Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage bioclimatique eu- à hyperatlantique, de 40 à 110 m d’altitude.
Exposition forte aux vents marins, plus ou moins chargé d’embruns, déficit hydrique estival possible.
Position générale sur les plateaux, au-delà des rebords de falaises, ou sur les pentes ensoleillées, voire moins éclairée mais alors sur sol plus squelettique.
Substrat acide, granitique ou gréseux, superficiel et squelettique, de type « ranker podzol », mais non totalement désaturé en cations en raison des embruns ; humus de type moder-mor.
Diversité typologique principale fonction des qualités édaphiques et de la situation géographique, variations secondaires selon l’exposition et le positionnement de l’habitat dans la séquence zonale de falaise. Trois types principaux sont distingués et présentés ci-après.
En situation hyperatlantique fraîche, sur les promontoires finistérien et ouessantin, lande littorale à Scille printanière et Bruyère cendrée [Scillo vernae-Ericetum cinereae].
Dans les régions eu- et hyperatlantiques, sur substrat sec, lande à Ajonc de Le Gall prostré et Bruyère cendrée [Ulici humilis-Ericetum cinereae], avec les variantes suivantes :
- une sous-association à Armérie maritime [subass. armerietosum maritimae], plus aérohaline, avec : Armérie maritime (Armeria maritima), Silène maritime (Silene vulgaris subsp. maritima), Carotte porte-gomme (Daucus gummifer);
- une sous-association typique [subass. typicum];
- une sous-association à Brachypode penné [subass. brachypodietosum pinnati], à substrat enrichi par envol d’arènes ou proximité de roches diabasiques, avec : Brachypode groupe penné (Brachypodium gr. pinnatum), Rosier à feuilles de boucage (Rosa pimpinellifolia)… ;
- une sous-association à Bruyère ciliée [subass. ericetosum ciliaris], sur substrats plus frais, à Bruyère ciliée (Erica ciliaris), Siméthis à feuilles planes (Simethis mattiazzii), Molinie bleue (Molinia caerulea).
Dans les régions eu- et hyperatlantiques, sur substrat plus humide (ranker/gley podzol), des bordures de dépression des plateaux sommitaux, lande littorale à Ajonc de Le Gall prostré et Bruyère ciliée [Ulici humilis-Ericetum ciliaris], avec les variantes suivantes :
- une sous-association à Bruyère vagabonde [subass. ericetosum vagantis], plus thermophile, particulière aux îles morbihannaises, avec la Bruyère vagabonde (Erica vagans);
- une sous-association typique [subass. typicum];
- une sous-association à Bruyère à quatre angles [subass. ericetosum tetralicis], en conditions plus humides, à Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), Saule rampant (Salix repens), Laîche faux panic (Carex panicea), Bruyère de Watson (Erica x watsonii)…
Landes rases, parfois très rases et ouvertes, toujours fortement anémomorphosées, dominées par les chaméphytes, prenant souvent un aspect très typique en gradin linéaire ou en coussinet.
Les espèces halophiles de l’étage aérohalin peuvent se retrouver dans l’habitat mais en moindre proportion que dans les landes littorales sur sol assez profond [Dactylido oceanicae-Uliceta maritimi ; fiche 4030-2] .
Physionomie générale marquée par la dominance ou la codominance de quelques espèces : Callune vulgaire (Calluna vulgaris), Ajonc de Le Gall prostré (Ulex gallii f. humilis), Bruyère cendrée (Erica cinerea), Bruyère ciliée.
La lande littorale à Bruyère cendrée et Ajonc d’Europe maritime [Ulici maritimi-Ericetum cinereae ; fiche 4030-2] est très proche et précède souvent zonalement l’habitat. Elle se distingue par la floraison printanière (et non estivale) de l’Ajonc d’Europe maritime et par son positionnement plus proche des pelouses aérohalines des pentes des falaises que des plateaux.
