9180-12 - Tillaies sèches de Bourgogne, du Jura et des Alpes

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Types d’habitats installés aux étages collinéen (supraméditerranéen) et montagnard inférieur, de la Bourgogne et du Jura jusqu’en Provence, sous climat plus ou moins arrosé.
Installé souvent en exposition intermédiaire (ouest, est). Colonise les hauts de pentes (souvent sous falaises) sur des éboulis grossiers (parfois constitués d’énormes blocs).
Les éléments fins (matière organique, éléments argilo-limoneux souvent en faible quantité) se trouvent entre les blocs, et constituent parfois, dans les meilleures conditions, un horizon peu épais en surface —› conditions marquées par une grande sécheresse stationnelle.

Variabilité

On peut distinguer deux associations végétales :

La tillaie à Seslérie (Bourgogne, Jura…) sous falaises, gros blocs : faciès à Seslérie bleue dans les zones les plus éclairées ; faciès à Mousses, dans les situations plus ombragées.
Variations selon le bilan hydrique :
- variante sèche à Dompte-venin (Vincetoxicum hirundinaria) ;
- variante plus fraîche à Dentaire pennée (Cardamine heptaphylla), à proximité et en transition avec les érablaies.

La tillaie à Érable à feuilles d’obier avec Acer opalus, Nerprun des Alpes (Rhamnus alpinus) du Jura, des Alpes du nord, Alpes du sud, des Pyrénées audoises :
- variations géographiques avec enrichissement progressif vers le sud en espèces de chênaies pubescentes ;
- variations selon le bilan hydrique : variante xérocline ; variante xérophile.

Physionomie, structure

Peuplements arborescents largement dominés par le Tilleul à grandes feuilles accompagné :
- soit par le Frêne et l’Érable champêtre,
- soit par l’Érable à feuilles d’obier, avec, constants, l’Alisier blanc, le Chêne pubescent…
La strate arbustive est souvent dominée par le Noisetier, le Cerisier de Sainte-Lucie, les Cornouillers…
La strate herbacée est plus ou moins dispersée avec coprésence d’espèces xérophiles, neutrophiles et calcicoles.
La strate muscinale est souvent très recouvrante sur les rochers.

Confusions possibles

Avec des faciès à Tilleul de la chênaie pubescente sur des expositions plus chaudes.
Avec des faciès à Tilleul de l’érablaie à Scolopendre installée sur éboulis froids.

Dynamique

Spontanée :
Éboulis couvert d’une végétation herbacée pionnière --> Colonisation lente par Nerprun, Cerisier de Sainte-Lucie, Cornouillers, Noisetier… --> Arrivée progressive du Tilleul et de ses compagnes --> Maturation lente par le Tilleul.

Liée à la gestion :
Faciès souvent de taillis, taillis sous futaie (exploitation fréquente ancienne pour le bois de feu).
Des exploitations trop intensives ont pu ramener l’habitat au stade herbacé pionnier d’éboulis.

Habitats associés ou en contact

Éboulis avec habitat herbacé pionnier (UE : 8120).
Habitats des fentes de rochers et de falaises (UE : 8210).
Érablaies hygrosciaphiles (UE : 9180*).
Chênaies pubescentes. Hêtraies sèches (UE : 9150).
Lisières sèches (UE : 6210).
Pelouses xérophiles (UE : 6210).
Hêtraies montagnardes à Dentaire (UE : 9130).
Hêtraies-chênaies à Aspérule odorante (UE : 9130).

Répartition géographique

Tillaie à Seslérie bleue :
- Bourgogne (côte, arrière-côte, montagne) ;
- plus rarement dans le Jura (nord et centre) ;
- aire restant à préciser.

Tillaie à Érable à feuilles d’obier :
- du Jura à la Provence ;
- aire restant à préciser au niveau de la chaîne des Alpes.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat présentant une aire assez vaste pris globalement, mais toujours représenté par des individus de faible étendue.
Statut relictuel : végétation sans doute beaucoup plus répandue à l’Atlantique, sous climat plus chaud et plus sec, avant l’arrivée du Hêtre.
Participe à des mosaïques d’habitats du plus grand intérêt.

États de conservation

États à privilégier :
- Futaies irrégulières mélangées.
- Taillis sous futaie, taillis.

Tendances et menaces

Type d’habitat occupant une faible surface qui tend à se maintenir ; restauration lente de la structure du fait d’une baisse de la pression sylvicole.
Peu de menaces potentielles compte tenu de la faible fertilité de ces stations : desserte forestière…

Potentialités intrinsèques de production

Fertilité très faible à moyenne.
Le Tilleul à grandes feuilles est l’essence potentielle mais le milieu présente de faibles potentialités : arbres présentant souvent une mauvaise conformation, blessures par chutes de pierres, matériel sur pied très variable et terrain inaccessible —› jusqu’à présent, seuls des traitements en taillis ont permis de valoriser ces peuplements.
Exploitation des écorces de Tilleul, parfois très recherchées.

Axes de recherche

Type d’habitat encore peu étudié : réaliser de nouvelles prospections et relevés phytoécologiques pour bien préciser les caractères, la variabilité et l’aire de distribution exacte de ces deux types d’habitats élémentaires (en particulier dans les Pyrénées).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)