8210-7 - Falaises calcaires mésoméditerranéennes à supraméditerranéennes du Sud-Est

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages mésoméditerranéen à supraméditerranéen. À toutes les expositions.
Rochers calcaires ou calcarodolomitiques.
Grande perméabilité des roches calcaires entraînant une sécheresse plus intense qu’en falaises siliceuses.
La très forte déclivité, le ruissellement intense entraînent un rajeunissement fréquent de la paroi et s’opposent à l’édification d’un sol proprement dit. C’est seulement au niveau des fissures et des replats que peuvent se développer des fragments de lithosol (mélange de minéraux et d’humus noir de type mull).

Variabilité

Variations selon l’exposition :
- aux expositions chaudes : falaises à Ballote buissonnante [Ballotetum frutescentis], avec en plus : Campanule des pierres (Campanula albicans), Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), Alysson à feuilles d’halimus (Hormatophylla halimifolia), entre 400 et 700 m. On reconnaît une race à Campanule des pierres à l’ouest de Nice dans le bassin de l’Estéron et une race appauvrie, avec comme seule caractéristique Ballota frutescens, dans la vallée inférieure de la Roya ;
- aux expositions froides : falaises à Potentille saxifrage [Potentilletum saxifragae], avec en plus : Saxifrage à feuilles en cuillère (Saxifraga cochlearis), Centaurée couchée (Centaurea balbisiana subsp. balbisiana). L’optimum de développement se situe vers 600 m, mais l’on peut distinguer, dans les parties basses, un faciès enrichi en espèces eu-méditerranéennes, avec : Euphorbe épineuse (Euphorbia spinosa), Genévrier rouge (Juniperus phoenicea), Séneçon cendré (Senecio cineraria), Ballote buissonnante et, dans les parties hautes, un faciès à Passérine dioïque (Thymelaea dioica).

Physionomie, structure

Le degré de recouvrement varie avec la nature du substrat, de 10 à 15 % sur les calcaires compacts du Jurassique et pouvant atteindre 15 à 30 % sur les roches à structure feuilletée fortement dolomitisées du calcaire triasique.
La physionomie est caractérisée par les touffes pendantes, noirâtres de Potentille saxifrage, pour le Potentilletum saxifragae.
Les chaméphytes représentent la plus grande part de la flore de cet habitat, avec entre autres : Ballote buissonnante, Euphorbe épineuse, Passérine dioïque, Germandrée dorée (Teucrium flavum subsp. flavum), Séneçon cendré, Micromérie petit-poivre (Micromeria marginata), les Saxifrages à pores crustacés, les Orpins.
Les hémicryptophytes sont peu représentés ; la Julienne à feuilles laciniées est la plus remarquable par sa grande taille et sa couleur rose.
Quelques nanophanérophytes se développent sur les parois : telles que Genévrier rouge (Juniperus phoenicea), Amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis) [Junipero phoeniceae-Amelanchieretum ovalis ; Code Corine : 32.1321].

Confusions possibles

Falaises calcaires de l’Asplenion glandulosi [Code UE : 8210, Code Corine : 62.11], pour les falaises à Ballote buissonnante.
Falaises calcaires du Potentillion caulescentis [Code UE : 8210, Code Corine : 62.15], pour les falaises à Potentille saxifrage.

Dynamique

La plupart des espèces citées possèdent la faculté de s’installer dans les fentes comme premiers pionniers dès que l’humus noir (apport par les eaux de ruissellements, le vent…) accumulé est suffisant pour permettre la germination de plantules.
Cet habitat présente un caractère permanent.

Habitats associés ou en contact

Encorbellements à Primevère d’Allioni (Primula allioni) [Primuletum allionii ; Code UE : 8210, Code Corine : 62.13], pour les falaises à Potentille saxifrage.
Sur vires :
- pelouses méso-xérophiles des ubacs du Seslerion elegantissimae [Code Corine : 34.712] ;
- pelouses pionnières de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi [Code UE : 6110*, Code Corine : 34.11].
Junipéraie à Genévrier rouge du Rhamno lycioidis-Quercion cocciferae [Code UE : 5210, Code Corine : 32.1321].

Répartition géographique

Falaise à Ballote buissonnante : Alpes-Maritimes (vallées inférieures du Loup, du Var, de l’Estéron, de la Roya), mais pourrait exister sous une forme appauvrie dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Falaise à Potentille saxifrage : Alpes-Maritimes (vallées de la Roya, de La Vésubie, aux environs de Gilette, de l’Escarène et de Menton, dépassant de peu la vallée du Var).

Valeur écologique et biologique

Cet habitat présente une grande richesse en espèces endémiques : à l’exception de la Julienne à feuilles laciniées, toutes les espèces caractéristiques sont des espèces endémiques des Alpes sud-occidentales (Alpes ligures, préligures et de Haute-Provence).
Quatre espèces sont protégées au niveau national : Lavatère maritime, Primevère d’Allioni, Primevère marginée (Primula marginata), Moehringie de Le Brun.
Cinq espèces sont protégées au niveau régional (Provence-Alpes-Côte d’Azur) : Campanule des pierres, Potentille saxifrage, Saxifrage à feuilles en cuillère, Ballote buissonnante, Orpin à feuilles d’alsinée.
Trois espèces sont inscrites au Livre rouge national (tome I) : Campanule des pierres, Primevère d’Allioni, Moehringie de Le Brun.

États de conservation

États à privilégier :
Falaises exemptes de toutes activités humaines.

Tendances et menaces

Cet habitat est globalement assez peu menacé.
L’exploitation de la roche, la réalisation de tunnels autoroutiers, l’élargissement des voies de communication, la pose de grillages « anti-chute de pierres » peuvent ponctuellement menacer cet habitat.
L’équipement des voies d’escalade et de via ferrata (avec le nettoyage de la falaise qu’elle implique), la création d’écoles d’escalade ainsi que leur fréquentation intensive peuvent ponctuellement constituer des facteurs de raréfaction de certaines espèces végétales.
Le dérangement répété des sites de reproduction d’espèces animales rupestres peut entraîner leur abandon, en particulier pour les espèces de grands rapaces rupicoles comme : l’Aigle royal, le Grand-duc d’Europe et le Faucon pèlerin et certaines espèces de chauves-souris.

Axes de recherche

Développer les études d’écologie des communautés et de biologie des populations, permettant d’analyser (sur un plan fonctionnel) l’impact des pratiques d’escalade et le temps de résilience de ces systèmes ; analyser les systèmes de reproduction et de dispersion de ces espèces.
Mise en place de suivi des aires de nidification des espèces ani- males rupestres.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)