6170-14 - Pelouses calcicoles orophiles sèches des Pyrénées

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage essentiellement subalpin, depuis les limites supérieures de l’étage montagnard jusqu’aux limites inférieures de l’étage alpin.
Communautés des soulanes (adrets) bénéficiant d’un ensoleillement important et soumises à des conditions précoces de fonte des neiges.
Mésoclimat très chaud durant la journée et amplitudes thermiques entre le jour et la nuit souvent extrêmes.
Pelouses typiques des versants à forte pente.
Habitat nettement calcicole colonisant des sols jeunes et squelettiques (rendzine initiale) dont l’évolution et le profil varient en fonction de la pente.

Variabilité

Soulanes calcaires sèches et chaudes de l’étage subalpin pouvant atteindre la limite inférieure de l’étage alpin (1 8002 600 m).

Communautés, à forte empreinte oroméditerranéenne, se développant sur sol rocailleux depuis les Pyrénées-Orientales jusqu’au pic d’Orhy :
- secteur oriental : pelouse à Seslérie bleuâtre et Fétuque à balais [Seslerio caeruleae-Festucetum scopariae], avec : Bugrane à crête (Ononis cristata), Sarriette des Alpes (Acinos alpinus), Fritillaire des Pyrénées (Fritillaria nigra), Paronyque à feuilles de serpolet (Paronychia kapela subsp. serpyllifolia), Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), Germandrée des Pyrénées (Teucrium pyrenaicum);
- à l’est, dans les conditions les plus thermophiles des Pyrénées-Orientales, existe une sous-association différenciée par l’Ibéride des rochers (Iberis saxatilis) mieux représentée sur le versant espagnol, l’Astragale de Catalogne (Astragalus sempervirentis subsp. catalaunicus) peut apparaître dans cette zone orientale ; l’espèce caractérise les pelouses calcicoles à Fétuque à balais (Festuca gautieri subsp. scoparia) des versants à très forte pente et strictement exposés au sud, sur les soulanes de la haute chaîne, une sous-association moins chaude et moins sèche peut être individualisée, notamment par la présence de : Trèfle de Thal (Trifolium thalii), Oxytrope champêtre (Oxytropis campestris) et Hélianthème nummulaire (Helianthemum nummularium subsp. nummularium);
-secteur centro-occidental : pelouse à Oxytrope négligé et Fétuque à balais [Oxytropido pyrenaicae-Festucetum scopariae] jusqu’au pic d’Orhy à l’ouest.

Soulanes localisées de l’Ariège et de la haute vallée de la Garonne. Communautés très écorchées et à faible recouvrement caractérisées par une relative dominance de Bartsie en épi (Nothobartsia spicata), Globulaire à tige nue (Globularia nudicaulis), Hélianthème nummulaire (Helianthemum nummularium subsp. nummularium). Ces pelouses très appauvries et originales, dont le statut phytosociologique reste à définir [groupement à Bartsia spicata et Scabiosa cinerea Gruber 1978], pourraient être assimilées par leur caractère ouvert et en gradins aux pelouses à Fétuque à balais.

Soulanes très sèches du secteur des Pyrénées méridionales et localement sur le versant nord, très fortement soumises aux phénomènes périglaciaires et où se conjuguent de façon exacerbée les influences méditerranéennes et continentales de l’étage subalpin méridional entre 1 800-2 200 m : pelouse à Saponaire gazonnante et Fétuque à balais [Saponario caespitosae-Festucetum scopariae], d’aspect fortement ouvert, avec : Saponaire gazonnante (Saponaria caespitosa), Jurinée humble (Jurinea humilis) ; à noter l’absence de la Fritillaire des Pyrénées et de la Germandrée des Pyrénées.

Physionomie, structure

Pelouses ouvertes (recouvrement souvent inférieur à 60 %), dominées par des graminées hautement sociales, établies en gradins ou en piqueté le long des pentes et riches en chaméphytes en coussinets ou en nappes.
Le Pin à crochets (Pinus uncinata) peut s’installer lorsque le pâturage ovin diminue et en l’absence d’incendie, ainsi qu’une fruticée dominée par le Genévrier hémisphérique (Juniperus communis subsp. hemisphaerica).

Confusions possibles

Les pelouses en gradins dominées par la Fétuque gispet (Festuca eskia) dont l’aspect général est le plus proche, se différencient par une implantation sur substrat acide ou décarbonaté et l’absence quasi totale de chaméphytes.