Quasiment nulle, végétation primaire à subprimaire, spécialisée, permanente, soumise à de fortes contraintes du milieu (vents, embruns, sols).
Légère dynamique vers les fourrés littoraux (Ulici maritimi-Prunetum spinosae) [Ulici europaei-Rubion ulmifolii, code Corine : 31.83] possible en situation quelque peu protégée ou sur substrat bouleversé (tranchées, bords de routes…). Le Saule roux (Salix acuminata) peut se montrer agressif vis-à-vis des communautés des sols frais. Le Pin maritime (Pinus pinaster) introduit peut se montrer redoutable par un développement couvrant bas et anémomorphosé asphyxiant l’habitat.
Les incendies enclenchent une dynamique cyclique de reconstruction mettant en jeu des communautés de thérophytes [Thero-Airion, code Corine : 35.21] ou de dalles rocheuses [Sedion anglici] au sein de la « lande à Ajonc de Le Gall prostré et Bruyère cendrée ». Celle-ci n’existe pas avec la « lande littorale à Ajonc de Le Gall prostré et Bruyère ciliée » dont le substrat plus frais préserve de la combustion les souches des plantes vivaces.
En contact inférieur : végétations des pelouses aérohalines [Crithmo maritimi-Armerion maritimae, code UE : 1230], landes atlantiques littorales sur sol assez profond [Dactylido oceanicae-Uliceta maritimi, code UE : 4030].
En contact supérieur ou latéral : fourrés acidiphiles littoraux [Ulici europaei-Rubion ulmifolii, code Corine : 31.83], dalles rocheuses littorales à Orpin d’Angleterre (Sedum anglicum) [Sedion anglici], parois rocheuses lichéniques, pelouses maigres à Agrostide capillaire (Agrostis capillaris), ptéridiaies [Conopodio majoris-Teucrion scorodoniae].
En dynamique cyclique : plages thérophytiques du Thero-Airion [code Corine : 35.21], incluant des espèces rares comme la Romulée de Columna (Romulea columnae).
Lande à Scille printanière et Bruyère cendrée : localisée sur les promontoires de l’ouest finistérien et des îles (Ouessant).
Lande à Ajonc de Le Gall prostré et Bruyère cendrée : pourtour armoricain avec un maximum d’extension sur les côtes nord et ouest bretonnes.
Lande à Ajonc de Le Gall prostré et Bruyère ciliée : répartition identique au type précédent, bien présente aussi à Belle-Île.
Principalement liée à l’originalité et à la rareté de cet habitat très spécialisé.
À remarquer la présence de nombreux écotypes littoraux d’espèces diverses : Ajonc de Le Gall (Ulex galii), Ajonc d'Europe (Ulex europaeus), Fétuque groupe rouge (Festuca gr. rubra), Fétuque groupe ovine (Festuca gr. ovina), Solidage verge-d’or (Solidago virgaurea), Épervière en ombelle (Hieracium umbellatum), Violette de Rivinius (Viola riviniana)…
Taxons remarquables : Violette lactée (Viola lactea), Siméthis à feuilles planes, Bruyère de Watson.
Maintien des diverses sous-associations et sous-habitats qui constituent une expression complète de la biodiversité de l’habitat.
Préserver les formes optimales de bonne densité, mais aussi les formes pionnières, ouvertes (les plus spectaculaires physionomiquement comme expression anémomorphosée) et l’ensemble des séquences de variations floristico-édaphique et topographique.
Évolution spontanément nulle ou extrêmement lente, sauf en situation semi-protégée ou sur site altéré.
Menaces principales : envahissement et plantation de Pin maritime, destruction par piétinement mettant la roche à nue, destruction par incendie.
Aucune valorisation économique directe ; cet habitat participe néanmoins à un paysage très apprécié du public, d’où une valorisation économique indirecte.
Des expériences de gestion intéressantes sont menées actuellement en Grande-Bretagne, il pourrait être intéressant de les expérimenter en France.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)