Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages mésoméditerranéen et supraméditerranéen, plus rarement montagnard.
Plateaux et crêtes ventés, rebords de corniches, lapiaz.
Pentes variées mais le plus souvent faibles.
Calcaires durs (par exemple d’âge Urgonien), calcaires en plaquettes, dolomies.
Sols généralement squelettiques, de type rendzine mais pouvant dans certains cas présenter une bonne épaisseur de terre fine (3040 cm).
Sur les crêtes, systèmes naturels primaires ; ailleurs, systèmes secondaires hérités de pâturages extensifs localement encore actifs.
Diversité typologique primaire en fonction de la localisation géographique, de l’altitude, des substrats et des sols :
- sur les crêtes calcaires ventées, pelouse à Genêt de Lobel [Genistetum lobelii], groupement mixte de chaméphytes comme le Genêt de Lobel (Genista lobelii), le Grand Éphèdre (Ephedra major), la Santoline petit-cyprès (Santolina chamaecyparissus) et d’herbacées vivaces comme le Scorzonère d’Autriche (Scorzonera austriaca), la Jurinée humble (Jurinea humilis); variante enrichie de l’Alysson épineux (Hormatophylla spinosa) sur les lapiaz sommitaux des collines varoises littorales ;
- sur les plateaux des massifs provençaux plus septentrionaux, pelouse à Minuartie de Villars et Genêt de Villars [Minuartio villarsii-Genistetum villarsii], végétation plus basse à Coincye des montagnes (Coincya cheiranthos subsp. montana), Alysson à feuilles de serpolet (Alyssum serpyllifolium), Lomélosie à feuilles de graminées (Lomelosia graminifolia) ; sols squelettiques avec plaquettes de calcaire et affleurements de la roche-mère calcaire ;
- sur les sols squelettiques développés sur substrats dolomitiques, pelouse à Potentille cendrée et Bugrane striée [Potentillo velutinae-Ononidetum striatae], riche en Fabacées avec Bugrane striée (Ononis striata), Bugrane naine (Ononis pusilla), Cytise d’Ardoino (Cytisus ardoini) et Leucanthème de Burnat (Leucanthemum burnatii);
- sur des sols plus profonds et plus riches en terre fine, le plus souvent sur calcaire dolomitique, pelouse à Scorzonère d’Espagne et Renoncule graminée [Scorzonero hispanicae-Ranunculetum graminei], à Scorzonère d’Espagne (Scorzonera hispanica), Plantain argenté (Plantago argentea) et Renoncule graminée (Ranunculus gramineus) ; localement enrichie par la Pivoine voyageuse (Paeonia officinalis subsp. microcarpa).
Diversité secondaire associée à la régression du pâturage qui entraîne un accroissement de l’importance de quelques chaméphytes : Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia), Dorycnie à cinq folioles (Dorycnium pentaphyllum) dont le développement est limité par la dent du troupeau [aspect dominant dans le camp militaire du Plan de Canjuers (Var)].
Formations montrant une mosaïque fine de chaméphytes (40-50 cm de haut) et d’herbacées vivaces (30-40 cm).
La pelouse à Genêt de Lobel rappelle les formations à xérophytes épineux en coussinets des montagnes méditerranéennes plus méridionales.
Recouvrement en général faible (moins de 50 %).
Les communautés à genêts épineux sont tout à fait originales et ne prêtent guère à confusion. Les pelouses à chaméphytes non épineux peuvent être confondues physionomiquement avec certaines garrigues ou pelouses à Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia), Stipe pennée (Stipa pennata), Anthyllide des montagnes (Anthyllis montana).
Spontanée :
Sur les crêtes, le vent et la sécheresse des sols limitent la dynamique des peuplements qui ne peuvent évoluer que vers des formations mixtes à Genévrier rouge (Juniperus phoenicea) et Chêne vert (Quercus ilex).
Ailleurs le troupeau bloque la dynamique des pelouses. La régression du pâturage se traduit par une augmentation du rôle des chaméphytes et des nanophanérophytes : Genêt cendré (Genista cinerea), Lavande à feuilles étroites, Sarriette des montagnes (Satureja montana), etc., qui annoncent la venue du Pin sylvestre (Pinus sylvestris) et du Chêne pubescent (Quercus humilis) ou du Hêtre (Fagus sylvatica).