Dynamique

Spontanée :
Il peut s’agir de formations primaires ou de formations secondaires issues d’un processus de déforestation historique ancien. La présence de l’habitat à l’étage alpin peut être interprétée dans certains cas comme une évolution des pelouses à Élyne fausse queue de souris (Kobresia myosuroides) [Oxytropido-Elynion myosuroidis, code UE : 6170] sous l’action d’une dynamique périglaciaire. Celle-ci a pu s’intensifier du fait d’une plus grande sensibilité au gel des milieux d’altitude en relation avec une diminution des précipitations neigeuses décrites dans le secteur oriental du massif.
Le stade forestier correspond à une pinède calcicole à tendance sèche à Raisin d’ours commun (Arctostaphylos uva-ursi) et Pin à crochets de l’Arctostaphylo uvae-ursi-Pinetum uncinatae.
La diminution de la pression pastorale entraîne une colonisation des pelouses par le Pin à crochets. Des ligneux bas s’installent secondairement et forment une strate arbustive dominée par le Raisin d’ours commun, le Cotonéaster à feuilles entières (Cotoneaster integerrimus) et le Genévrier hémisphérique (Juniperus communis subsp. hemisphaerica).

Liée à la gestion :
À étudier.

Habitats associés ou en contact

Habitat en contact dans les zones supérieures avec les pelouses calcicoles ouvertes à Élyne fausse queue de souris (Oxytropido-Elynion myosuroidis) [code UE : 6170] de l’étage alpin.
Sur les versants moins ensoleillés, soumis à un enneigement prolongé, les pelouses peuvent côtoyer les pelouses orophiles à Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [Primulion intricatae, code UE : 6170] ainsi que les landes à Dryade à huit pétales (Dryas octopetala) [code UE : 4060].
Un contact peut être envisagé avec les groupements des éboulis et pierriers calcicoles des versants sud (Crepidetum pygmaeae) [Iberidion spathulatae, code UE : 8130].
La pelouse peut également se développer à proximité de landes à Raisin d’ours commun [code UE : 4060] ; on la rencontre aussi en contact avec des pinèdes à Pin à crochets [code UE : 9430*], des pinèdes sylvestres calcicoles [code Corine : 42.561], ainsi que des hêtraies calcicoles [code Corine : 41.16].

Répartition géographique

Pelouses caractéristiques de l’étage subalpin des Pyrénées depuis le haut Vallespir (Pyrénées-Orientales) jusqu’au pic d’Orhy (Pyrénées-Atlantiques).

Valeur écologique et biologique

Habitat caractéristique et endémique de la haute montagne calcaire pyrénéenne en exposition sud.
Spectre biogéographique composé en majorité d’éléments orophiles sud-européens et oroméditerranéens.
Communautés riches en endémiques ou subendémiques pyrénéennes [Fétuque à balais, Saponaire gazonnante, Panicaut de Bourgat (Eryngium bourgatii), Gaillet des Pyrénées (Galium pyrenaicum), Fritillaire des Pyrénées, Adonis des Pyrénées (Adonis pyrenaica), Aspérule de Pyrénées, Astragale de Catalogne] et pouvant abriter des espèces protégées au niveau national (Adonis des Pyrénées, Jurinée humble).

États de conservation

États à privilégier :
Pelouse écorchée en gradins, riche en chaméphytes.
Autres états observables :
Stades dégradés et autres stades de la dynamique en fonction du degré d’abandon par le pastoralisme. Recolonisation par les ligneux, notamment le Pin à crochets et le Genévrier hémisphérique.

Potentialités intrinsèques de production

Présence de nombreuses graminées de faible qualité fourragère (Fétuque groupe ovine, Seslérie bleuâtre, Koelérie du Valais). La Fétuque à balais est une plante à limbe assez dur, délaissée par les animaux.
L’intérêt pastoral de cet habitat, caractéristique des paysages pyrénéens, est donc assez faible ; on le retrouve sur les parcours ovins où les animaux ne font qu’un passage. Au début de la transhumance, les animaux broutent volontiers les pousses jeunes, mais recherchent en fin de saison les pousses les plus tendres à la périphérie de la Fétuque à balais.
La Fétuque à balais contribue à stabiliser les pentes fortes et les éboulis calcaires sur lesquels elle se développe.

Axes de recherche

Une intervention sur les Pins à crochets en tant que semencier est-elle nécessaire -

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliography

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)