Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages thermo-méditerranéen et mésoméditerranéen inférieur, de 2 m à 90 m d’altitude.
Exposition quasi permanente aux embruns et, de temps à autre, aux fortes tempêtes, subissant de la fin du printemps au début de l’automne un très fort déficit hydrique.
Pentes très variables, depuis la verticalité de falaises jusqu’à la platitude des plates-formes et des bordures dans le cas du plateau de Bonifacio.
Substrats très variés : calcaires dénudés, granites dénudés, schistes dénudés, colluvions fines, colluvions grossières, sables.
Sol généralement de type squelettique, avec peu d’humus.
Grande diversité typologique en rapport :
- avec le degré d’exposition aux tempêtes, elle-même liée à l’éloignement de la mer, à l’altitude, à l’orientation par rapport aux vents et à la pente ; -avec les impacts subis, anciens ou plus ou moins récents (incendies, pacages de moutons, de chèvres et de bovins, coupes de bois, terrassements, manœuvres militaires…) et les stades de succession après l’arrêt des impacts ;
- avec la localisation géographique en Corse : présence de l’Immortelle d’Italie (Helichrysum italicum subsp. italicum) dans toute la Corse littorale sauf le sud-ouest et le sud, où se localise l’Immortelle à petites feuilles (Helichrysum italicum subsp. microphyllum) ; particularités de la flore des environs de Bonifacio qui possèdent les seules stations corses de l’Armoise à fleurs denses (Artemisia caerulescens subsp. densiflora), de l’Astragale de Terracciano (Astragalus terraccianoi), de l’Astérolide maritime (Asteriscus maritimus). Extension spatiale réduite des habitats correspondant aux associations Helichryso microphylli-Astragaletum terraccianoi et Helichryso microphylli-Asteriscetum maritimi.
On reconnaît actuellement les types listés ci-après et regroupés en deux grands ensembles.
Formations chaméphytiques à Immortelles, à Astragale de Terraciano et à Astérolide maritime :
- garrigue à Thymélée hirsute (Thymelaea hirsuta) et Immortelle d’Italie [Thymelaeo hirsutae-Helichrysetum italici];
- garrigue à Euphorbe sapinette (Euphorbia pithyusa) et Immortelle à petites feuilles [Euphorbio pithyusae-Helichrysetum microphylli];
- garrigue à Immortelle à petites feuilles et Astragale de Terraciano [Helichryso microphylli-Astragaletum terracianoi];
- garrigue à Immortelle à petites feuilles et Astérolide maritime [Helichryso microphylli-Asteriscetum maritimi];
- garrigue à Euphorbe sapinette et Immortelle d’Italie [Euphorbio pithyusae-Helichrysetum italici] (côte occidentale) ;
- garrigue à Immortelle d’Italie et Ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius)[Helichryso italici-Cistetum salviifolii] (côte occidentale) ;
- garrigue à Ciste à feuilles de sauge et Immortelle à petites feuilles [Cisto salviifolii-Helichrysetum microphylli] (côte occidentale) ;
- garrigue à Immortelle d’Italie et Armoise à fleurs denses [Helichryso microphylli-Artemisietum densiflorae];
- garrigue à Œillet des rochers et Thymélée tarton-raire [groupement à Dianthus sylvestris et Thymelaea tartonraira];
- génistaie à Astragale de Marseille (Astragalus tragacantha) et Genêt de Corse (Genista corsica)[Astragalo massiliensis-Genistetum corsicae];
Formations nanophanérophytiques à Anthyllide barbe de Jupiter (Anthyllis barba-jovis):
- pré-maquis à Pistachier lentisque (Pistacia lentiscus) et Anthyllide barbe de Jupiter [Pistacio lentisci-Anthyllidetum barbae-jovis];
- pré-maquis à Romarin officinal et Anthyllide barbe de Jupiter [Rosmarino officinalis-Anthyllidetum barbae-jovis];
- pré-maquis à Ciste de Crête (Cistus creticus) et Anthyllide barbe de Jupiter [Cisto cretici-Anthyllidetum barbae-jovis].
D’après la structure (hauteur moyenne et degré de recouvrement), se distinguent deux types principaux de formations, avec cependant des transitions entre elles : celles dominées par les chaméphytes et les nanophanérophytes basses (de moins de 1 m) ; celles dominées par les nanophanérophytes hautes (de plus de 1 m).
