Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage thermo-méditerranéen, bioclimat subhumide à humide.
De 0 à 300 m d’altitude, mais surtout entre 5 et 50 m.
Pentes variables, nulles à très fortes (jusqu’à 90°).
Situations abritées des vents dominants, en exposition sud.
Garrigues et maquis thermo-méditerranéens (« brousses »), pentes rocailleuses de coteaux arides, fissures de rochers, fonds de vallons ou thalwegs en bordure de cours d’eau à régime d’oued.
Biotopes xériques et chauds, soumis aux influences marines, ensoleillés, indifférents au substrat.
Substrats calcaires, calcaréo-marneux ou siliceux (phyllades, granites, poudingues).
Sols très superficiels ou assez profonds.
Le Palmier nain (Chamaerops humilis) participe en France à diverses végétations thermo-méditerranéennes dont la diversité typologique est en rapport avec la nature du substrat et la situation géographique :
- sur les escarpements calcaires et replats plus ou moins rocailleux du littoral des Alpes-Maritimes : fourrés et groupements préforestiers chauds à Caroubier à grands fruits (Ceratonia siliqua), Myrte (Myrtus communis) et Oléastre (Olea europaea var. sylvestris) [Myrto communis-Pistacietum lentisci] ;
- sur le littoral des Maures et de l’Estérel, en ambiance un peu plus fraîche : groupement intermédiaire entre le précédent et la forêt à Chêne vert et Pin d’Alep [Querco ilicis-Pinetum halepensis] ;
- dans certains vallons chauds du massif des Maures, à proximité de la mer : fourrés situés en ripisylve d’oueds thermo-méditerranéens, à ligneux sclérophylles thermophiles [phytocénoses complexes associant des communautés de l’Oleo sylvestris-Ceratonion siliquae et du Rubo ulmifolii-Nerion oleandri].
Variabilité secondaire rencontrée dans certaines situations :
- dans les fissures de rochers méridionaux : variante à espèces rupicoles thermophiles : Liseron de Sicile (Convolvulus siculus), Piptathère bleuâtre (Piptatherum coerulescens), Phagnalon des rochers (Phagnalon saxatile) et divers Cheilanthes (Cheilanthes pl. sp.) ;
- à proximité de la mer, variante à espèces de la ceinture halorésistante : matorral à Anthyllide barbe de Jupiter (Anthyllis barba-jovis), Thymélée hirsute (Thymelaea hirsuta), Séneçon cinéraire (Senecio cineraria), Euphorbe sapinette (Euphorbia pithyusa) [Anthyllido barbae-jovis-Thymelaetum hirsutae].
Physionomies différentes selon le type de substrat et les variantes bioclimatiques :
- dans les ambiances chaudes et humides, sur sols assez profonds :
fourrés à recouvrement total généralement voisin de 100 %, de 2 à 5 m de haut, où le Palmier nain apparaît en piqueté ; prédominance de divers arbres, notamment le Caroubier à grands fruits, et d’arbustes et de lianes sclérophylles : Smilax rude (Smilax aspera) et Garance voyageuse (Rubia peregrina);
- dans les ambiances plus sèches, et/ou sur substrat plus superficiel : fruticée de recouvrement plus faible (70-80 %) avec prédominance de nanophanérophytes comme l’Euphorbe arborescente (Euphorbia dendroides) et de chaméphytes ou hémicryptophytes transgressives thermophiles des Rosmarinetea officinalis : Fumana fausse bruyère (Fumana ericoides), Fumana à pédoncules grêles (Fumana laevipes), Avoine faux brome (Avenula bromoides);
- sur certaines pentes littorales : matorrals halorésistants bas (0,2 à 1 m) d’où émerge le Palmier nain, localement en extension ;
- en situation rupicole : peuplements clairsemés avec diverses chasmophytes et lianes.
Peu de confusions sont possibles, puisque cette communauté est essentiellement identifiable grâce à la présence du Palmier nain et des espèces thermophiles associées.
Spontanée :
La prédominance des types biologiques pérennes et les bonnes reprises de souche de la plupart des espèces des garrigues à Palmier nain constituent une garantie de maintien de ces communautés.
Garrigues à caractère assez stable dans les situations à contraintes stationnelles marquées (fissures de rochers, affleurements rocailleux).
Sur sols plus profonds, développement possible d’une strate supérieure dense à ligneux sclérophylles, comme le Chêne vert (Quercus ilex) et le Caroubier à grands fruits, ou caducifoliés comme le Chêne pubescent (Quercus humilis) et le Frêne à fleurs (Fraxinus ornus).
Liée à la gestion :
Pratiques de gestion très réduites sur l’ensemble des sites.
Les diverses variantes distinguées ne souffrent pas du passage d’incendies si la fréquence de ces derniers est modérée.
Garrigues méditerranéennes à Romarin officinal (Rosmarinus officinalis) et Bruyère à fleurs nombreuses (Erica multiflora) [Rosmarinion officinalis, code Corine : 32.4].
