9180-8 - Érablaies à Barbe de bouc sur pentes fortes à colluvions fines

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat se rencontrant entre 400 et 1 400 m dans les montagnes calcaires, soumis à un climat continental océanique.
Occupe des pentes raides, ombragées sur substrats riches en argiles (se retrouve en ravins étroits et pentus).
Sur marnes, flyschs, molasses, moraines —› substrats très altérables à l’origine d’un colluvionnement de terre fine ; teneur en cailloux, faible en surface (pouvant augmenter avec la profondeur).
La situation topographique et la texture argileuse de sol contribuent à maintenir une humidité édaphique constante :
- activité biologique élevée, surtout grâce aux Lombrics ;
- sols bruns très fertiles.

Variabilité

Variations avec l’altitude :
Forme du collinéen supérieur avec, à l’état dispersé, le Merisier (Prunus padus), le Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata). Variations selon le niveau trophique :
- variante neutrophile à Pâturin des bois (Poa nemoralis), à Renoncule tête d’or (Ranunculus auricomus) —› sur marnes, molasses ;
- variante mésoacidiphile à Luzule blanchâtre (Luzula luzuloides), Calamagrostide faux roseau (Calamagrostis arundinacea)… —› sur flysch, moraines alpines.
Forme montagnarde avec présence possible de l’Épicéa, de l’Aulne blanc… Variations selon le bilan hydrique :
- variante hygrocline typique (cf. liste d’espèces indicatrices) ;
- variante des sites très confinés avec Saxifrage à feuilles rondes (Saxifraga rotundifolia), Stellaire des bois (Stellaria nemorum);
- variante xérocline à Laîche blanche (Carex alba).

Physionomie, structure

La strate arborescente est dominée par l’Érable sycomore, l’Orme de montagne, le Frêne… Le Hêtre, le Sapin ou l’Épicéa se mêlent constamment aux feuillus nomades.
La strate arbustive est structurée par le Coudrier accompagné par le Camerisier alpigène, le Sureau à grappes.
Strate herbacée très recouvrante constituée par des hautes herbes (Barbe de bouc, Pétasite blanc…).
Strate muscinale très dispersée (Plagiomnium undulatum…).

Confusions possibles

Avec les faciès à Frêne et Érable des hêtraies-sapinières voisines installées sur versants plans.
Avec les accrus à Érable et Frêne s’installant en zone pastorale abandonnée.
Avec les érablaies-frênaies ripicoles.

Dynamique

Spontanée :
L’érablaie à Barbe de bouc serait le plus souvent un habitat transitoire, au moins au montagnard : il y a évolution parallèle de l’âge du peuplement et de la composition de la strate ligneuse (enrichissement en Hêtre, Sapin, Épicéa…). Par ailleurs, à cet étage on rencontre très rarement de vieux peuplements d’érablaies (sur les pentes les plus fortes).
Prairies à hautes herbes à Pétasite blanc (Petasites albus) et Barbe de bouc (Aruncus dioicus) --> Fruticée à Noisetier --> Érablaie à Barbe de bouc (climacique sur forte pente) --> Sapinière-hêtraie à Barbe de bouc.

Liée à la gestion :
Futaie régulière.

Habitats associés ou en contact

Érablaie-frênaie ripicole (UE : 91E0*).
Végétation des alluvions caillouteuses (UE : 3130).
Prairies à hautes herbes (mégaphorbiaies) (UE : 6430).
Érablaie à Scolopendre (UE : 9180*).
Hêtraies-chênaies à Aspérule (UE : 9130).
Hêtraies-sapinières diverses.
Éboulis calcaires (UE : 8160).
Végétation des fentes de rochers et de falaises (UE : 8210).

Répartition géographique

Massifs calcaro-marneux, présence de moraines, flysch… : Jura ; Alpes externes du nord (Chartreuse, Vercors).

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat peu fréquent dont les individus occupent par ailleurs de faibles étendues —› type d’habitat rare.
Présence possible d’espèces montagnardes à l’étage collinéen au sein de ces stations fraîches.
Mosaïque d’habitats avec éboulis, falaises et divers types forestiers.

États de conservation

États à privilégier :
Habitats climaciques des pentes les plus fortes.
Habitats susceptibles d’évoluer vers la hêtraie-sapinière à Barbe de bouc (sur pentes plus faibles).
Sapinière-hêtraie à Barbe de bouc dans les couloirs argileux, susceptibles à travers la gestion de revenir au stade « érablaie ».
Mégaphorbiaies à Barbe de bouc et Pétasites dans ces couloirs susceptibles d’évoluer vers l’érablaie.

Tendances et menaces

Type d’habitat peu étendu dont l’aire est assez stable.
Situé le plus souvent à l’abri de détérioration compte tenu des conditions topographiques.
Il faut éviter que les dessertes recoupent ces couloirs.
Entretenir dans le temps, là où l’érablaie est un stade dynamique, le retour cyclique à l’érablaie après exploitations de la sapinière-hêtraie.

Potentialités intrinsèques de production

Fertilité assez élevée : humidité édaphique constante, activité biologique marquée.
L’inaccessibilité de la majorité de ces peuplements en limite cependant l’intérêt économique.
Forme montagnarde soumise à la neige sur les versants escarpés : arbres et arbustes sont toujours tordus à la base.

Axes de recherche

Poursuivre les investigations et observations sur la compréhension des mécanismes de ces érablaies.
Type d’habitat peu étudié encore en France ; des relevés phytoécologiques restent à réaliser pour mieux cerner à la fois les caractères du milieu et la diversité en France.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)