Les premières correspondent aux garrigues basses et plus ou moins claires : -à Anthyllide de Hermann (Anthyllis hermanniae), Germandrée capitée (Teucrium capitatum) et Euphorbe épineuse (Euphorbia spinosa); -à Immortelle d’Italie et Ciste à feuilles de sauge ; -à Immortelle à petites feuilles et Ciste à feuilles de sauge ; -à Armoise à fleurs denses, à Camphorine de Montpellier (Camphorosma monspeliaca) et à Astérolide maritime ; -à Immortelle à petites feuilles et Astragale de Terracciano, celle-ci formant des coussinets épineux.
Les secondes correspondent : -aux génistaies épineuses à Astragale de Terracciano et Genêt de Corse ; -aux formations à Anthyllide barbe de Jupiter.
Les transitions des garrigues basses et claires, d’une part, avec les habitats fortement soumis à l’influence maritime [Crithmo maritimi-Staticetea, code UE : 1240] et, d’autre part, avec les maquis littoraux des Pistacio lentisci-Rhamnetalia alaterni peuvent entraîner des incertitudes à proximité des contacts.
Pour les garrigues basses et claires la confusion avec ces habitats est évitable en tenant compte : -des espèces dominantes, qui ne doivent appartenir ni aux Crithmo maritimi-Staticetea ni aux Pistacio lentisci-Rhamnetalia alaterni ; -de la dominance des types biologiques chaméphytiques dressés et/ou en coussinets épineux.
Pour les formations à Anthyllide barbe de Jupiter, la présence de cette espèce évite toute confusion avec d’autres habitats.
Spontanée :
Au bas des pentes, les garrigues basses et claires ont actuellement un caractère quasi permanent, en raison des fortes contraintes stationnelles, principalement liées aux embruns, aux tempêtes d’hiver et à la sécheresse d’été.
Dans des situations plus protégées de l’influence maritime, surtout dans les parties hautes des pentes, une évolution lente vers des matorrals bas à Genévrier turbiné (Juniperus phoenicea subsp. turbinata) et Pistachier lentisque [Juniperion turbinatae, code UE : 5210] est possible.
Liée à la gestion :
Transformation ancienne, à la suite de pacage, en une mosaïque entre une pelouse à Dactyle d’Espagne (Dactylis glomerata subsp. hispanica) et Chiendent dactyle (Cynodon dactylon) et les chaméphytes.
Du côté de la mer, rochers et plates-formes très exposés aux tempêtes, à végétation très claire à Crithme maritime (Crithmum maritimum), divers Statices (Limonium pl. sp.), la plupart endémiques (Limonium articulatum, Limonium contortirameum, Limonium obtusifolium), Frankénie lisse (Frankenia laevis), Spergulaire à grosse racine (Spergularia macrorhiza), Obione faux pourpier (Halimione portulacoides) [Crithmo maritimi-Staticetalia, code UE : 1240].
Du côté opposé de la mer, matorral bas à Genévrier turbiné et Pistachier lentisque [Juniperion turbinatae, code UE : 5210].
En mosaïque, sur des substrats assez épais, pelouses à Dactyle d’Espagne, Carotte d’Espagne (Daucus carota subsp. hispanicus), Brachypode rameux (Brachypodium retusum) et Asphodèle d’été (Asphodelus aestivus).
En mosaïque, sur la roche presque nue, pelouses printanières thérophytiques, rases et claires, à Catapode marine (Catapodium marinum) et Évax arrondi (Evax rotundata).
En Corse, les garrigues très basses et plus ou moins claires se répartissent ainsi : -garrigues à Thymélée hirsute et Immortelle d’Italie : proches de la pointe du cap Corse (à proximité du sémaphore) ; -garrigues à Euphorbe sapinette et Immortelle d’Italie, à Immortelle d’Italie et Ciste à feuilles de sauge : répandues sur presque toute la côte rocheuse occidentale de la Corse, en particulier dans les Agriates, au nord d’Ajaccio, sur les plates-formes et les pointes depuis Propriano jusqu’à Tizzano ; -garrigues à Ciste à feuilles de sauge et Immortelle à petites feuilles : présentes sur les plates-formes des côtes sud-occidentale et méridionale ; -garrigues à Immortelle d’Italie et Armoise à fleurs denses, à Euphorbe sapinette et Immortelle à petites feuilles, à Immortelle à petites feuilles et Astérolide maritime : environs de Bonifacio (vallée de Fazzio et côte du cap Pertusato).
