3280-1 - Communautés méditerranéennes d'annuelles nitrophiles à Paspalum faux-paspalum

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat est propre aux étages méditerranéen et collinéen de type supraméditerranéen.
Il se rencontre au bord des grands cours d’eau et occupe de petites plages où le courant très ralenti dépose des limons, des sables fins et des débris organiques fortement désagrégés. Après la crue printanière, l’eau se retire à son niveau de basse-eau en laissant ces petites plages limoneuses riches en matières organiques, permettant l'apparition de l'habitat.
Le sol est peu profond (5 à 10 cm), très humide, formé principalement par des limons gluants gris jaunâtre en surface et jaune, moins collants, pour la couche de dessous. Le pH varie entre 7,3 et 7,6 (sols basiques).
Remarque : ces communautés peuvent également se retrouver en bordure des rivières temporaires méditerranéennes, dans ce cas, elles doivent être préférentiellement traitées par le code UE 3290. Par ailleurs, des fragments très pauvres en espèces se rencontrent parfois dans les fossés d’eau polluée.

Variabilité

Un seul type de communauté a été décrit : l'association à Paspalum faux-paspalum et Agrostide verticillée [Paspalo distichi-Agrostidetum verticillatae]. Nous disposons de peu d’éléments concernant sa variabilité.

Variations géographiques :
- Languedoc au bord de l’Hérault, de l’Orb ;
- Crau, avec un cortège appauvri où apparaît le Paspalum dilaté ;
- Roussillon avec le Paspalum faux-paspalum, le Paspalum dilaté, le Souchet rond (Cyperus rotundus), le Chénopode glauque (Chenopodium glaucum).

Physionomie, structure

Le cortège floristique comprend principalement des annuelles de 10 à 40 cm de hauteur et des espèces rudérales. Le recouvrement varie en général de 50 à 80%, il atteint rarement 100%. La surface occupée par l’association est parfois restreinte à une dizaine ou une vingtaine de mètres carrés. La végétation présente un développement tardif et très rapide ; elle atteint son plein développement vers la fin de l’été et disparaît lorsque les crues automnales submergent la station.
Les espèces les plus fréquentes sont le Paspalum faux-paspalum, l’Agrostide verticillé, la Lampourde ordinaire, le Souchet brun-noirâtre, le Grand plantain, la Menthe à feuilles rondes, le Lythrum salicaire.
On observe également la présence de quelques espèces exotiques envahissantes (Renouées asiatiques Reynoutria spp., Buddleja), faisant disparaître peu à peu les espèces de l'habitat.

Confusions possibles

Il n’y a pas de confusion possible lorsque les espèces caractéristiques sont présentes. En l’absence de ces espèces, on peut se trouver dans un habitat plus banal à Chénopodes et Bidents se développant également sur des vases enrichies en azote (habitat 3270-1).

Dynamique

Cf; schéma du cahier 'habitat.
Par rehaussement progressif, les dépôts limoneux peuvent peu à peu être envahis par le Saule pourpre (éventuellement directement par le Peuplier noir). La multiplication active des Saules conduit, si les crues n'entraînent pas les plantules, à la formation de fourrés. On assiste à l'apparition de la Clématite (Clematis), de la Ronce à feuilles d'orme (Rubus ulmifolius), de la Ronce bleuâtre (Rubus caesius), du Brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum) et de la Saponaire officinale (Saponaria officinalis) et au passage à la saulaie à Saule pourpre (habitat 3280-2).

Habitats associés ou en contact

Eaux courantes (Cor. 24).
Bancs de sables ou de limons (Cor 24.5).
Saulaies à Saule pourpre et Saponaire officinale (habitat 3280-2).
Saulaies à Saule pourpre, parfois en mélange avec le Saule drapé, Salix elaeagnos (UE 3240).
Aulnaies-saulaies blanches (UE 92A0).
Peupleraies blanches, frênaies oxyphylles (UE 92A0).
Yeuseraies (UE 9340).
Chênaies pubescentes (Cor. 41.7).

Répartition géographique

Habitat propre aux étages méditerranéen et collinéen de type supraméditerranéen, décrit dans le Languedoc et en Provence. Des recherches sont à mener afin de connaître son aire de répartition précise.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat possédant une aire réduite et dont les communautés couvrent des surfaces très restreintes.
Végétation souvent fugace en un endroit donné présentant ainsi un très grand intérêt patrimonial.
L'habitat participe à des mosaïques d’habitats du plus grand intérêt par la diversité des niches offertes aux espèces animales et végétales.

États de conservation

États à privilégier :
Mosaïque : communautés à Paspalum et rideaux de Saules et Peupliers.
Individus isolés.

Autres états observables :
Groupements fragmentaires en bordure de fossés avec de l’eau polluée.

Tendances et menaces

Les menaces sont liées avant tout aux modifications hydrauliques intervenant le long du cours d’eau qui empêchent ou modifient fortement les fluctuations naturelles du niveau de l'eau. Comme modifications nocives à ces habitats, nous pouvons citer les endiguements, l'empierrement des rives entraînant localement la disparition de l’habitat, les ouvertures de carrières entraînant la disparition des alluvions sur lesquelles se développe l'habitat.
L’eutrophisation des eaux ne nuit pas à cette végétation nitro- phile mais elle est très néfaste par ailleurs.

Potentialités intrinsèques de production

Les potentialités de production de cet habitat sont nulles.

Axes de recherche

Des études restent à mener pour préciser l'aire de répartition et les variations floristiques et écologiques de ce type d'habitat.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)