9180-4 - Érablaies à Scolopendre et Lunaire des pentes froides à éboulis grossiers

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat installé sur des pentes souvent fortes, couvertes d’éboulis grossiers et de cailloux, dans la moitié est de la France (domaine continental).
Matériaux issus de calcaires ou de roches siliceuses libérant des éléments nutritifs ; sols pauvres en terre fine.
L’ensemble de la terre fine provient en grande partie de la décomposition des litières et des autres débris végétaux, don- nant une matière organique de couleur noire en amas, entre les blocs, avec une forte activité biologique assurant une nutrition en azote optimale.
Pentes exposées au nord (ou à l’est ou à l’ouest) en position fréquente de fort confinement (ravins, fonds de reculées), climat souvent pluvieux.
Altitude variant de 200-300 m à près de 1 400 m.

Variabilité

Deux associations végétales s’observent :

L’érablaie à Scolopendre, installée sur substrat calcaire le plus souvent :
- variations selon la nature du substrat (gypse, poudingue, schistes, amphibolites, granites, calcaires) ;
- variations avec l’altitude : forme de basse altitude à Tilleul, Houx, Lierre… ; forme montagnarde : variante à Moehringie mousse (Moehringia muscosa) sur sols pauvres en terre fine, variante à Impatiente (Impatiens noli-tangere) sur sols riches en terre fine

L’érablaie à Lunaire vivace sur granites, gneiss… avec quelques espèces acidiphiles dispersées possibles :
- variations géographiques (Ardennes, Vosges, Alpes du nord, Pyrénées) ;
- variations avec l’altitude : forme collinéenne à Tilleul ; forme montagnarde.

Physionomie, structure

L’Érable sycomore domine la strate arborescente, accompagné du Frêne commun, de l’Orme de montagne ; le Tilleul à grandes feuilles n’apparaît qu’en basse altitude.
La strate arbustive est structurée par le Noisetier (Corylus avellana), le Sureau à grappes (Sambucus racemosa).
La strate herbacée est assez diversifiée avec des Fougères : Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum) et quelques herbacées recouvrantes : Aspérule odorante (Galium odoratum), Lunaire vivace (Lunaria rediviva)…

Confusions possibles

Avec les accrus à Frêne et Érable sycomore s’installant sur des pâturages abandonnés.
Avec les régénérations d’Érable et de Frêne au sein des hêtraies ou des sapinières installées sur des sols dépourvus de blocs.

Dynamique

Spontanée :
Blocs colonisés par des Lichens, des mousses --> Végétation herbacée pionnière --> Fruticées à Noisetier, Sureau à grappes --> Installation progressive des essences nomades : Érables, Frêne, Orme, (Tilleul).

Liée à la gestion :
Exploitation passée souvent pour le bois de feu —› structure en taillis fréquente.
Cépées pouvant dériver, en altitude, des effets d’avalanche (ex.
Samoëns).

Habitats associés ou en contact

Éboulis ombragés (UE : 8120).
Végétation des fentes de rochers, falaises (UE : 8210).
Hêtraies-chênaies à Aspérule odorante ou Mélique uniflore (UE : 9130).
Hêtraies, hêtraies-sapinières montagnardes, parfois à Luzule blanchâtre (UE : 9110).
Pessières sur rochers (UE : 9410).
Autres types d’habitats à Érables sur éboulis ou en ravin (UE : 9180*).
Forêts ripicoles (UE : 91E0* ou UE : 91F0).

Répartition géographique

Érablaie à Scolopendre :
- en collinéen : Lorraine, Alsace, Bourgogne, Champagne- Ardenne, Franche-Comté, Rhône-Alpes ;
- en montagnard : Jura, Préalpes du nord, très rares dans les Alpes du sud.
Érablaie à Lunaire : massifs anciens : Ardennes, Vosges, Alpes du nord (-).

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat peu fréquent dont les individus occupant par ailleurs des surfaces peu étendues —› habitat rare.
Présence possible, dans les stations collinéennes, d’espèces montagnardes rares à cette altitude pour les régions concernées (ex. Lunaire vivace : Lunaria rediviva).

Mosaïque d’habitats avec falaises, éboulis, complexes ripicoles parfois —› multiples niches écologiques offertes.

États de conservation

Futaies irrégulières mélangées.
Cépées ayant une origine naturelle (avalanches). Cépées issues d’une exploitation pour le bois de feu.
Végétation de substitution après destruction du peuplement (éboulis, fruticées sur éboulis) par une avalanche ou une exploitation ancienne.

Tendances et menaces

Surface occupée de faible étendue, tendant à se stabiliser. Surexploitations anciennes observées conduisant à la minéralisation de la matière organique du sol qui perd ainsi en peu de temps sa capacité d’alimentation en eau et ses éléments nutritifs.
Éviter les dessertes à travers ces habitats.

Potentialités intrinsèques de production

Fertilité moyenne à élevée.
Grande amplitude altitudinale (200 à 1 400 m) :
- peuplements collinéens et du montagnard inférieur : les Érables peuvent donner de beaux individus, de bonne qualité technologique. Présence d’Érable ondé ;
- peuplements d’altitude : tiges souvent en crosses à la base, aucune valeur économique, le peuplement se présente le plus souvent sous forme de taillis. Les facteurs limitants sont nombreux.
L’intérêt économique au sens strict de ces peuplements est donc limité, en dehors d’individus disséminés.

Axes de recherche

Type d’habitat élémentaire à Lunaire : poursuivre les inventaires car reste encore peu étudié en France. Réaliser des relevés phytoécologiques pour bien préciser les caractères et la diversité de ce type de milieu.
Poursuivre les investigations et observations sur la compréhension des mécanismes de régénération et de la dynamique des érablaies et de leur reconstitution.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)