9330-3 - Suberaies corses

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Le Chêne-liège ne croît que sur les substrats siliceux et sur des sols plus profonds et plus meubles que ceux supportés par le Chêne vert. Il est exigeant en humidité (précipitations ou humidité atmosphérique) et assez thermophile.
Les suberaies corses sont cantonnées à la base de l’étage mésoméditerranéen (et en thermoméditerranéen) et ne dépassent guère 400 m à 500 m d’altitude (individus isolés jusqu’à 700 m), sur la côte orientale. La côte nord occidentale très rocheuse n’est pas propice à son installation.
Région caractérisée par des précipitations modérées (650 mm à 700 mm) avec une période estivale sèche et des températures hivernales rarement et faiblement inférieures à 0 °C.
Bien que spontané en Corse il a été favorisé depuis longtemps et cultivé. Sur les meilleurs sols le sous-bois est envahi par le Chêne pubescent, le Charme houblon ou le Châtaignier —› installé autrefois hors de son aire naturelle (mais il a aussi disparu de nombreuses zones sous le coup des incendies).

Variabilité

Variabilité en fonction de l’altitude :
- forme basse à Lentisque, Myrte ;
- forme plus élevée dépourvue de ces espèces.

Variabilité en fonction de la topographie :
- variante à plat sur sols plus ou moins profond, à flore plus mésophile ;
- variante sur pente à sols peu profonds où la flore est plus xérophile.

Variabilité en fonction du mode d’utilisation : (ancienneté, abandon)
- futaie espacée sur prairies pâturées ;
- peuplements plus anarchiques sur cistaies ou sur maquis…

Physionomie, structure

Très variables selon le degré d’utilisation par l’homme :
- arbres régulièrement espacés, nettoyage du sous-bois, pâturage
—› futaies claires sur pelouses pâturées ou cistaies ;
- après un abandon plus ou moins ancien : arbres dominant un maquis plus ou moins haut ; avec Chêne-liège, Lentisque, Myrte, Cytise à trois fleurs, Genêt de Montpellier…
Le Chêne-liège atteint 5 m à 10 m (voire 12 m) avec un recouvrement de 50 % à 90 %.
Suberaies modelées par l’homme depuis plus de 2 000 ans et bien différentes des suberaies primitives dont il est impossible de préciser la physionomie et la composition floristique.

Confusions possibles

Pas de confusion possible, sinon avec les chênaies vertes.

Dynamique

Cf. Cahier d'habitat.

Habitats associés ou en contact

Végétation thermoméditerranéenne à Myrte, Lentisque (UE : 9320).
Yeuseraie à Galium scabrum (UE : 9340).
Maquis élevé à Bruyère arborescente, Arbousier, Cytise de Montpellier.
Fruticées à Helichrysum italicum.
Fruticées à Stachys glutinosa et Genista corsica.
Pelouses ouvertes à Tuberaria guttata.
Formation des fentes de rochers (UE : 8220).
Végétation des dalles rocheuses (UE : 8230).
Pineraies de Pin maritime (UE : 9540).

Répartition géographique

Façade orientale de la Corse, notamment dans les environs de Porto-Vecchio (Sartenais oriental).
Basses vallées du sud de la Corse à partir d’Ajaccio.
Quelques subéraies sur la côte occidentale (bas Taravo et région d’Ajaccio).

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat très marqué par les influences anthropiques depuis plus de 2 000 ans mais une grande partie de la subéraie du sud a été installée récemment (XIXe-XXe siècle).
Exemple d’habitat où la gestion est nécessaire à la bonne conservation de l’espèce « clé de voûte », le Chêne-liège.
Mosaïque d’habitats du plus grand intérêt pour les diverses niches écologiques offertes à la faune.

États de conservation

États à privilégier :
Peuplements régulièrement espacés et pâturés.
Peuplements plus « irréguliers » sur cistaies.
Peuplements sur maquis.

Tendances et menaces

Essence favorisée par l’homme qui depuis longtemps le cultive. Baisse de l’activité subéricole qui serait à soutenir pour une bonne conservation des habitats.
La menace principale est représentée par les incendies répétitifs, les formations de Chêne-liège se reconstituant difficilement après plusieurs passages du feu.
Urbanisation.
L’abandon de l’exploitation entraîne la recolonisation de la suberaie par le Pin maritime, les espèces « primitives » (Chêne pubescent, Charme houblon) ou par le Châtaignier.
État sanitaire souvent très dégradé.

Potentialités intrinsèques de production

Production de liège : bouchons, isolants, artisanat. La disparition de la dernière usine de traitement du liège présente en Corse conduit aujourd’hui à l’exportation de la totalité de la récolte vers la Sardaigne.
Bois de feu avec le Chêne vert et l’Arbousier. Utilisation des souches de bruyère (artisanat). Pâturage des sous-bois.
Intérêt paysager —› valorisation indirecte par le tourisme.

Axes de recherche

Étude fine de la végétation, de sa dynamique et des sols.
Étude fine de la dynamique des peuplements en cas d’abandon, en particulier de la régénération naturelle.
Étude sur les techniques de régénération du Chêne-liège en maquis.
Variations dans le temps de la biodiversité au sein des peuplements gérés régulièrement.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)