6170-13 - Pelouses calcicoles montagnardes sèches et thermophiles des Alpes méridionales sur sols rocailleux instables

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage essentiellement montagnard (méditerranéo-montagnard), surtout le montagnard supérieur, entre 1300 et 1900 m.
Série supérieure du Pin sylvestre.
Expositions chaudes (sud, sud-ouest, sud-est).
Pentes fortes (moyenne de 45 %).
Sur karst, escarpement rocheux.
Roches-mères : marne, marno-calcaire, calcaire plus ou moins dolomitique.
Sol développé sur éboulis fixé, instable en surface (glissement de cailloux), peu humifère, pierreux, riche en éléments figurés, de type rendzine initiale ou rendzine.

Variabilité

Variation d’ordre géographique et climatique :
- Alpes provençales : pelouse à Avoine toujours verte et Sabline cendrée [Aveno sempervirentis-Arenarietum cinereae]: groupement central le plus répandu qui est caractérisé par la Sabline cendrée (Arenaria cinerea), la Centaurée panachée (Centaurea triumfetti subsp. variegata), le Lis de Pompone (Lilium pomponium) et le Buplèvre penché (Bupleurum falcatum subsp. cernuum);
- Alpes intermédiaires méridionales : pelouse à Avoine toujours verte et Crépide blanchâtre [Aveno sempervirentis-Crepidetum albidae] : en limite nord-occidentale de l’habitat et dont les espèces caractéristiques sont mal connues.

Physionomie, structure

Pelouses d’allure steppique, écorchées, peu recouvrantes, dominées par l’Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) ou codominées par cette dernière et l’Avoine de Parlatore (Helictotrichon parlatorei) ; l’Avoine toujours verte forme un peuplement pur où les énormes touffes peuvent atteindre la taille d’un homme lorsqu’elles sont en fleurs.
Structure bistrate : strate haute dominée par l’Avoine toujours verte, strate basse composée de petites plantes herbacées en touffes et « d’arbustes nains » prostrés.
Les faciès régressifs extrêmes (brûlis trop souvent répétés) correspondent à une « steppe » monospécifique à avoine.
Après abandon pastoral, pelouse d’allure steppique piquetée par le Genêt cendré (Genista cinerea), le Buis (Buxus sempervirens), le Genévrier commun (Juniperus communis) et le Pin sylvestre (Pinus sylvestris).

Confusions possibles

La pelouse à Avoine toujours verte et Sabline cendrée sous le faciès à Avoine de Parlatore peut être confondue avec la pelouse à Fétuque en spadice (Festuca paniculata subsp. spadicea) et Avoine de Parlatore [Centaureo uniflorae-Festucetum spadiceae subass. avenetosum parlatorei] qui se développe sur roche cristalline et sur les pentes subalpines chaudes de la vallée de la Tinée [Festucion variae, code Corine : 36.331].
Avec les pelouses calcicoles orophiles sèches subalpines des Alpes maritimes et ligures développées à leur contact altitudinal supérieur [Avenion sempervirentis, code UE : 6170].

Dynamique

Spontanée :
Végétation secondaire issue de déforestations historiques anciennes, inscrites dans des potentialités de forêts calcicoles à Pin sylvestre, soumises à des influences méditerranéennes modérées, du Cephalanthero rubrae-Pinion sylvestris [code Corine : 42.591].
Après abandon pastoral, processus dynamique de reconstitution forestière plus ou moins lent selon les conditions stationnelles.
Les pelouses de cet habitat peuvent être issues de la fixation progressive des éboulis du Stipion calamagrostis [code UE : 8130] ; le retour vers l’éboulis est réversible compte tenu de l’état d’équilibre instable des sols.
Si la stabilité des sols le permet et préférentiellement sur les calcaires compacts, les pelouses à Avoine toujours verte peuvent évoluer vers une landine à Globulaire à feuilles en cœur (Globularia cordifolia) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) dominée par les arbustes nains prostrés.
La landine peut évoluer à son tour vers une garide à Genêt cendré (Genista cinerea) sur marno-calcaire ou Buis (Buxus sempervirens) sur calcaire compact dans laquelle on trouve aussi le Genévrier commun (Juniperus communis) et le Pin sylvestre (Pinus sylvestris).
Le stade forestier ultime est une pinède xérophile à Pin sylvestre et Bugrane à crête (Ononis cristata).

