9130-4 - Hêtraies-chênaies subatlantiques à Mélique ou à Chèvrefeuille

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat relayant vers l’intérieur des terres la hêtraie à Jacinthe, sous climat atlantique moyennement arrosé et en sub- atlantique (centre du Bassin parisien, Champagne humide…).
Occupe diverses situations topographiques : plateaux, versants, dépressions.
Surtout sur placages limoneux (ou altérites de roches siliceuses). Sols bruns mésotrophes, sols bruns acides, sols plus ou moins lessivés, plus rarement sols bruns eutrophes ; sols généralement
à bonnes réserves en eau.
Litière généralement constituée de feuilles entières et de feuilles fragmentées (humus de type mull mésotrophe à mull oligotrophe).

Variabilité

Les variations géographiques qu’il convient encore de préciser :
 
Variations selon le niveau trophique du sol :
- hêtraies-chênaies  mésoneutrophiles  à  acidiclines  à  Mélique uniflore ;
- hêtraies-chênaies mésoacidiphiles avec en plus des espèces indicatrices ci-dessous, présence éventuelle de certaines de ces espèces : à Chèvrefeuille, Luzule des bois (Luzula sylvatica), Millepertuis élégant (Hypericum pulchrum), Polytric élégant (Polytrichum formosum), Fougère aigle (Pteridium aquilinum).
 
Variations selon le niveau hydrique :
- variante mésophile sur sols limoneux épais ;
- variante hygrocline sur sols légèrement engorgés en profondeur (Ail des ours, Sanicle d’Europe) ;
- variante de sols engorgés à pseudogley assez proche de la surface ;
- variante  hygrosciaphile  à  Fougères  (Athyrium  filix-femina, Dryopteris filix-mas, Dryopteris dilatata…).

Physionomie, structure

Futaie largement dominée par le Hêtre accompagné du Chêne sessile, du Merisier, du Frêne ; sous-bois avec le Charme, le Noisetier, l’Aubépine épineuse.
Tapis herbacé diversement constitué selon le niveau trophique : recouvrant en mésoneutrophile et acidicline (Mélique uniflore : Melica uniflora, Millet diffus : Milium effusum), souvent peu fourni en mésoacidiphile.
Tapis  muscinal  bien  développé  dans  l’aile  mésoacidiphile (Polytric élégant : Polytrichum formosum).

Confusions possibles

Avec la hêtraie-chênaie à Carex flacca des sols carbonatés, riche en espèces calcicoles ici absentes ou dispersées.
Avec les hêtraies-chênaies acidiphiles (aile mésoacidiphile de l’habitat décrit ici) où manquent les espèces neutrophiles.

Dynamique

Spontanée :
Prairies diverses abandonnées. Prairies préforestières. —› Fruticées à Ronces, Genêt à balais, Prunellier… —› Phase pionnière forestière à Tremble, Bouleau, Chêne pédonculé, Frêne. —›   Maturation progressive par le Chêne sessile et le Hêtre.
Les petites trouées sont cicatrisées rapidement par les régénérations de Hêtre. Les trouées plus grandes sont recolonisées par les Chênes.

Liée à la gestion :
Taillis sous futaie de substitution à Chênes et Charme, Merisier… (rattachés autrefois au Primulo-Carpinetum ou au Stellario-Carpinetum selon le niveau trophique).
Plantations (Douglas, Épicéa, Pin sylvestre…).

Habitats associés ou en contact

Prairies pâturées ou fauchées (UE : 6510).
Fruticées diverses, haies.
Hêtraies-chênaies acidiphiles subatlantiques.
Hêtraies-chênaies calcicoles (UE : 9130).
Forêts riveraines (UE : 91E0*).
Forêts de ravins (UE : 9180*).
Groupements de coupes et de chablis.
Lisières à plantes herbacées nitrophiles (UE : 6430).

Répartition géographique

Régions atlantiques intérieures, régions subatlantiques dans la moitié nord de la France.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat occupant une aire importante ; individus d’habi- tats souvent étendus ; flore relativement banale.

États de conservation

États à privilégier :
Type d’habitat occupant une aire importante ; individus d’habi- tats souvent étendus ; flore relativement banale ;
Futaie mélangée de Hêtre et de Chêne sessile.
Le choix précis du traitement (régulier ou irrégulier) porte peu à conséquence, l’essentiel étant de ne pas avoir recours à des coupes rases trop fortes (problèmes ensuite pour la régénération).

Autres états observables :
Taillis sous futaie de Chênes et de Charme.
Phases pionnières avec diverses essences nomades.
Plantations.

Tendances et menaces

Surface stable, tendant à s’étendre du fait de reconquête fores- tière sur des espaces pastoraux abandonnés.
Tendance à la conversion des taillis, taillis sous futaie en futaie. Peu de menaces potentielles.

Potentialités intrinsèques de production

Le Hêtre et le Chêne présentent d’excellentes potentialités. Feuillus précieux : Merisier, Érables, Frêne, Alisier torminal, Cormier.
Douglas, Chêne rouge d’Amérique, Châtaignier…
Épicéa (surtout en présence de placage limoneux), mais ne représentant pas la meilleure valorisation de ces bonnes stations forestières à vocation feuillue.

Axes de recherche

Impacts du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaire - seuil - effets de seuil - régulation des populations -).
Inventaires complémentaires pour préciser l’aire de cet habitat. Enrichissements : essences, impacts sur l’état de conservation de l’habitat considéré (seuils, proportions, etc.).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)