3170-2 - Gazons méditerranéens amphibies longuement inondés (Preslion)

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Habitat de l'étage thermoméditerranéen.
Habitat des mares et des ruisseaux temporaires trop profonds (plus de 40 cm) pour permettre le bon développement des associations des mares temporaires à Isoètes (Isoetion) et trop secs, en été, pour celles des communautés à grandes Laiches (Magnocaricion).
Substrats non calcaires oligotrophes.
Submergées pendant une grande partie de l’hiver et du printemps, les associations du Preslion sont entièrement hors de l’eau en été.

Variabilité

La variabilité de cet habitat est faible, seuls deux associations et un groupement ont été décrits dans des secteurs géographiques différents :
- association ouest-franco-méditerranéenne à Menthe des cerfs [Preslietum cervinae] ;
- association centre-franco-méditerranéenne à Menthe des cerfs et Trèfle faux-pied-d’oiseau [Preslio cervinae-Trigonelletum ornithopodioidis]; toutes les stations où l'on pouvait rencontrer cette association ont disparu ;
- groupement est-franco-méditerranéen à Armoise de Molinier (Artemisia molinieri).

Physionomie, structure

Le Preslion est dominé par des hémicryptophytes et des thérophytes. Au sein des hémicryptophytes, la Menthe des cerfs est l’espèce qui montre le plus fort degré de recouvrement ; le Lotier très étroit domine chez les thérophytes. La physionomie de la végétation varie fortement au cours du cycle, les associations atteignant leur développement optimal en fin de printemps : aux prairies submergées d’hydrophytes (Callitriche, Nitella) succèdent en fin d’hiver des prairies humides assez diversifiées de hauteur comprise entre 10 et 40 cm. Ces communautés couvrent des surfaces souvent faibles (de l’ordre du mètre carré), limitées au centre des mares (mares de Roque-Haute), ou de plus grandes surfaces (plusieurs hectares au lac Gavoty).

Confusions possibles

Absence d'informations.

Dynamique

Comme toutes les alliances des Isoetetalia, le Preslion est conditionné par la profondeur et la présence temporaire de l’eau. La profondeur plus importante limite les risques d’envahissement par les ligneux, mais les hélophytes peuvent alors coloniser les parties profondes des mares (Scirpe maritime, Bolboschoenus maritimus, Massettes, Typha spp., Roseau commun, Phragmites australis) pour former des roselières.
Au cours du cycle hydrologique se succèdent des espèces avec des formes de croissance submergées (hydrophytes strictes et amphibies en phase aquatique), une végétation amphibie et une végétation terrestre.
La composition spécifique de la végétation peut varier entre années en fonction des conditions d’inondation (dates, profondeur). Les hydrophytes peuvent être totalement absentes une ou plusieurs années. Pendant les années sèches, les espèces des niveaux topographiques supérieurs peuvent apparaître, depuis les formations à Isoètes par exemple, ou depuis les milieux péri-phériques, donc avec une grande variabilité entre sites.

Habitats associés ou en contact

On retrouve classiquement deux habitats à proximité du Preslion : à une profondeur plus faible, les groupements des mares temporaires à Isoètes (Isoetes spp.) (Isoetion, habitat 3170*-1) et, à une profondeur plus élevée, lorsque les mares s’assèchent tardivement en été, les communautés à grandes Laiches (Magnocaricion elatae, Cor. 53.2). On retrouve dans le Preslion des espèces communes à ces deux habitats.

Répartition géographique

Cet habitat est strictement méditerranéen.
Le Preslietum cervinae est relativement fréquent en Languedoc : outre le plateau de Roque-Haute, il s’étend de manière diffuse sur toute la basse plaine languedocienne, occupant avec des herbacées vivaces les fonds de ruisseaux (temporaires), les mares temporaires et les lavognes (à l’exclusion des zones de montagne).
Le Preslio-Trigonelletum était uniquement présent en costière nîmoise mais a complètement disparu dans les années 70.
Le groupement à Armoise de Molinier est localisé dans le Var (marais de Gavoti à Besse et lac Redon à Flassans).
En Crau humide, la présence de Preslia cervina est attestée, mais, en l'absence d'études récentes, l'appartenance de ce groupement au Preslion reste incertaine.

Valeur écologique et biologique

Cet habitat présente une très forte originalité, en particulier du fait de sa rareté : le nombre de sites existant en France est très faible et un grand nombre d’entre eux ont été détruits. La valeur écologique doit être évaluée à deux niveaux : la mare et la formation végétale (habitat). La valeur écologique de l’habitat est proche de celle des mares temporaires à Isoètes ; le nombre d’espèces végétales y est généralement plus faible du fait de la profondeur supérieure. La valeur pour les peuplements faunistiques doit être jugée à l’échelle de la mare (valeur forte pour les invertébrés, comme pour les mares à Isoètes).
Espèces protégées au niveau national et inscrites au livre rouge de la flore menacée de France (espèces prioritaires) : Fougère d’eau pubescente à quatre feuilles (Marsilea strigosa), Renoncule à fleurs latérales (Ranunculus lateriflorus).
Espèces protégées au niveau régional et inscrites au livre rouge de la flore menacée de France (espèces prioritaires) : Artemisia molinieri (PACA), Mentha cervina (PACA).
Espèces protégées au niveau régional : Sisymbrella aspera (Rhône-Alpes), Trifolium ornithopodioides (Languedoc-Roussillon).

États de conservation

Tous les états encore existants sont à privilégier, en raison de l’extrême rareté de cet habitat au niveau national : Preslietum cervinae, groupement à Artemisia molinieri.

Tendances et menaces

Tendances évolutives :
Toutes les stations du Preslio-Trigonelletum ont disparu à la suite de drainages et de mises en culture. Les deux stations à Artemisia molinieri sont menacées, l’une par des activités agricoles, l’autre par l’urbanisation du bassin versant et l’altération de la qualité des eaux.

Menaces potentielles :
Les causes d’altération ou de dégradation sont multiples et s’exercent à des niveaux écologiques variables. Dans la plupart des cas les conséquences ne sont connues que de façon superficielle et mériteraient une étude des impacts et potentialités de restauration :
- substitution par infrastructure (irréversible) : routes, constructions, etc. ;
- modifications hydrauliques par assèchement-drainage ou au contraire mise en eau permanente. Les modifications hydrauliques sont parfois réversibles mais les possibilités de restauration de l’habitat et de sa composition floristique sont faibles ;
- modification de la qualité des eaux : sensibilité plus forte des espèces de la phase aquatique, dans la phase terrestre, l’eutrophisation conduit probablement à la dominance des hélophytes. Le développement d’hélophytes peut conduire à la disparition de l’habitat et à l’accumulation de matière organique.

Potentialités intrinsèques de production

Cet habitat ne présente pas de potentialité intrinsèque de développement économique, ou seulement très faible, par le pâturage extensif.

Axes de recherche

Suivi de la dynamique des communautés des mares temporaires :
- mieux comprendre la dynamique des diverses ceintures de végétation par rapport au régime hydrique des mares ;
- suivre les phénomènes d’atterrissement en liaison avec les diverses perturbations environnantes ;
- étudier les conséquences des divers niveaux de pâturage et de l’impact des populations de Sangliers (Sus scrofa) sur la dynamique des communautés végétales.
Expérimentations éventuelles de gestion ou de restauration à entreprendre, voire de création dans des situations favorables.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)