9120-4 - Hêtraies-sapinières acidiphiles à Houx et Luzule des neiges

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat installé à l’étage montagnard moyen et supérieur des montagnes atlantiques et de l’est méditerranéen (Pyrénées orientales, sud-est du Massif central), territoires relativement arrosés (souvent au-dessus de 700-800 m).
Occupe diverses situations topographiques (pentes, plateaux, dépressions…).
Installé sur divers substrats géologiques (granite, roches métamorphiques et volcaniques, schistes, grès, flysch…).
Sols plus ou moins pauvres chimiquement, à pH bas, de type brun acide, lessivé, ou plus ou moins podzolique.
Litière épaisse avec un horizon noir (OH) qui tache les doigts (humus de type moder à dysmoder).

Variabilité

Variations géographiques :
- race du Massif central avec Euphorbia hyberna, Pâturin de Chaix (Poa chaixii) ;
- race des Pyrénées atlantiques et centrales avec Helleborus viridis subsp. occidentalis ;
- race du sud-est du Massif central et des Pyrénées orientales avec Conopodium majus, Silene rupestris.

Variations selon le niveau trophique du sol :
- variante très acidiphile à Myrtille (Vaccinium myrtillus) ;
- variante acidiphile à Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) ;
- variantes mésoacidiphiles à Luzule des bois (Luzula sylvatica).

Variantes selon le bilan hydrique des stations :
- variante mésophile en condition moyenne ;
- variante hygrosciaphile en exposition fraîche, riche en fougères.

Physionomie, structure

Strate arborescente dominée par le Hêtre, le Sapin accompagnés de l’Alisier blanc, du Sorbier des oiseleurs, de l’Érable sycomore, du Bouleau verruqueux… ; strate arbustive avec Houx, Sureau à grappes, Saule marsault, Camerisier noir, Noisetier ; strate herbacée recouvrante avec des faciès divers selon le degré d’acidité : à Myrtille, Canche flexueuse ou Luzule des bois… ; strate muscinale souvent recouvrante avec Rhytidiadelphus loreus, Polytrichum formosum

Confusions possibles

Avec la hêtraie à Houx du montagnard inférieur (cf. où le Sapin manque généralement et où les espèces montagnardes restent rares).
Avec certaines hêtraies subalpines où les hautes herbes sont rares (UE : 9140) du fait de l’acidité du substrat.
Nota : ne pas confondre avec la « Hêtraie à Luzule » (UE : 9110) où l’espèce caractéristique est la Luzule blanchâtre (Luzula luzuloides) (ici il s’agit de la Luzule des neiges (Luzula nivea) et de la Luzule des bois (Luzula sylvatica).

Dynamique

Spontanée :
Après abandon de surfaces agropastorales :
pelouses à Nard raide (Nardus stricta) —› landes à Callune, Myrtille, parfois à Genêt purgatif —› phase pionnière à Bouleau verruqueux, Sorbier des oiseleurs, parfois le Pin sylvestre —› pénétration progressive par le Hêtre et le Sapin
En peuplement constitué, les petites trouées sont cicatrisées par le Sapin ou le Hêtre.

Liée à la gestion :
Sylvofaciès dominé par le Hêtre seul d’où le Sapin a pratiquement disparu (utilisation du Hêtre comme bois de feu, avec ouvertures fréquentes fatales au Sapin).
Taillis de Hêtre.
Plantations diverses (surtout Épicéa, Pin sylvestre, Douglas…).

Habitats associés ou en contact

Pelouses pâturées à Nardus stricta (UE : 6230*).
Pelouses préforestières à Houlque molle (Holcus mollis), Agrostide capillaire (Agrostis capillaris).
Chablis et coupes forestières à Digitale pourpre (Digitalis purpurea).
Landes à Myrtille et Callune (UE : 4030).
Hêtraies acidiclines ou neutrophiles.
Forêts riveraines sur alluvions récentes (UE : 91E0*).
Forêts de ravins acidiphiles (UE : 9180*).
Végétation des fentes de falaises et rochers (UE : 8210).
Éboulis avec végétation pionnière (UE : 8150).
Tourbières (UE : 7110*).
Tourbières boisées (UE : 91D0*).

Répartition géographique

Étage montagnard moyen et supérieur sous influence atlantique (Massif central, Pyrénées atlantiques et centrales) et sous influence méditerranéenne (sud-est du Massif central, Pyrénées orientales).

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat dont l’aire générale est développée ; individus largement étendus dans certaines régions ; flore pouvant héberger quelques espèces rares à l’échelle régionale ; intérêt des peuplements résiduels de Sapin et Hêtre.

États de conservation

États à privilégier :
Sapinière-hêtraie en futaie irrégulière mélangée.
Hêtraies de substitution, régulières ou irrégulières.

Autres états observables :
Phase pionnière à Bouleau, Sorbier des oiseleurs.
Taillis de Hêtre, taillis sous futaie.
Plantations (Épicéa, Douglas, Pin sylvestre…).

Tendances et menaces

Surface tendant à s’étendre par reconquête d’espaces pastoraux abandonnés (mais plantations résineuses opérées fréquemment dans ce cas).
Menaces éventuelles :
- des transformations un peu trop drastiques ;
- divers aménagements liés au développement des équipements pour les sports d’hiver.

Potentialités intrinsèques de production

Hêtre en mélange ou non avec le Sapin. À cette altitude la qualité des produits obtenus est en général assez médiocre pour ces deux essences.
L’Épicéa commun, le Douglas, le Pin sylvestre présentent des potentialités intéressantes sur les stations correspondant à cet habitat notamment pour la qualité technologique supérieure à celle des essences autochtones.

Axes de recherche

Impacts du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaire - seuil - effets de seuil - régulation des populations -).
Enrichissements : études mesurant leur impact sur l’état de conservation de l’habitat considéré (seuils, proportions, etc.).
Effets et seuils d’éclairement sur le Chêne et les feuillus secondaires à maintenir en accompagnement du Hêtre et en sousétage.
Sylviculture du Houx, utilisation spécifique du bois de Houx, marché du branchage de Houx.
Provenances Hêtre et Chêne à privilégier en enrichissements et plantations.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)