4060-4 - Landes subalpines acidiphiles hautes à Rhododendron ferrugineux

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage subalpin (et parfois montagnard) en ubac.
Landes exigeant une abondante couverture neigeuse tout au long de l’hiver et un déneigement assez tardif en début de saison, car le Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) est très sensible aux froids printaniers et évite les pentes trop vite libérées de leur manteau neigeux.
Résistance faible au froid lorsque cette Éricacée fleurit ou donne de jeunes pousses (ne supporte par des températures inférieures à - 3 °C alors).
Substrats siliceux ou calcaires.
Sols de type alpin humique avec une grande richesse en débris végétaux et en humus, pH acide.
Habitat colonisant les pierrailles, les éboulis et les pelouses.
Présence de rhodoraies extrasylvatiques (forêts détruites par l’homme au cours du temps) et de rhodoraies sylvatiques sous divers couverts.

Variabilité

Variabilité principale des rhodoraies liée à la situation géographique :
- dans les Alpes et le Jura, rhodoraie à Myrtille et Rhododendron ferrugineux [Vaccinio myrtilli-Rhododendretum ferruginei], extrasylvatique ou sous couvert de Sapin blanc (Abies alba) (Alpes du sud, en montagnard et subalpin inférieur) ou de Pin à crochets (Pinus uncinata) (Jura aussi), de Mélèze (Larix decidua), de Pin cembro (Pinus cembra), ou de Pin mugo (Pinus mugo), avec la Luzule de Sieber (Luzula sieberi);
- dans les Pyrénées, rhodoraie à Saxifrage faux géranium et Rhododendron ferrugineux [Saxifrago geranioidis-Rhododendretum ferruginei], extrasylvatique ou sous couvert de Sapin blanc (montagnard et subalpin inférieur) ou de Pin à crochets (subalpin moyen et supérieur), avec : Saxifrage faux géranium (Saxifraga geranioides), Séneçon des Pyrénées (Senecio pyrenaicus), Gentiane de Burser (Gentiana burseri)…

Les sapinières à Rhododendrons, les pinèdes à crochets, les cembraies et les bois de Pin mugo sont décrits par ailleurs dans les « Cahiers d’habitats » forestiers.

Physionomie, structure

Très variable selon qu’il s’agisse : -de landes extrasylvatiques : couverture dense de Rhododendron ferrugineux ou de Myrtille (Vaccinium myrtillus) et d’un tapis dense de bryophytes ; -de landes sous couvert arboré, avec trois strates : une strate arborée avec diverses espèces possibles (voir ci-dessus) ; une strate arbustive basse avec Rhododendron ferrugineux, Chèvrefeuille noir (Lonicera nigra), Chèvrefeuille bleu (Lonicera caerulea), Myrtille, Airelle des marais (Vaccinium uliginosum), Rosier des Alpes (Rosa pendulina)… ; une strate herbacée avec l’Homogyne des Alpes (Homogyne alpina)
[N.B. : ces dernières formations relèvent des habitats forestiers dont elles dérivent].

Confusions possibles

Le sous-bois de diverses forêts subalpines est très semblable à ces landes extrasylvatiques ; celles-ci s’en distinguent par l’absence de strate arborescente.
Les rhodoraies se distinguent des autres landes par l’abondance des espèces hygrosciaphiles.

Dynamique

Rhodoraies extrasylvatiques inscrites dans des potentialités diverses de forêts résineuses subalpines : sapinières très acidiphiles, pinèdes de Pin à crochets, cembraies à Mélèze, brousses de Pin mugo.
Après abandon pastoral de pelouses subalpines issues du défrichement des forêts subalpines, dynamique lente de reconstitution des rhodoraies.

Habitats associés ou en contact

Pineraies à crochets sur Rhododendron ferrugineux [code UE : 9430], sapinières acidiphiles sur Rhododendron ferrugineux [Rhododendro ferruginei-Abietenion albae, code Corine : 42.133], forêts à Pin cembro et Mélèze [code UE : 9420], forêts acidiphiles de Pin mugo [Pinion mugo].
Landes acidiphiles subalpines basses à Airelle des marais [Loiseleurio procumbentis-Vaccinion microphylli ; code UE : 4060].
Landes acidiphiles montagnardes d’ubac [Genisto pilosae-Vaccinion uliginosi, code UE : 4030].
Pelouses acidiphiles subalpines à Nard raide (Nardus stricta) [Nardion strictae, code UE : 6230] ou montagnardes [Violion caninae, code UE : 6230].
Rochers siliceux subalpins avec végétation dans les fentes [Androsacion vandellii, code UE : 8220].
Éboulis siliceux subalpins [Androsacetalia alpinae, code UE : 8110].

Répartition géographique

Alpes à l’étage subalpin (voire montagnard), Jura (plus rare).
Pyrénées à l’étage subalpin et montagnard.

Valeur écologique et biologique

Habitat très répandu à l’étage subalpin des hautes montagnes et tendant à s’étendre (très lentement) du fait de la déprise pastorale.
Grand intérêt des lambeaux fragmentaires des zones les plus froides du Jura, ainsi que des rhodoraies montagnardes pyrénéennes souvent en mélange avec des landes à Callune vulgaire, à Bruyère vagabonde (Erica vagans) et à Genévrier commun (Juniperus communis).
Habitat de prédilection pour le Tétras lyre (Tetrao tetrix).

États de conservation

États à privilégier :
Landes extrasylvatiques.
Autres états observables :
Landes arborées.

Tendances et menaces

Landes ne supportant pas une charge en bétail trop importante (elles sont alors remplacées par des pelouses acidiphiles à Nard raide, Nardus stricta). Mais le problème actuel des montagnes est plutôt la déprise pastorale et ces landes s’étendent peu à peu aux dépens des pelouses.
Habitat menacé à moyen terme par le retour de la végétation arborescente (on passe alors à d’autres habitats de la directive).
L’idéal serait de maintenir une certaine pression de pâturage assurant le maintien de mosaïques : pelouses/landes/forêts.

Potentialités intrinsèques de production

Ces landes font essentiellement l’objet d’un usage pastoral, mais leur valeur fourragère varie en fonction du degré d’ouverture et du développement de la strate herbacée.
Les landes les plus fermées (> 50 % de ligneux) n’ont aucun intérêt pastoral : difficile aux animaux d’y pénétrer, mauvaise appétence et faible productivité de la strate herbacée ; ces landes peuvent être réservées à des animaux non laitiers.
Le potentiel théorique fourrager dépend étroitement du degré de fermeture de la lande, puisqu’il est compris entre 40 et 220 UFL/ha pour les landes ouvertes, moins de 40 UFL/ha pour les landes fermées.
Intérêt apicole dans les Pyrénées.

Axes de recherche

Absence de données.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)