent exister ponctuellement. Le dérangement répété des sites de reproduction d’espèces animales rupestres (grands rapaces, chauves-souris) peut entraîner leur abandon.
Étudier la biologie des communautés et des espèces végétales rupicoles en liaison avec une analyse sur le plan fonctionnel de l’impact des pratiques d’escalade et du temps de résilience de ces systèmes.
Approfondir la chorologie de ces groupements, notamment par la prospection de sites peu connus, car d’accès difficiles.
Étudier les affinités avec les communautés à Alysson à gros fruits (Hormathophylla macrocarpa), les communautés du Diantheto-Lavateretum maritimae et celles rupicoles caussenardes du Potentillion caulescentis.
Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)