9180-10 - Tillaies hygrosciaphiles, calcicoles à acidiclines, du Massif central et des Pyrénées

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat se rencontrant dans le Massif central et les Pyrénées, de l’état collinéen (200 m) à l’étage montagnard moyen (1 400 m) ; précipitations importantes.
Substrat constitué par des énormes blocs ou des blocs de taille moyenne, mêlés de cailloux (issus de gneiss, de roches volcaniques, de calcaires dans les Pyrénées) ; se retrouve sur des pentes fortes, froides (sur schistes calcaires ou calcaires), dans des vallées encaissées humides.
Sols pauvres en terre fine.
Pentes relativement fortes couvertes d’éboulis grossiers de couverture, peu mobiles (comme le montre le recouvrement des Mousses).
L’essentiel de la terre fine provient de la décomposition des litières et des autres débris végétaux : matière organique, de couleur noire, en amas entre les blocs, avec une forte activité biologique, assurant une nutrition en azote optimale.
Humidité atmosphérique permanente ; fraîcheur constante entre les blocs.

Variabilité

Variations géographiques :
- race du Massif central sur gneiss, roches volcaniques, avec Grande Fétuque (Festuca altissima), Knautie d’Auvergne (Knautia arvernensis), Consoude tubéreuse (Symphytum tuberosum), Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), Lunaire vivace (Lunaria rediviva) ;
- race des Pyrénées avec Scrofulaire alpestre (Scrophularia alpestris), Millepertuis nummulaire (Hypericum nummularium), Saxifrage hirsute (Saxifraga hirsuta).

Variations altitudinales :
- forme du collinéen avec Aspidium à cils raides (Polystichum setiferum), Chêne sessile (Quercus petraea) ;
- forme du montagnard avec Fougère dilatée (Dryopteris dilatata), Actée en épi (Actaea spicata), Camerisier noir (Lonicera nigra), Gymnocarpium dryoptère (Gymnocarpium dryopteris).

Variations trophiques :
- variante calcicole (Pyrénées) avec Mercuriale pérenne (Mercurialis perennis), Buis (Buxus sempervirens), Anémone hépatique (Hepatica nobilis), Lauréole (Daphne laureola) ;
- variante neutroacidicline à acidicline (gneiss, roches volcaniques) avec Luzule des bois (Luzula sylvatica), Oxalide petite oseille (Oxalis acetosella), Moehringie à trois nervures (Moehringia trinerva), Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), Violette de Rivin (Viola riviniana).

Physionomie, structure

Les Tilleuls (à grandes feuilles et à petites feuilles), dominent la strate arborescente, accompagnés de l’Érable champêtre, du Frêne commun… Le Hêtre et le Sapin sont absents.
La strate arbustive est dominée par le Noisetier.
Le tapis herbacé est très riche en Fougères (Scolopendre : Phyllitis scolopendrium, Polystic à aiguillons : Polystichum aculeatum, Fougère affine : Dryopteris affinis…).
La strate muscinale est recouvrante sur les roches.

Confusions possibles

Avec les phases pionnières ou de dégradation, à Tilleuls, Frêne commun, de hêtraies, hêtraies-sapinières installées sur éboulis fins riches en terre fine.
Avec les tillaies sèches ou les tillaies acidiphiles.

Dynamique

Spontanée :
Éboulis de blocs couverts de Mousses et de Lichens --> Végétation pionnière herbacée d’éboulis --> Fruticées à Noisetier, Sureau à grappes --> Installation progressive des essences nomades : Tilleul, Frêne commun, Érable champêtre --> Maturation progressive de la tillaie.

Liée à la gestion :
Présence de taillis, taillis sous futaie liés à des exploitations plus ou moins anciennes (bois de feu, écorces).
Certaines cépées ont une origine naturelle : blessures liées à des éboulements rocheux ou à des avalanches.
Par dégradation du peuplement : retour à un stade précédent.

Habitats associés ou en contact

Éboulis ombragés (UE : 8120).
Habitats de fentes de rochers ou de falaises (UE : 8210).
Hêtraies-chênaies, hêtraies, hêtraies-sapinières diverses (UE : 9120).
Sapinières hyperacidiphiles sur rochers entourés d’arènes (UE : 9410).
Tillaies sèches (UE : 9180*).
Forêts riveraines (UE : 91E0*).

Répartition géographique

Massif central. Pyrénées.
À rechercher en périphérie de ces deux massifs.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat présentant une aire assez vaste mais représenté par des habitats de faible étendue.
Statut relictuel : végétation sans doute beaucoup plus répandue à l’Atlantique, avant l’arrivée du Hêtre, sous un climat plus chaud et plus sec.
Participe à des mosaïques d’habitats du plus grand intérêt.

États de conservation

États à privilégier :
- Futaies mélangées.
- Taillis sous futaie ; taillis.

Tendances et menaces

Type d’habitat dont la surface est stabilisée sur l’ensemble de l’aire, tendant même à se rencontrer là où il a été malmené. Restauration progressive des peuplements compte tenu d’une pression anthropique en baisse.
Peu de menaces pesant l’habitat :
- éviter les coupes trop fortes (destructions de la matière organique qui stocke l’eau et les éléments minéraux) ;
- attention aux dessertes.

Potentialités intrinsèques de production

Fertilité moyenne à bonne : conditions hygrosciaphiles.
Exploitation des écorces de Tilleul, parfois très recherchées.

Axes de recherche

Type d’habitat peu étudié encore en France ; des relevés phytoécologiques restent à réaliser pour préciser son aire exacte et mieux cerner sa variabilité.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)