8210-9 - Falaises calcaires planitiaires et collinéennes

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages planitiaire et collinéen.
Situation de paroi verticale à subverticale naturelle (falaises) ou artificielle (fortifications, remparts, murs de briques…).
Substrats riches en bases, calcaires naturels (calcaire primaire du Givétien, craie blanche à silex du Sénonien) ou assemblés en murs, briques…
L’habitat peut aussi apparaître sur des substrats initialement acides, mais enrichis secondairement en particules riches en bases.
Parois naturelles susceptibles de présenter une érosion contribuant à leur rajeunissement.
Substrats naturellement non ou peu enrichis en azote ; dans les situations artificielles, certaines formes de l’habitat peuvent toutefois s’enrichir en espèces nitrophiles, ce qui contribue à sa variabilité.
Sols très minces faiblement enrichis en humus (lithosols) se formant dans les fissures les plus larges.
Expositions plutôt chaudes et éclairées (habitat thermophile et héliophile).

Variabilité

L’habitat présente une variabilité fonction essentiellement des régions biogéographiques.
Communauté banale, répandue dans notre pays : association à Asplénium trichomanès et Rue-de-muraille [Asplenietum trichomano-rutae-murariae], avec surtout les deux espèces éponymes (Asplenium trichomanes subsp. quadrivalens, A. ruta-muraria), Campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia), variant en :
- une forme des situations naturelles non ou peu eutrophisées [sous-association typicum], pouvant éventuellement accueillir l’Asplénium trichomanès à rachis épais (Asplenium trichomanes subsp. pachyrachis) ;
- et en une forme des situations eutrophisées à Linaire cymbalaire (Cymbalaria muralis), Corydale jaune (Pseudofumaria lutea), Chélidoine (Chelidonium majus), plutôt en situation artificielle [sous-association cymbalarietosum muralis].
Communauté naturelle de corniches calcaires très localisée, d’affinités subméditerranéennes : association à Séséli libanotis et Rue-de-muraille [Seseli libanotidis-Asplenietum rutae-murariae], sans variations connues.

Physionomie, structure

Végétation vivace herbacée, non ou faiblement stratifiée, toujours assez clairsemée (environ 20 % de recouvrement) sur les parois verticales, s’installant à la faveur d’anfractuosités suffisantes pour le développement des rhizomes, surtout au niveau de discontinuités lithologiques (par exemple présence de lits de silex dans la craie).
Végétation toujours assez pauvre en espèces en situation naturelle. En situation artificielle, l’eutrophisation favorise l’arrivée d’autres espèces, souvent de taille plus élevée induisant une légère stratification et un plus fort recouvrement.
De par la dominance des fougères, la physionomie est assez terne ; en situation artificielle, les dicotylédones nitrophiles peuvent contribuer à colorer les communautés.

Confusions possibles

Aucune confusion possible avec d’autres types d’habitats.

Dynamique

Spontanée :
Habitat permanent, sans vraie dynamique, surtout en position naturelle où les éboulements contribuent à rajeunir la paroi par alternance de gel et de dégel. Quelques ligneux peuvent s’installer dans les anfractuosités des corniches assez stables et des murs pour constituer un fourré de corniche : fourrés à If (Taxus baccata) et Amélanchier (Amelanchier ovalis) [Taxo baccatae-Amelanchieretum ovalis, Berberidion vulgaris] ou à Cotonéaster à feuilles entières (Cotoneaster integerrimus) [Code UE : 5110, 5130, Code Corine : 31.812] pour l’association à Séséli libanotis et Rue-de-muraille, éventuellement fourré nitrophile banal à Orme (Ulmus minor), Sureau (Sambucus nigra)… [Code Corine : 31.811] pour l’association à Asplénium trichomanès et Rue-de-muraille.
Une autre dynamique est aussi possible sur les murs et parois artificiels, par développement massif du Lierre (Hedera helix) qui peut alors former une véritable draperie verticale où il peut être accompagné de son Orobanche parasite (Orobanche hederae), réduisant alors la végétation chasmophytique héliophile.

Liée à la gestion :
Association à Asplénium trichomanès et Rue-de-muraille : des influences anthropiques contribuent à l’eutrophisation de cette forme de l’habitat, avec enrichissement en dicotylédones, pouvant même aller jusqu’à la faire dériver vers des communautés eutrophiques [Parietario judaicae-Galion muralis].
Association à Séséli libanotis et Rue-de-muraille : pas vraiment de gestion.