Ourlets méditerranéens mésothermes de Provence à Brachypode rameux (Brachypodium retusum) [Phlomido lychnitidis-Brachypodion retusi, code UE : 6220*].
Formations basses d’Euphorbes près des falaises [code UE : 5320].
Taillis de Laurier-sauce (Laurus nobilis) [code UE : 5310].
Forêts d’Oléastre et de Caroubier à grands fruits [Oleo sylvestris-Ceratonion siliquae, code UE : 9320].
Pinèdes méditerranéennes de Pins mésogéens endémiques [Quercion ilicis, code UE : 9540].
Forêts de Chêne vert (Quercus ilex) [Quercenion ilicis, code UE : 9340].
Forêts de Chêne liège (Quercus suber) [Quercenion suberis, code UE : 9330].
Mares temporaires méditerranéennes [code UE : 3170*].
Végétations chasmophytiques des pentes rocheuses, sous-types calcaires [code UE : 8210].
Galeries riveraines thermo-méditerranéennes [Nerio oleandri-Tamaricetea africanae, code UE : 92D0].
Provence : garrigues en extension, présente dans quelques sites du littoral, depuis le cap Sicié jusqu’à l’Estérel et dans des fonds de vallons de la bordure méridionale du massif des Maures (Var).
Côte d’Azur : présence sur le littoral oriental des Alpes-Maritimes, depuis Nice jusqu’à Menton : cap Ferrat, Roquebrune-Cap Martin, Eze, pentes méridionales des monts Boron et Alban.
Le palmier nain est une espèce protégée au niveau national, incluse en tant qu’espèce à surveiller en priorité dans le Livre rouge national de la flore menacée de France (tome I).
Formation très localisée, mais en extension, à distribution fragmentée en France du fait de l’urbanisation, en limite nord de l’aire de répartition de l’habitat et d’intérêt biogéographique majeur.
Diversité floristique importante pour les formations développées sur les escarpements rocailleux et pour les sites où existe une mosaïque de formations végétales.
Grande richesse en espèces thermo-méditerranéennes très localisées en France et en limite d’aire de répartition.
Nombreuses espèces végétales protégées au niveau national : Caroubier à grands fruits, Ophrys aurélien (Ophrys aurelia), Nivéole de Nice (Leucojum nicaeense), Vesce élevée (Vicia altissima), Lavatère maritime (Lavatera maritima), Sérapias négligé (Serapias neglecta), Isoète de Durieu (Isoetes duriaei), Anthyllide barbe de Jupiter, Statice nain de Provence (Limonium pseudominutum).
Nombreuses espèces végétales protégées au niveau régional : Coincye des montagnes (Coincya cheiranthos subsp. montana), Camélée à trois coques (Cneorum tricoccon), Coronille de Valence, Liseron de Sicile, Thymélée hirsute, Gaillet verruqueux (Galium verrucosum), Siméthis à feuilles planes (Simethis mattiazzii).
Espèces de l’annexe II de la directive « Habitats » :
Présence de la Nivéole de Nice (Leucojum nicaeense, code UE : 1871), localisée dans certains sites du littoral des Alpes-Maritimes.
États à privilégier :
Mosaïque de milieux semi-ouverts et de fourrés arbustifs denses, l’ensemble permettant la coexistence de diverses classes d’âge chez le Palmier nain et un bon maintien spatio-temporel de l’habitat.
Les zones ouvertes permettent une régénération optimale du Palmier nain, même si ce dernier peut se développer à l’intérieur de touffes denses de buissons sclérophylles.
Maintenir des zones littorales protégées de grandes étendues, favorables à l’extension de la garrigue à Palmier nain.
Garantir le maintien des interactions mutualistes intra-site (dispersion par vertébrés, pollinisation par un Charançon, Derelomus chamaeropis).
Autres états observables :
Extension en cours de l’habitat, attestée par la présence de plantules de Palmier nain dans diverses pelouses littorales ou plus internes.
Extension notable de l’habitat dans les secteurs semi-naturels encore préservés du littoral de Provence et Côte d’Azur. Les raisons de cette extension sont multiples : arrêt des pratiques agropastorales, facilitant le bon développement de l’appareil aérien à partir de souches anciennes ; tendance à un réchauffement climatique, favorisant la plupart des espèces thermophiles de cette garrigue ; dispersion et germination à partir des individus de Palmier nain fréquemment cultivés.
Interférences entre la dynamique de progression d’individus de Palmier nain a priori naturels (issus de souches autochtones) et celle explicable par la dispersion et l’extension de jeunes individus et plantules issus de populations plantées dans les parcs et jardins.
Risque local de colonisation par diverses exotiques comme le Mimosa (Acacia dealbata), le Lierre du Cap (Senecio angulatus), voire pour certains sites littoraux par les Griffes de sorcière (Carpobrotus pl. sp.).
Prélèvements possibles d’individus de Palmier nain en raison du caractère attractif de l’espèce.
Valeur paysagère assez importante et possibilité d’exploitation pour l’horticulture et la fleuristerie.
Approfondir la compréhension du mutualisme du Palmier nain avec le pollinisateur Derelomus chamaeropis.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)