Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Ces saulaies occupent les parties hautes et moyennes des cours d’eau alpins (Alpes), là où le profil longitudinal est relativement pentu. Elles se trouvent le long des torrents, souvent sur des îlots, là où les matériaux d'origine alluviale ne sont pas soumis directement à la force du courant. Le niveau de la nappe est élevé et les crues périodiques. Il s'agit d'un habitat ligneux pionnier arrivant après un premier stade herbacé ouvert (UE 3220).
Le substrat est constitué de galets et de sables grossiers recouverts de sables fins, de limons et d’argiles. Les sols sont dépourvus de matière organique (celle-ci est emportée régulièrement par les crues) ; il en résulte des sols minéraux.
Un seul type de communauté est connu : l'association à Saules et Myricaire d'Allemagne [Salici-Myricarietum germanicae].
Variations géographiques
Selon le climat il est possible de distinguer :
- une race des Alpes du nord ;
- une race des Alpes du sud.
Variations altitudinales
Selon l'altitude se différencient :
- une forme subalpine et montagnarde ;
- une forme collinéenne plus rare.
Cet habitat est constitué par des peuplements arbustifs bas apparaissant sous forme de taches denses, dominées par le Myricaire d'Allemagne, avec des cépées de Saule pourpre et de Saule drapé.
La strate herbacée, généralement recouvrante, est très variable dans sa composition. Les cortèges herbacés varient selon la localisation géographique et selon le degré de maturation de l'habitat.
Des confusions sont possibles avec les saulaies arbustives dépourvues de Myricaire d'Allemagne, avec le Saule pourpre et le Saule drapé.
La saulaie pionnière à Myricaire fait partie d’un ensemble d’habitats disposés en ceinture, en fonction de la dynamique fluviale et des alluvions qui peuvent subsister face à la force du courant. Il s'agit d'un habitat pionnier transitoire souvent détruit par les crues des torrents et se reconstituant sur un autre espace (bancs d'alluvions favorables jusque-là dénudés).
En cas de changements des conditions de fonctionnement du cours d’eau (avec diminution de la force du courant…), une dynamique est possible et peut conduire à une aulnaie blanche.
Végétations pionnières herbacées sur galets et sur sables torrentiels (UE 3220).
Saulaies à Saule drapé (UE 3240).
Forêts alluviales à bois durs (aulnaies blanches, Cor 44.2 ; UE 91E0*).
Pelouses diverses (UE 6210).
Forêts zonales diverses : pineraies, sapinières-hêtraies (Cor. 41.13, 41.17), hêtraies (Cor. 41.13, 41.17).
Cet habitat se rencontre dans de nombreuses vallées des torrents alpins ; il se retrouve dans le cours de la Durance et d’autres grandes rivières méridionales (à préciser).
Cet habitat couvre une surface limitée, de plus il est soumis aux aléas de la dynamique torrentielle qui peuvent le faire disparaître localement.
Le complexe d’habitats (herbacés, arbustifs, arborescents) héberge des espèces rares ; ces ensembles d'habitats possèdent une grande valeur patrimoniale. Par ailleurs, ils jouent un rôle important dans l’ancrage des rives ou des îlots par le système souterrain et par les rejets de souche des Saules (drapé et pourpre souvent).
États à privilégier :
Le stade dominé par le Myricaire avec espèces herbacées.
Le stade avec Myricaire dominant ou Myricaire et Saules pourpre et drapé.
Il est bon de privilégier les sites où se rencontrent des mosaïques avec les habitats pionniers herbacés, les saulaies arbustives, les forêts à bois durs voisines.
Les habitats isolés et les éléments résiduels plus ou moins linéaires sont également intéressants.
Ce type d'habitat, lié strictement au maintien de la dynamique des crues, a souffert des aménagements hydrauliques réalisés sur un certain nombre de cours d'eau.
La fragilité est liée aux modifications du régime des torrents : la régularisation du cours des torrents entraîne une réduction considérable des sites favorables.
Comme modifications nocives à cet habitat, nous pouvons citer :
- les barrages hydroélectriques qui abaissent le niveau de l’eau et privent les torrents de leur dynamique de crues ;
- les endiguements des cours d’eau (empierrement des rives…) entraînant localement la disparition de l’habitat ;
- les ouvertures de gravières.
L’eutrophisation constitue également une menace potentielle ; elle rend le Myricaire très vulnérable vis-à-vis de la concurrence d’espèces nitrophiles (souvent exotiques, le Buddleja par exemple).
Elles sont nulles, compte tenu de la dynamique torrentielle et de la valeur des essences présentes sur le plan économique.
De nouvelles investigations sont nécessaires pour préciser l’aire de ce type d’habitat et surtout sa variabilité écologique et floristique entre le Jura et les Alpes du sud.
Des expérimentations sont à mener pour la restauration de l’habitat, avec la réalisation de travaux de génie écologique (fixation des berges de torrents dont les rives ont été déboisées).
Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)