Garrigues à Œillet des rochers et Thymélée tarton-raire : La Revellata (ouest de Calvi) et Nonza (ouest du cap Corse).
Garrigues nanophanérophytiques à Immortelle à petites feuilles et Astragale de Terraciano et génistaies épineuses à Astragale de Marseille et Genêt de Corse : uniquement au cap Pertusato.
Les pré-maquis à Anthyllide barbe de Jupiter de Corse (prémaquis à Pistachier lentisque et Anthyllide barbe de Jupiter, à Romarin officinal et Anthyllide barbe de Jupiter, à Ciste de Crète et Anthyllide barbe de Jupiter) ont une répartition ponctuelle ou linéaire en cinq petites stations : -quatre à l’est de Bonifacio (Cala di Labra, Sperone, Capu Biancu et île Lavezzu) ; -une sur la façade orientale du nord du cap Corse (Marine de Meria).
Les garrigues des environs de Bonifacio ont une extension très réduite, ce qui les rend uniques en Corse et leur confère une grande valeur écologique et patrimoniale.
Ces garrigues basses littorales présentent des endémiques et des espèces rares.
Espèces endémiques cyrno-sardes (CySa) et corses (Co) : Armoise à fleurs denses (CySa), Astragale de Terracciano (CySa), Érodion de Corse (Erodium corsicum) (CySa), Évax arrondi (CySa), Spergulaire à grosse racine (CySa), Statice articulée (Limonium articulatum) (CySa), Statice à feuilles obtuses (Limonium obtusifolium) (Co).
Espèces rares en Corse et, pour certaines, protégées (« ° ») : °Anthyllide barbe de Jupiter, Astérolide maritime, Camphorine de Montpellier, °Violier à trois pointes (Matthiola tricuspidata), °Thymélée tarton-raire.
États à privilégier :
Tous les états sont à maintenir, sans gestion particulière, pour le moment.
Autres états observables :
Néant.
Dans le cas des formations chaméphytiques basses et claires, les tendances évolutives naturelles varient suivant les conditions stationnelles :
-sur les fortes pentes des substrats calcaires, tendance à l’érosion et à la dénudation, par l’action de l’eau de mer des tempêtes, de l’eau de pluie des orages violents et de l’action du vent, le piétinement par les animaux et l’homme contribuant à faciliter l’enlèvement des éléments fins ; -loin de la mer et sur des pentes moins fortes et/ou présentant un substrat meuble épais, les matorrals environnants ont tendance à envahir ces garrigues.
De même, dans le cas des formations nanophanérophytiques à Anthyllide barbe de Jupiter, les tendances évolutives naturelles varient suivant les conditions stationnelles : -dans les falaises, l’évolution n’est pas possible et les pieds de l’Anthyllide barbe de Jupiter restent petits et éloignés les uns des autres ; -sur les pentes présentant des colluvions assez épaisses, diverses espèces comme le Chêne vert (Quercus ilex), le Pistachier lentisque et le Genévrier turbiné ont tendance à bien se développer et à constituer des matorrals de plus en plus hauts et de plus en plus denses.
Les menaces pesant sur les formations chaméphytiques basses et claires sont : -l’érosion du substrat ; -l’expansion, sur certains sites, des Griffes de sorcière (Carpobrotus edulis et C. acinaciformis) qui ont été anciennement introduites sur le littoral de la Corse.
La menace principale sur les formations nanophanérophytiques à Anthyllide barbe de Jupiter est leur recouvrement par l’expansion des matorrals denses et hauts à Chêne vert, Pistachier lentisque et Genévrier turbiné.
Garrigues et génistaies régulièrement soumises aux pacages ovin, caprin et éventuellement bovin dans les parties non primaires de l’habitat.
Ailleurs, aucune valorisation économique directe ; cet habitat participe néanmoins à un paysage très apprécié du public, d’où une valorisation économique indirecte.
Absence de données.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)