Habitats associés ou en contact

Association à Asplénium trichomanès et Rue-de-muraille : végétation chasmophytique nitrophile [Parietario judaicae-Galion muralis], végétation de sommet de corniche [Alysso alyssoidis- Sedion albi ; Code Corine : 34.11], fourré nitrophile à Orme et Sureau [Code Corine : 31.811], draperie de Lierre, végétations muscinales et lichéniques saxicoles diverses.
Association à Séséli libanotis et Rue-de-muraille :
- sur les corniches de la vallée de la Seine : éboulis à Violette de Rouen (Viola hispida) [Violo hispidae-Galietum gracilicaulis, Leontodontion hyoseroidis ; Code UE : 8160*, Code Corine : 61.313], dalles de sommet de corniche crayeuse [Alysso alyssoidis-Sedion albi ; Code UE : 6110*, Code Corine : 34.11], pelouse calcicole écorchée de l’Helianthemo apennini-Sedetum acris [Seslerio caeruleae-Xerobromenion erecti ; Code UE : 6210, Code Corine : 34.3323], ourlet de corniche rocheuse à Garance voyageuse (Rubia peregrina) et Géranium sanguin (Geranium sanguineum) [Rubio peregrinae-Geranietum sanguinei, Geranion sanguinei ; Code Corine : 34.41], fourré à If et Amélanchier [Taxo baccatae-Amelanchieretum ovalis, Berberidion vulgaris ; Code UE : 5110, 5130, Code Corine : 31.812] ;
- sur les corniches de la vallée de la Meuse : végétation de sommet de corniche crayeuse [Alysso alyssoidis-Sedion albi ; Code UE : 6110*, Code Corine : 34.11], pelouses calcicoles écorchées du Seslerio caeruleae-Xerobromenion erecti et du Diantho gratianopolitani-Melicion ciliatae à Armoise blanche (Artemisia alba), Joubarbe des toits (Sempervivum tectorum), Hélianthème des Apennins (Helianthemum apenninum), Potentille des rochers (Potentilla rupestris), Seslérie bleue (Sesleria caerulea), Fétuques (Festuca pallens, F. heteropachys)… [Code UE : 6210, Code Corine : 34.3321], ourlet de corniche rocheuse à Sceau-de-Salomon odorant (Polygonatum odoratum) et Géranium sanguin [Geranion sanguinei ; Code Corine : 34.41], fourré à Cotonéaster à feuilles entières et Genêt à balai (Cytisus scoparius) [Berberidion vulgaris ; Code UE : 5110, Code Corine : 31.812].

Répartition géographique

Association à Asplénium trichomanès et Rue-de-muraille : forme banale répandue dans une grande partie de la France, sur substrats naturels et artificiels.
Association à Séséli libanotis et Rue-de-muraille : décrite des grandes corniches crayeuses de la basse vallée de la Seine (des Andelys à Rouen), mais reconnue aussi très récemment des corniches de calcaire du Givétien des Ardennes françaises (vallée de la Meuse, aux environs de Givet et Chooz).

Valeur écologique et biologique

Association à Asplénium trichomanès et Rue-de-muraille : sans aucune valeur patrimoniale, mais contribue à la biodiversité dite fonctionnelle (par opposition à patrimoniale faisant allusion à des espèces rares, endémiques, protégées ou menacées) participant aux écosystèmes banals et quotidiens de l’Homme ; la l’Asplénium trichomanès à rachis épais est protégée en région Lorraine.
Association à Séséli libanotis et Rue-de-muraille : malgré sa pauvreté floristique, au moins une valeur locale de par sa participation au paysage de parois rocheuses naturelles à haute valeur patrimoniale par ses autres éléments (éboulis, pelouses écorchées, fourré thermophile) ; en outre ce paysage accueille une entomofaune subméditerranéernne, en particulier des Papillons.

États de conservation

États à privilégier :
Il convient de privilégier les formes les moins eutrophisées, à recouvrement faible et dominées par les fougères, plus éventuellement, pour l’association à Séséli libanotis et Rue-de-muraille, quelques espèces issues des pelouses plus denses du sommet des falaises.

Autres états observables :
Formes eutrophisées, surtout pour l’association à Asplénium trichomanès et Rue-de-muraille.

Tendances et menaces

Association à Asplénium trichomanès et Rue-de-muraille : en situation artificielle, la réfection des murs par rejointoiement ou enduit et les herbicides déposés à la base ou sur les murs peuvent contribuer à sa disparition. Elle est peu menacée en situation naturelle.
Association à Séséli libanotis et Rue-de-muraille : globalement peu menacée. Toutefois le piétinement et le nettoyage des couloirs d’escalade consécutifs au développement des activités de varappe lui seraient néfastes, par action négative sur les rhizomes et eutrophisation.

Axes de recherche

Compléter les données de taxonomie fine sur le genre Asplenium et leurs correspondances avec l’écologie des diverses formes de l’habitat.
Développer la connaissance des effets sur cette végétation des divers traitements menés sur les parois.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)