9140-3 - Hêtraies subalpines à Érable et Oseille à feuilles d'Arum du Massif central et des Pyrénées

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Installé sur les parties sommitales des reliefs du Massif central et de quelques sommets pyrénéens peu élevés (restant à confirmer et à étudier), au-dessus de 1 200 m ; étage montagnard supérieur terminal (liseré supérieur, ravins…, les calottes sommitales ayant été fréquemment déboisées).
Se rencontre dans différentes situations topographiques (plateaux, versants diversement exposés, dépressions).
Déterminé par les conditions climatiques : précipitations élevées, neige abondante, nombreux jours de gelées, importance des vents —› courte durée de la période de végétation.
Matériaux dérivant de divers substrats (granites, roches volcaniques) à l’origine de sols variés plus ou moins désaturés.

Variabilité

Variations géographiques restant à préciser :
- races du Forez sur granite, Cantal, monts Dores sur roches volcaniques, Margeride, Cévennes, Pyrénées plus méridionales.

Variations selon l’altitude :
- forme du montagnard supérieur, sur ubac, en dépression froide avec des arbres de 18 à 20 m ;
- forme du subalpin inférieur avec des arbres de plus en plus courts et une plus grande richesse en espèces de mégaphorbiaies.

Variations selon le niveau trophique (richesse minérale du sol) :
- variante acidiphile avec Myrtille ;
- variante acidiphile modérée avec Luzule des bois (Luzula sylvatica) ;
- variante acidicline avec Paturin de Chaix (Poa chaixii) ;
- variante neutrophile avec Aspérule odorante (Galium odoratum).

Variations selon le bilan hydrique lié à la position topographique :
- variante de ravins, offrant une forte humidité atmosphérique permanente, dépressions très riches en hautes herbes (Ail victorial, Adénostyle…) ;
- variante plus mésophile sur plateaux et pentes, en conditions moyennes dépourvue de ces espèces ;
- variante xérocline d’adret avec la Calamagrostide faux-roseau (Calamagrostis arundinacea).

Physionomie, structure

Strate arborescente dominée par le Hêtre auquel s’associent le Sorbier des oiseleurs, le Bouleau verruqueux, parfois l’Érable sycomore. Le Sapin peut subsister (état souffreteux) ; strate arbustive avec l’Églantier des Alpes (Rosa pendulina), strate herbacée recouvrante riche en hautes herbes de mégaphorbiaies ; strate muscinale diversifiée en stations acides (Dicranum scoparium, Polytrichum formosum…).

Confusions possibles

Les sapinières-hêtraies (ou les sylvofaciès à Hêtre) voisines du montagnard supérieur (UE : 9120) ; la hauteur des arbres y dépasse 20 mètres, les espèces indicatrices citées ci-dessus y sont rares et dispersées. Mais, il faut souligner qu’au niveau du terrain un continuum parfait existe entre les deux types d’habitats compliquant l’identification des hêtraies subalpines.

Dynamique

Spontanée :
Stade initial variable :
- mégaphorbiaies en zones déprimées ;
- pelouses à Nard raide, landes à Callune-Myrtille sur pentes et plateaux. —› Stade arbustif puis arborescent à Bouleau verruqueux (Betula pendula), Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia), Églantier des Alpes (Rosa pendulina), Bouleau pubescent (Betula pubescens), Saule roux (Salix atrocinerea)… —› Phase pionnière forestière éventuelle à Érable sycomore ou Érable plane, sur les sols les moins acides. —› Pénétration lente, progressive, du Hêtre, puis du Sapin (restant de taille modeste).

Liée à la gestion :
Fréquence des taillis furetés. Plantations d’Épicéa (ex. Margeride).

Habitats associés ou en contact

Végétation des fentes de rochers et de falaises (UE : 8220).
Végétation d’éboulis (UE : 8110).
Pelouses à Nard raide (Nardus stricta) (UE : 6230*).
Landes à Callune, Myrtille (UE : 4030).
Landes à Genêt purgatif (UE : 4030).
Prairies de fauche à Trisète dorée (UE : 6520).
Fruticées à Bouleau, Sorbier des oiseleurs.
Mégaphorbiaies (UE : 6430).
Sapinières-hêtraies, hêtraies montagnardes.

Répartition géographique

Décrit dans le Haut-Forez.
À étudier dans le Cantal, les monts Dores, le Sancy.
Margeride, Cévennes.
Quelques massifs pyrénéens peu élevés (à confirmer).

Valeur écologique et biologique

Habitat ne présentant plus qu’une faible étendue du fait des défrichements passés ; aire encore réduite par des plantations (Margeride) : —› habitat devenu rare dans certaines régions.
Grande richesse floristique avec la permanence des hautes herbes (mégaphorbiaies), accompagnant un cortège complet d’espèces montagnardes.
Rôle de protection sur les versants (contre l’érosion). Intérêt paysager au niveau des crêtes très fréquentées.

États de conservation

États à privilégier :
Futaies régulières ou irrégulières de Hêtre avec Érable et Sapin en moindre proportion.
Taillis de Hêtre sur les sommets et crêtes sommitales (cépées naturelles d’altitude et taillis furetés).
Phases pionnières à Bouleau, Érables…

Autres états observables :
Plantations d’Épicéa, de Pin mugo, de Pin à crochets.

Tendances et menaces

Type d’habitat dont l’aire tend, peu à peu, à s’étendre du fait de la déprise pastorale, ceci aux dépens de pelouses à Nard raide et de landes à Callune-Myrtille…
Menaces potentielles représentées par la création de nouvelles pistes de ski ou d’aménagements liés aux sports d’hiver.

Potentialités intrinsèques de production

Compte tenu des conditions climatiques sévères et de la situation sommitale, les possibilités d’exploitation sont très faibles voire nulles, notamment pour les cépées naturelles en crête (accident avec la neige, arbres bas et coniques, etc.) seule une éventuelle exploitation pour du bois de chauffe est envisageable (taillis fureté).
Sur les parties inférieures, sous les crêtes, les potentialités sont moyennes voire médiocres mais peuvent conduire à l’obtention de grumes commercialisables (Hêtre, Érable sycomore).

Axes de recherche

Futaie irrégulière : suivre la dynamique des peuplements (données d’accroissement), définir une méthode de contrôle.
Enrichissement : définition de seuils, proportions entre essences garantissant une conservation de l’habitat.
Équilibre à trouver dans la conservation de ces différents milieux : par le passé, plantations massives réalisées en Margeride, Cévennes avec l’Épicéa non autochtone. Les résultats plutôt limités ont amené l’arrêt de telles pratiques : problème de la restauration après exploitation de l’Épicéa.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)