3280-2 - Saulaies méditerranéennes à Saule pourpre et Saponaire officinale

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Seules les stations méditerranéennes (surtout) et supraméditerranéennes inférieures de cet habitat sont à prendre en compte.
En arrière des ceintures à végétation herbacée nitrophile annuelle méditerranéenne (à Paspalum distichum) se développe fréquemment une première ceinture ligneuse dominée par le Saule pourpre.
Cette saulaie est installée sur des sables et des graviers humides et meubles (ou des limons encore riches en matière organique), dans le lit même des cours d’eau. Elle devient fragmentaire dans la partie basse des cours d’eau, seule à prendre en compte puisque la végétation nitrophile annuelle associée à l'habitat est méditerranéenne (habitat 3280-1).
Cette ceinture est plus ou moins permanente ; elle se situe entre la végétation herbacée et les forêts à bois dur qui peuvent être présentes à l'extérieur. Son maintien est assuré par les crues périodiques qu'elle subit avec un maximum de force (par rapport aux forêts à bois durs moins touchées). De ce fait, elle ne se rencontre que le long des rivières non endiguées et présentant des fluctuations conséquentes du niveau de l’eau.

Variabilité

Un seul type de communauté a été décrit : l'association à Saponaire officinale et Saule pourpre [Saponario officinalis-Salicetum purpurae].
Cette saulaie a été étudiée dans la région Languedoc ; on dispose de peu de données sur le reste de la région méditerranéenne. Il est probable que des variations existent entre le Languedoc et la Provence.
Il est possible qu’en quelques sites on trouve des mélanges de Saule pourpre et de Saule drapé (arrivé par avalaison), on est alors en zone de transition entre ces deux types de saulaies.

Physionomie, structure

Cette saulaie à Saule pourpre forme des fourrés denses de faibles dimensions (2-4 m), assez monospécifiques. On peut rencontrer parfois en mélange le Saule roux.
En sous-bois, la végétation, baignée à chaque crue, comprend de nombreuses espèces hygrophiles : Renouée à feuilles de patience
(Polygonum lapathifolium), Rumex aggloméré (Rumex conglomeratus), Prêle des champs (Equisetum arvense), Lycope d’Europe (Lycopus europaeus). Quelques espèces méditerra- néennes ou subméditerranéennes comme la Canne de Provence (Arundo donax), le Tamaris de France (Tamarix gallica), la Corroyère à feuilles de myrte (Coriaria myrtifolia) confèrent un caractère méridional à cette saulaie.

Confusions possibles

Des confusions sont possibles éventuellement avec les saulaies à Saule drapé (UE 3240), installées plus en altitude et différenciée par la dominance du Saule drapé et dépourvues d'espèces méditerranéennes.

Dynamique

Cf. schéma du cahier d'habitat.
Habitat pouvant rester stable en zone inférieure, touchée régulièrement par les crues, mais la capture de sédiments conduit fréquemment au passage vers la saulaie arborescente ou une forêt riveraine à Peuplier blanc (Populus alba) et essences à bois dur.

Habitats associés ou en contact

Eaux courantes (Cor. 24).
Bancs de sables ou de limons (Cor. 24.5).
Communautés de nitrophiles annuelles à Paspalum faux-paspalum (Paspalum distichum, habitat 3280-1).
Saulaies à Saule pourpre, parfois en mélange avec le Saule drapé (UE 3240).
Aulnaies-saulaies blanches (UE 92A0).
Peupleraies blanches, frênaies oxyphylles (UE 92A0).
Yeuseraies (UE 9340).
Chênaies pubescentes (Cor. 41.7).

Répartition géographique

Habitat propre aux étages méditerranéen et collinéen de type supraméditerranéen, décrit dans le Languedoc et en Provence. Des recherches sont à mener afin de connaître son aire de répartition précise.

Valeur écologique et biologique

Ce type d’habitat est assez répandu sur l’ensemble des régions méridionales, mais la coprésence de la saulaie avec la végétation à Paspalum distichum s'observe plus rarement. Il s'agit d'un habitat souvent peu étendu et pouvant être fugace dans le temps (passage à des habitats arborescents) → zonation de grand intérêt patrimonial.
L'habitat participe à des mosaïques d’habitats du plus grand intérêt par la diversité des niches offertes aux espèces animales et végétales.

États de conservation

États à privilégier :
Privilégier la mosaïque : communautés à Paspalum et rideaux de Saules et Peupliers.

Autres états observables :
Saulaies à Saponaire officinale isolée, sans végétation à Paspalum.

Tendances et menaces

Les menaces sont liées avant tout aux modifications hydrauliques intervenant le long du cours d’eau. Comme modifications nocives à cet habitat, nous pouvons citer les endiguements, l'empierrement des rives entraînant localement la disparition de l’habitat, les ouvertures de carrières.
L’eutrophisation des eaux ne nuit pas à cette végétation nitrophile mais elle est très néfaste par ailleurs.

Potentialités intrinsèques de production

Elles sont nulles.

Axes de recherche

Des prospections restent à mener sur l'ensemble du territoire méditerranéen afin de préciser l'aire de répartition de ces végétations et de mieux cerner les variations floristiques et écologiques.
Réaliser des recherches de manière à mieux cerner les équilibres entre végétation herbacée et végétation ligneuse.
Étudier l'impact du piétinement sur l'habitat.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)