Liée à la gestion :
Une fréquence trop élevée des brûlis conduit à une « steppe » monospécifique à Avoine toujours verte.

Habitats associés ou en contact

Éboulis méditerranéens occidentaux et thermophiles des Alpes, plus particulièrement les éboulis thermophiles péri-alpins [code UE : 8130].
Pelouses calcicoles alpines [Avenion sempervirentis, code UE : 6170].
Landes alpines et subalpines, plus particulièrement les landes à genêt des hautes montagnes [code UE : 4060].
Pinèdes du Cephalanthero rubrae-Pinion sylvestris [code Corine : 42.591].

Répartition géographique

Pelouse à Avoine toujours verte et Sabline cendrée : Baronnies, Préalpes de Provence, Préalpes de l’Authion (Ortighea, Rauss, Ventabren, Arbouin, Colla Bassa), de Torrage, de la Marte, de Saccarel, Diois méridional (-).
Pelouse à Avoine toujours verte et Crépide blanchâtre : Vercors méridional (Glandasse), Dévoluy méridional, Diois septentrional.

Valeur écologique et biologique

Les pelouses écorchées de cet habitat représentent, avec les groupements rupestres, un des biotopes les plus riches en espèces, sous-espèces et variétés endémiques (la plupart sont des plantes des montagnes méridionales) : Sabline cendrée, Cytise d’Ardoino, Avoine toujours verte, Avoine sétacée, Panicaut épine-blanche, Koelérie alpicole…
Grande richesse en plantes des montagnes méridionales.
Deux espèces du Livre rouge national (tome I) : Sabline cendrée, Cytise d’Ardoino.
Deux espèces protégées au niveau national : Panicaut épine-blanche, Fritillaire d’Orient.
Une espèce protégée au niveau régional (PACA) : Sabline cendrée.

États de conservation

États à privilégier :
Pelouse écorchée pentue en mosaïque avec des éboulis en voie de fixation.
« Steppe » peu pentue entièrement herbacée, soumise à un pâturage extensif et présentant différentes phases dynamiques internes (zones ouvertes, zones fermées, ourlification irrégulière avec différents faciès…).
« Steppe » herbacée pâturée en mosaïque avec de la landine et de la garide.
Autres états observables :
Steppe à Avoine toujours verte, pauvre en espèces, consécutive à des brûlis trop fréquents.

Tendances et menaces

La déprise pastorale extensive a fait régresser les pelouses de cet habitat au profit de garides de moindre biodiversité. L’intensification pastorale locale banalise les pelouses et, notamment, le brûlage répété conduit à des formations d’une extrême pauvreté floristique.

Potentialités intrinsèques de production

Pelouses sèches à superficie très restreinte en France, vouées essentiellement à la transhumance ovine à l’étage montagnard, à préserver des risques d’érosion.
Certains des faciès de ces pelouses sont les témoins d’un abandon pastoral, zones de passage et milieu peu attractif (refus des avoines). L’intérêt intrinsèque de cet habitat est donc faible.

Axes de recherche

Trop peu de relevés phytosociologiques ont été effectués dans ce type de pelouses, notamment celles des Alpes intermédiaires méridionales où il n’existe pas de relevés détaillés publiés. Par conséquent leur caractérisation est encore floue ainsi que leur répartition géographique. Des recherches phytosociologiques complémentaires sont nécessaires.
Définir les périodes propices au pâturage et le chargement optimal.
Essayer à titre expérimental la gestion par le feu, suivie d’un pâturage intensif mené sur une courte période ; voir les expérimentations de brûlage lancées dans les Alpes maritimes (Authion).

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)