Liée à la gestion :
Les pelouses sont maintenues en état par le passage du troupeau.
Sur les crêtes ventées, les pelouses à Genêt de Lobel sont au contact des yeuseraies à Genévrier rouge [Quercion ilicis, code Corine : 31.132].
Les autres types voisinent avec des lavandaies à feuilles étroites, des génistaies à Genêt cendré, des buxaies, des pinèdes de Pin sylvestre, des chênaies pubescentes supraméditerranéennes [Quercion pubescenti-sessiliflorae, code Corine : 41.711], voire des hêtraies montagnardes [Cephalanthero rubrae-Fagion sylvaticae, code UE : 9150].
Pelouse à Genêt de Lobel : collines littorales et sublittorales des Bouches-du-Rhône et du Var (Sainte-Baume, mont Olympe, mont Aurélien, Sainte-Victoire, montagne de La Loube, Roc de Candelon, mont Bessillon).
Pelouse à Minuartie de Villars et Genêt de Villars : haut secteur provençal (Lubéron, Ventoux, montagne de Lure, haut plateau varois, Préalpes du Verdon, de Castellane, de Grasse et de Digne et même Préalpes du Diois).
Pelouses à Potentille cendrée et Bugrane striée et à Scorzonère d’Espagne et Renoncule graminée : hauts plateaux varois, Préalpes du Verdon, de Castellane et de Digne.
Les communautés à genêts épineux et plus généralement à chaméphytes épineux en coussinets rappellent les formations équivalentes des montagnes d’Afrique du Nord et d’Espagne ; elles en constituent l’expression la plus nord-orientale.
L’ensemble des types est riche en espèces endémiques ou rares, souvent protégées.
Grande diversité entomologique et ornithologique.
États à privilégier :
Pelouses les plus riches en espèces caractéristiques pour le type à Genêt de Lobel.
Pour les autres, pelouses subissant le passage du troupeau et montrant un état optimal quant à la richesse floristique.
Autres états observables :
Habitats non ou peu parcourus appauvris par substitution d’espèces plus banales.
Dynamique très lente des pelouses à Genêt de Lobel en raison des caractéristiques climatiques et édaphiques des habitats.
Les autres formations, en l’absence de facteurs perturbants limitant la dynamique, peuvent évoluer vers des landes à Genêt cendré et Lavande à feuilles étroites, localement des buxaies, appelées à s’enrésiner par le Pin sylvestre. Le terme de l’évolution est la chênaie pubescente supraméditerranéenne, plus rarement la hêtraie montagnarde.
Plusieurs menaces potentielles en relation avec l’occupation nouvelle de l’espace par l’homme : -sur les collines littorales varoises, risque d’extension des structures touristiques ; -dans les zones plus internes, interdiction ou limitation du pâturage après appropriation de l’espace par des non-éleveurs ; -pour les stations proches des voies de communication, risque d’élimination lors des travaux routiers.
Sur les plateaux des massifs provençaux, les formations dominées par le Genêt de Villars forment des pelouses de très bonne qualité, typiques de fin de printemps et d’automne, et sur lesquelles les fétuques du groupe « ovines » deviennent très dominantes au niveau de la strate herbacée ; le Genêt de Villars n’est pas épineux et est donc largement consommé.
Ces parcours sont pâturés exclusivement par les ovins, en fin de printemps. La repousse d’automne est en général de très bonne qualité, variable en quantité selon les pluies de fin d’été. Au-dessus de 1 200 m, l’utilisation en estive est possible, mais il ne s’agit pas là du mode de gestion idéal.
Sur les crêtes calcaires ventées de Provence, l’habitat dominé par le Genêt de Lobel a un intérêt pastoral limité ; en effet, le Genêt de Lobel, très épineux, ne peut pas être consommé. Le milieu que ces garrigues claires d’altitude colonisent est plus rocheux, plus embroussaillé et moins enherbé que le précédent. Il s’agit d’un pâturage idéal pour les chèvres.
Étudier l’impact que peut avoir un pâturage caprin sur les formations à Genêt de Lobel.
Mesurer l’impact des techniques de brûlage dirigé et de débroussaillement mécanique sur le maintien des populations de Vipère d’Orsini.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)