Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Il s’agit de végétations riveraines des tronçons amont et moyen des torrents pyrénéens à lit relativement large, à l’étage montagnard voire parfois à l'étage collinéen.
La végétation ligneuse colonise les substrats de granulométrie variable, déposés le long des torrents sous forme de grèves, îlots, dans les parties non directement soumises à la force du courant et très épisodiquement inondées (une à plusieurs fois par an). Le débit d’été des cours d’eau reste élevé.
Le substrat est constitué de graviers, galets et blocs, dont les interstices sont colmatés par des éléments fins (sables, limons, argiles), à niveau phréatique élevé. Les sols minéraux sont assez pauvres ou dépourvus de matière organique.
Cette saulaie pionnière des Pyrénées correspond à la sous-association à Myricaire d'Allemagne de l’association à Saule pourpre de Lambert et Saule drapé à feuilles étroites [Salicetum lambertiano-angustifoliae myricarietosum germanicae].
On observe une variabilité altitudinale et géographique restant à préciser avec :
- une forme optimale située aux étages montagnard et supraméditerranéen du versant méridional des Pyrénées ;
- une forme appauvrie à l’étage montagnard du versant nord des Pyrénées centrales.
Cet habitat forme des communautés souvent denses d’arbustes bas pouvant parfois atteindre la taille arborescente, avec Myricaire d'Allemagne (stades les mieux exprimés), Saule drapé, Saule pourpre, Saules hybrides divers. La strate herbacée est en général très clairsemée voire inexistante.
Il ne faut pas le confondre avec les saulaies arbustives riveraines à Saule drapé, Saule pourpre, Argousier (Hippophaë rhamnoides subsp. fluviatilis), dépourvues de Myricaire d'Allemagne (UE 3240).
La saulaie pionnière à Myricaire d'Allemagne appartient aux types d’habitats liés à la dynamique fluviatile des torrents, colonisant et fixant les grèves suffisamment permanentes. Dans le meilleur des cas, elle se trouve en mosaïque au sein d’un complexe d’habitats riverains.
Elle peut succéder à la végétation pionnière herbacée et évoluer vers la saulaie riveraine à Saule drapé, selon la durée des périodes de stabilité des grèves entre les périodes de mobilisation des dépôts par des crues torrentielles.
Habitats aquatiques des cours d’eau (UE 3260).
Végétation pionnière herbacée des grèves torrentielles (UE 3220).
Saulaies arbustives à Saule drapé (UE 3240).
Mégaphorbaies (UE 6430). Pelouses diverses (UE 6210).
Il s’agit d’un habitat rarissime et de superficie souvent très réduite au versant nord des Pyrénées, où il se rencontre notamment dans les Hautes-Pyrénées ; il est mieux représenté sur le versant méridional de la chaîne (répartition à préciser sur l’ensemble de la chaîne).
C’est un habitat rare couvrant de très faibles superficies, lié à la dynamique torrentielle. Il joue un rôle fixateur des grèves riveraines (cordons, îlots alluvionnaires). La valeur patrimoniale est aussi liée au complexe d’habitats rivulaires (végétation herbacée pionnière, arbustive, arborescente) auquel il appartient.
Les biotopes sont exploités par la faune (notamment passereaux nicheurs).
Valeur économique et sociale :
Ces végétations jouent un rôle de protection des berges contre l’érosion, un rôle d’écran physique sur les parcours de pêche aux salmonidés et possèdent une certaine valeur paysagère.
États à privilégier :
Étant donné leur rareté au versant français des Pyrénées, tous les stades doivent être privilégiés.
Cet habitat en phase optimale semble en régression au versant français des Pyrénées (disparition de peuplements de Myricaire d'Allemagne).
C’est un habitat très sensible aux modifications des régimes torrentiels dues essentiellement à des causes anthropiques : construction de barrages hydroélectriques et de retenues entravant la dynamique fluviatile naturelle, pollutions diverses des cours d’eau, modifications du profil en long des torrents par endiguements, prélèvements de matériaux (sables, graviers, galets)…
Elles sont nulles, étant donné les espèces impliquées dépourvues de valeur économique.
Des investigations de terrain sont indispensables pour affiner la répartition de l’habitat et sa variabilité écologique et phytosociologique.
Il est indispensable d’analyser les causes de régression de l’habitat et d’établir les règles préalables à des opérations de restauration et de réhabilitation de cet habitat.
Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)