Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages supraméditerranéen, montagnard méditerranéen, oroméditerranéen, subalpin (alpin).
Rochers et falaises calcaires. À toutes les expositions.
Plus grande perméabilité des roches calcaires entraînant une sécheresse plus intense qu’en falaises siliceuses.
La très forte déclivité, le ruissellement intense entraînent un rajeunissement fréquent de la paroi et s’opposent à l’édification d’un sol proprement dit. C’est seulement au niveau des fissures et des replats que peuvent se développer des fragments de lithosol (mélange de minéraux et d’humus noir de type mull).
Diversité typologique principale en relation avec l’altitude :
Optimum de l’étage supraméditerranéen à l’étage oro-montagnard (subalpin) (de 1 000 à 2 000 m), aux expositions assez froides, dans les lieux encaissés : falaises à Saxifrage à feuilles en languette [Saxifragetum lingulatae], avec en plus : Potentille à tige courte (Potentilla caulescens), Micromérie petit poivre (Micromeria marginata), Campanule à racine épaisse (Campanula macrorhiza), Moehringie de Le Brun (Moehringia lebrunii), Aspérule à feuilles par six (Asperula hexaphylla) ;
Une sous-association subalpine se différencie par : Aspérule à feuilles par six [Saxifragetum lingulatae asperuletosum hexaphyllae], avec Marron de terre (Bunium bulbocastanum), Raiponce de Charmeil (Phyteuma charmeli).
Variations géographiques :
- race occidentale de Moustiers-Sainte-Marie à Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence), avec : Euphorbe épineuse (Euphorbia spinosa), Joubarbe du calcaire (Sempervivum calcareum), Sariette des montagnes (Satureja montana), Séneçon cendré (Senecio cineraria), Téléphium d’Impérato (Telephium imperati), Minuartie de Villars (Minuartia villarii), Sabline cendrée (Arenaria cinerea), Boucage tragium (Pimpinella tragium), Phagnalon sordide (Phagnalon sordidum), Centranthe à feuilles étroites (Centranthus angustifolius), Ibéris toujours vert (Iberis sempervirens), Buplèvre fausse renoncule (Bupleurum ranunculoides), Muflier à grandes feuilles (Antirrhinum latifolium);
- race orientale cantonnée aux montagnes de La Vésubie, de la Roya et de la Nervia et Ligurie occidentale (Alpes-Maritimes) ;
Optimum à l’étage subalpin (alpin) (de 1 700 à 2 600 m) : falaises à Silène campanule [Silenetum campanulae], avec : Raiponce en cœur (Phyteuma cordatum), Doradille fendue (Asplenium fissum), Buplèvre des rochers (Bupleurum petraeum), Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensoides), Silène à quatre dents (Silene pusilla), Hélianthème à lunules (Helianthemum lunulatum).
Deux formes de cet habitat se différencient selon l’exposition :
- exposition sud : abondance du Nerprun nain (Rhamnus pumila), du Buplèvre des rochers, de la Globulaire naine (Globularia nana);
- exposition nord : végétation (appauvrie en espèces endémiques des Alpes du Sud-Est) affine des habitats de falaises calcaires à Potentille à tige courte et Saxifrage fausse diapensie [Potentillo caulescentis-Saxifragetum diapensoidis].
La végétation est clairsemée avec moins de 30 % de recouvrement.
La flore est principalement composée d’hémicryptophytes et de chaméphytes.
Quelques nanophanérophytes se développent sur les parois : Genévrier rouge (Juniperus phoenicea), Amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis subsp. ovalis).
Falaises calcaires du Potentillion caulescentis [Code UE : 8110, Code Corine : 62.15], en particulier pour les falaises à Silène campanule.
La plupart des espèces citées possèdent la faculté de s’installer dans les fentes comme premiers pionniers dès que l’humus noir (apport par les eaux de ruissellements, le vent…) accumulé est suffisant pour permettre la germination de plantules.
Cet habitat présente un caractère permanent.
Au pied de la falaise :
- éboulis calcaires à éléments moyens à Tabouret à feuilles rondes (Noccaea rotundifolia) [Thlaspietum rotundifolii ; Code UE : 8120, Code Corine : 61.22], éboulis calcaires à éléments fins à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [Berardietum lanuginosae ; Code UE : 8120, Code Corine : 61.2322], pelouses ébouleuses calcicoles longuement enneigées de l’Arabidion caeruleae [Code UE : 8120, Code Corine : 61.2] aux expositions froides ;
- pelouses méso-hygrophiles du Caricion ferrugineae [Code UE : 6170, Code Corine : 36.41] dans les parties stabilisées fraîches à l’étage subalpin.
Sur vires :
- pelouses pionnières de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi [Code UE : 6110*, Code Corine : 34.11] ;
- pelouses méso-xérophiles du Seslerion caeruleae [Code UE : 6170, Code Corine : 36.43] sur substrat calcaire.
Falaises à Saxifrage à feuilles en languette : Alpes-Maritimes (vallée de La Vésubie et de la Roya), Var (jusqu’à la Sainte-Beaume), Alpes-de-Haute-Provence (jusqu’au sud de la Durance). La limite nord sur l’axe de la Durance paraît se situer aux environs de Lauzanier.
Falaises à Silène campanule : Alpes-Maritimes (principalement situées à l’est du col de Tende, dans les Alpes ligures).
Cet habitat présente une richesse exceptionnelle en espèces endémiques des Alpes sud-occidentales et en espèces rares.
Exceptée la Potentille à tiges courtes, toutes les autres espèces caractéristiques sont des espèces endémiques des Alpes sud-occidentales (Alpes ligures, préligures et de Haute-Provence).
Six espèces sont protégées au niveau national : Ancolie de Bertoloni, Aspérule à feuilles par six, Moehringie de Le Brun, Moehringie du Verdon, Doradille fendue, Primevère marginée.
Plusieurs espèces sont protégées au niveau régional :
- région Provence-Alpes-Côte d’Azur : Raiponce en cœur, Saxifrage fausse-diapensie, Sabline cendrée ;
- région Rhône-Alpes : Raiponce de Charmeil.
Six espèces sont inscrites au Livre rouge national (tome I) : Moehringie de Le Brun, Moehringie du Verdon, Doradille fendue, Raiponce en cœur, Sabline cendrée, Raiponce de Charmeil.
Les falaises à Silène campanule de l’étage subalpin sont appauvries en espèces endémiques et marquent la transition avec les falaises à Potentille à tige courte [Potentilletum caulescentis ; Code UE : 8210].
Falaises exemptes de toutes activités humaines.
Cet habitat est globalement peu menacé.
L’exploitation de la roche peut ponctuellement menacer cet habitat.
L’équipement des voies d’escalade et de via ferrata (avec le nettoyage de la falaise qu’elle implique), la création d’écoles d’escalade ainsi que leur fréquentation intensive peuvent ponctuellement constituer des facteurs de raréfaction de certaines espèces végétales.
Le dérangement répété des sites de reproduction d’espèces animales rupestres peut entraîner leur abandon, en particulier pour les espèces de grands rapaces rupicoles comme l’Aigle royal, le Grand-duc d’Europe et le Faucon pèlerin et certaines espèces de chauves-souris.
Développer les études d’écologie des communautés et de biologie des populations, permettant d’analyser sur un plan fonctionnel l’impact des pratiques d’escalade et le temps de résilience de ces systèmes ; examiner les systèmes de reproduction et de dispersion de ces espèces.
Mise en place de suivi des aires de nidification des espèces animales rupestres.
Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)