9330-4 - Suberaies des Pyrénées orientales

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat cantonné principalement à deux régions naturelles des Pyrénées orientales (Aspres et Albères).
Étage mésoméditerranéen caractérisé par des précipitations variant entre 600 mm et 800 mm, avec deux à trois mois secs estivaux.
La région est soumise à deux types de vent : la tramontane qui dessèche la végétation et le marin chaud et humide qui apporte la pluie.
Calcifuge, le Chêne-liège se trouve essentiellement sur sols dépourvus de calcaire actif : dans les Aspres, le Chêne-liège est sur schistes métamorphisés à l’origine de rankers et de sols bruns ; dans les Albères, on retrouve des schistes, du granite et des gneiss donnant les mêmes types de sols.
Apparemment spontané, en mélange avec les autres chênes méditerranéens, autrefois (-), il est très développé (planté) au XVIIIe siècle. Depuis 1950 cette suberaie décline progressivement.

Variabilité

Nous disposons pour le moment de peu de données phytoécologiques sur l’aire de ces peuplements.
On peut envisager des variations avec l’altitude (mésoméditerranéen inférieur et moyen), avec l’épaisseur du sol et la topographie (variante thermoxérophile, variante plus mésophile).

Physionomie, structure

Très grande diversité des peuplements :
- futaie irrégulière ; à Chêne-liège et Chêne vert, à forte densité ; parfois avec Chêne pubescent ;
- futaie régulière à perches, petits bois et bois moyens avec les trois chênes ;
- nombreux peuplements purs de Chêne-liège ;
- actuellement on observe souvent des accrus en mélange des trois chênes, où le Chêne-liège peut être dominant, sur des vignes ou terres agricoles abandonnées, à l’intérieur ou en bordure des massifs.

Le sous-bois est constitué par des espèces de maquis et de cistaies.
La strate herbacée est plus ou moins développée selon l’intensité de la gestion.

Confusions possibles

Pas de confusion possible (sauf erreur entre Chêne-liège et Chêne vert).

Dynamique

Nous disposons de peu d’éléments sur la dynamique de ces peuplements.
Cf. Cahier habitat.

Habitats associés ou en contact

Yeuseraie à Asplenium onopteris (UE : 9340).
Maquis élevé à Bruyère arborescente, Arbousier, Cytise de Montpellier.
Formation à Calycotome épineux.
Maquis à Bruyère arborescente et Lavande stoechade.
Cistaies à Ciste de Montpellier, Ciste à feuilles de Sauge.
Formations de fentes de rochers (UE : 8220).
Végétation de dalles rocheuses (UE : 8230).
Châtaigneraies (UE : 9260).

Répartition géographique

Type d’habitats propres à deux régions naturelles de Pyrénées orientales, les Aspres et les Albères.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat assez répandu au niveau de son aire, toutefois réduite à l’échelle de la France.
Intérêt économique, écologique et patrimonial des massifs encore exploités pour le liège.
Grand intérêt des mosaïques d’habitats (forêts-maquis haut-maquis bas-pelouses) pour la diversité des niches offertes à la faune.

États de conservation

États à privilégier :
Futaies régulières ou irrégulières avec Chêne-liège, ou Chêne- liège, Chêne vert, Chêne pubescent.

Autres états observables :
Maquis avec Chêne-liège très dispersé.

Tendances et menaces

La suberaie dans les Pyrénées orientales couvre 15 265 ha (dont 4 785 ha sont économiquement exploitables) ; 65 % des surfaces relèvent de propriétaires privés (CRPF PACA Corse, 1992).
Les menaces potentielles sont :
- abandon ;
- urbanisation mal contrôlée ;
- défrichement agricole au profit de la vigne ;
- incendies de forêt et de maquis liés à l’embroussaillement de la suberaie (résistance à un premier feu du Chêne-liège) ;
- la dynamique du maquis qui gêne la régénération du Chêne- liège ;
- dépérissement de la suberaie qui vieillit mal ;
- la dynamique possible vers la yeuseraie ou la chênaie pubes- cente ;
- détérioration du liège par un coléoptère : Coroebus undatus, baisse de la qualité du liège ;
- dégradation sanitaire suite à des levées défectueuses ;
- vieillissement des peuplements.
La conservation de l’habitat passe par l’entretien du sous-bois et l’exploitation du liège.

Potentialités intrinsèques de production

Production de liège : bouchons, isolant, artisanat. On retiendra l’importance économique de la filière locale d’utilisation du liège.
Bois de feu avec les Chênes vert, pubescent et l’Arbousier. Souches de bruyère : ébauchons de pipes (artisanat).

Axes de recherche

Étude fine sur les techniques de régénération.
Étude fine de la végétation, de sa dynamique et des sols.
Étude fine de la dynamique des peuplements en cas d’abandon. Les aspects sanitaires sont à suivre de près, en relation avec la Catalogne sud.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)