9180-9 - Érablaies à Aspérule de Turin

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat se rencontrant à l’étage montagnard, de 1 300 à 1 600 m dans le Trièves et le Dévoluy.
Installé dans des vallons plus ou moins pentus, des dépressions plus ou moins larges, des replats à sols profonds ; sur pentes les expositions nord sont largement dominantes (ou nord-est, nord-ouest).
Substrats calcaires calcaro-marneux, couverts de colluvions sou- vent épaisses, sols riches en éléments minéraux profonds, dotés d’une plus ou moins forte pierrosité, argileux à argilo-limoneux.
Plus rarement sur éboulis grossiers.
Conditions de bilan hydrique très favorables, à la fois par le sol très souvent à bonne réserve en eau, par l’exposition et souvent aussi par le confinement.

Variabilité

Variations liées au type de substrat :
- Éboulis grossiers.
- Colluvions épaisses (plus favorable à Asperula taurina…).

Variations altitudinales :
- Forme du montagnard inférieur et moyen.
- Forme du montagnard supérieur plus riche en hautes herbes de mégaphorbiaies (Rumex arifolius, Saxifraga rotundifolia…).

Physionomie, structure

Les peuplements sont largement dominés par l’Érable sycomore, accompagné du Frêne, de l’Orme de montagne, du Sorbier des oiseleurs.
La strate arbustive est pauvre en espèces : Camerisier des Alpes

Confusions possibles

Des faciès à Érable de hêtraies subalpines installées en haut de versant ou sur plateau.
Des accrus à Érable sycomore, Frêne, Cytise des Alpes, s’installant sur des pâturages abandonnés.

Dynamique

Spontanée :
- Prairie de fauche ou pâturée en dépression --> Mégaphorbiaie riche en Séneçon de Fuchs (Senecio nemorensis subsp. fuchsii) --> Installation progressive de l’Érable sycomore, du Sorbier des oiseleurs, du Cytise des Alpes --> Maturation progressive par densification avec l’Érable sycomore.
- Végétation pionnière
sur éboulis --> Installation progressive de l’Érable sycomore, du Sorbier des oiseleurs, du Cytise des Alpes --> Maturation progressive par densification avec l’Érable sycomore.

Liée à la gestion :
Taillis issus d’une exploitation ancienne pour le bois de feu.
Habitats pouvant être le siège d’un pâturage extensif.

Habitats associés ou en contact

Végétation pionnière d’éboulis (UE : 8120).
Végétation de fentes de rochers, falaises (UE : 8210).
Prairies à hautes herbes (ou mégaphorbiaies) (UE : 6430).
Hêtraies sommitales à Érable (UE : 9140).
Divers types de hêtraies, hêtraies-sapinières.
Pessières sur lapiaz (UE : 9410).
Accrus à Cytise des Alpes, à Érable sycomore et Frêne.
Prairies à Trisète dorée (UE : 6520).

Répartition géographique

Trièves, Beaumont, Matheysine, Dévoluy (aire restant à préciser par de nouvelles prospections).
Sites de référence : bois du Chapitre (massif de Gap- Chaudrun) ; la Jarjatte (Luz-la-Croix-Haute).

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat peu fréquent, dont les individus, par ailleurs, occupent de faibles surfaces —› habitat rare.
Grande diversité floristique liée aux conditions de bilan hydrique très favorables.
L’Aspérule de Turin est une espèce rare en France, inféodée surtout à ce type d’habitat.
Mosaïque d’habitats avec éboulis, rochers, pelouses, divers habitats forestiers.
Multiples niches écologiques offertes.

États de conservation

États à privilégier :
Futaie mélangée.
Taillis, taillis sous futaie.

Tendances et menaces

Compte tenu de la déprise pastorale observée dans l’aire naturelle, on peut observer la reconstitution lente de ce type d’habitat dans quelques nouveaux sites.
Peu de menaces pesant sur cet habitat :
- les dessertes doivent éviter de recouper les habitats ;
- les aménagements éventuels pour le ski, de même, doivent se faire à l’écart de cet habitat.

Potentialités intrinsèques de production

Fertilité faible à moyenne et limitée par de nombreux facteurs :
- l’altitude ;
- les perturbations naturelles fréquentes sous forme de coulées rocheuses ;
- la situation topographique qui rend ces habitats peu accessibles et peu praticables.
Sans valeur économique (ou très faible) des variantes en situation pentues et escarpées, le peuplement se présente souvent sous forme de taillis avec des arbres en crosse à la base, peu développés et au tronc tortueux.
Sur des situations topographiques plus favorables, l’intérêt économique reste limité, avec l’Érable sycomore pour essence principale à valoriser.

Axes de recherche

Informations incomplètes ; il reste à réaliser des relevés phytoécologiques pour cerner la variabilité et l’aire de distribution de cet habitat en France.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)