91F0-1 - Peupleraies blanches-Frênaies rhénanes

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Stade « post-pionnier » succédant :
- aux saulaies blanches (peupleraies noires) au bout de 20-50 ans par suite de modifications de substrats, de régime des eaux : enrichissement en éléments fins et en matière organique ; travaux hydrauliques diminuant les influences rhénanes et les battements de la nappe ;
- ou aux peupleraies noires sèches.
Alluvions rhénanes constituées avant tout de limons carbonatés ; sols alluviaux peu évolués.

Variabilité

Variations selon le niveau hydrique :
Variantes hygrophiles dérivant des saulaies-peupleraies noires à Cornouiller ou à Peuplier noir ; occupant des niveaux bas inondables tous les ans par la nappe, sur substrats fins :
- variantes à Saule blanc (anciens chenaux en voie d’exondation) ;
- variante à Frêne (interne aux digues, dans de petites cuvettes) ;
- variante à Prêle d’hiver (Equisetum hyemale) le long des berges ;
- variante à Ail des ours (Allium ursinum), en arrière du cordon riverain à Prêle.
Variantes mésophiles dérivant de la Peupleraie noire sèche des levées les plus hautes, à substrats plus grossiers :
- variante typique (berges hautes et terrasses bordant les rives de l’ancien Rhin, ou secteur interne aux digues) ;
- variante à Carex alba (interne ou externe aux digues, sur dépôts sableux).

Physionomie, structure

Peuplement arborescent dominé par le Peuplier blanc, le Frêne commun, (le Chêne pédonculé) ; le Saule blanc et le Peuplier noir restent très disséminés ; présence du Cerisier à grappes et des Ormes.
La strate arbustive est très fournie.
La strate herbacée est très variable selon la variante.

Confusions possibles

Avec la saulaie-peupleraie noire des niveaux les plus bas encore fonctionnels.
Avec la chênaie-ormaie (phase de maturité des niveaux moyens).
La peupleraie blanche correspond à une simple phase pionnière de la chênaie-ormaie.

Dynamique

Provient de l’évolution des saulaies-peupleraies et des peupleraies sèches (provoquée par l’endiguement du Rhin et la disparition des crues).
Évolue vers la chênaie-ormaie.
Avant l’endiguement du Rhin, les crues catastrophiques, après destruction de certains massifs de chênaies-ormaies, entraînaient :
- un premier stade à Saules, Peupliers noirs ;
- un stade à Peuplier blanc et Frêne reconduisant peu à peu vers la forêt à bois dur.

Habitats associés ou en contact

Diverses saulaies-peupleraies (UE : 91E0*).
Saulaies arbustives.
Peupleraies noires sèches (UE : 91E0*).
Chênaie-ormaie rhénane (UE : 9160).
Lisières avec plantes herbacées nitrophiles (UE : 6430).
Roselières, cariçaies.
Habitats aquatiques des bras morts (3150).
Prairies inondables fauchées des zones anciennement déboisées (UE : 6510, 6440).
Prairies à hautes herbes (UE : 6430).
Chênaie pédonculée-frênaie (UE : 9160).

Répartition géographique

Habitat localisé pour l’instant en France, à la plaine rhénane. Il est à rechercher le long du Rhône.
Exemples de sites avec l’habitat dans un bon état de conservation : forêts de Marckolsheim, de Daubensand, d’Erstein (Alsace).

Valeur écologique et biologique

Stade dynamique rare à l’échelle de la France dans sa partie tempérée (hors de la région méditerranéenne).
Surface couverte peu importante.
Régression du fait des déforestations anciennes, de son évolution lente vers les forêts à bois dur de maturité.
Intérêt des mosaïques d’habitats où pénètrent ses peupleraies blanches-frênaies.

États de conservation

États à privilégier :
Prendre en compte la diversité dynamique avec des habitats à Peuplier blanc occupant différents niveaux, différents degrés hydriques : peupleraie blanche-frênaie à Saule et Peuplier noir ; peupleraie blanche-frênaie à Chêne pédonculé avec un bon fonctionnement des nappes.

Autres états observables :
Plantations diverses.
Peuplements à Robinier.

Tendances et menaces

Atteintes portées à cet habitat :
- diminution passée de la surface forestière au profit d’activités agropastorales ;
- travaux d’aménagement hydraulique (digues, barrages) entraînant une baisse du toit de la nappe et une diminution des oscillations, modifiant et banalisant les écosystèmes ;
- installations portuaires, extraction de granulats ;
- surexploitation forestière, introduction d’espèces allochtones (ex. : populiculture intensive, Robinier).
Statut actuel : l’ensemble de ces forêts bénéficie actuellement du statut de forêt de protection avec un règlement d’exploitation. Cependant, le risque majeur (assèchement du fait de la baisse de la nappe) n’est pas résolu.
—› Évolution naturelle vers une forêt à bois dur.

Potentialités intrinsèques de production

Potentialité moyenne à bonne.
Essences possibles : Frêne commun, Chêne pédonculé, Érables, fruitiers.
Le Peuplier blanc semble pouvoir donner de bons résultats sur sols profonds et limoneux (équivalents aux peupliers de culture pour la caisserie notamment) (voir rubrique expérimentations).

Axes de recherche

Expérimentations à poursuivre sur le Robinier : dynamique, stratégies et capacité de colonisation d’espaces ouverts/boisés, contrôle de son expansion, méthodes d’exploitation des Robiniers (« jardinage » des cépées/coupes rases)…
Suivi de l’évolution des conditions hydrodynamiques.
Mesure des impacts sur les sols d’une gestion par petites surfaces (fréquence de pénétration des engins, etc.).
Conservation in situ du Peuplier noir : évaluation des risques associés aux différentes opérations de gestion de la ripisylve, expérimentations sur la régénération.
Approfondir les possibilités de mise en valeur du Peuplier blanc (autécologie, dynamique, croissance, qualité technologique du bois).
Inventaire précis des peuplements à dominante de Peuplier blanc.
Comment assurer la pérennité de ce type de milieu au cours du temps.
Recherches à mener sur le cours des autres grands fleuves pour préciser l’aire.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)