Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage montagnard : (900-) 1 000 à 1 600 m sur les versants nord et (1 250-) 1 350 à 1 800 m au sud.
Températures moyennes annuelles comprises entre 7 et 10 °C.
Précipitations moyennes de l’ordre de 1 300 à 2 000 mm avec une saison sèche qui n’excède pas un mois (15 juillet-15 août), souvent atténuée par les nébulosités ; enneigement de cinq à six mois.
Substrats schisteux, granitiques ou porphyriques, également observés sur sols calcaires.
Sol peu épais parfois rocailleux (pH 5,5 à 6).
Variabilité essentiellement selon les caractères du sol :
- sur sol peu filtrant : pelouse à Sagine poilue et Laîche du printemps [Sagino piliferae-Caricetum caryophylleae], fortement pâturée ;
- sur des sols très filtrants : pelouse à Flouve odorante et Brachypode penné [Anthoxantho odorati-Brachypodietum pinnati], moins pâturée que la précédente.
Espèces herbacées vivaces largement dominantes dans la pelouse à Sagine poilue et Laîche du printemps, persistant grâce au pâturage régulier des troupeaux qui empêche toute évolution vers des fruticées, d’où un aspect ras (hauteur de 5 à 20 cm, recouvrement de 80 à 100 %).
Hauteur plus importante (20-60 cm) dans la pelouse à Flouve odorante et Brachypode penné, et recouvrement variant de 70 à 100 %. La diminution du pâturage facilite le développement de formations hautes, avec dominance des hémicryptophytes.
Fréquence moindre des espèces annuelles et présence d’espèces annonçant les pelouses subalpines : Sagine poilue, Luzule en épi (Luzula spicata subsp. spicata), Plantain sarde (Plantago sarda).
Localement aucune.
Spontanée :
Pelouses résultant d’une évolution régressive après incendies et surpâturages.
Par évolution progressive, ces pelouses donnent des fruticées naines sur sol évolué et bien conservé [Berberido aetnensis-Genistetum lobelioidis ; Anthyllidion hermanniae, code UE : 4090]. Cette fruticée évolue par érosion du sol et pâturage vers le Thymo herbae-baronae-Genistetum lobelioidis [Anthyllidion hermanniae, code UE : 4090] qui se développe sur un sol peu évolué et dégradé.
Cette évolution peut continuer avec apparition de boulaies (Galio rotundifolii-Pinetum laricionis subass. anthyllidetosum hermanniae), puis ultérieurement de forêts climaciques de Hêtre, Fagus sylvatica, et/ou Sapin, Albies alba (Poo balbisii-Fagetum sylvaticae subass. fagetosum sylvaticae et subass. abietetosum albae) dans les secteurs les plus nébuleux, ou à Pin laricio, Pinus nigra subsp. laricio (Galio rotundifolii-Pinetum laricionis subass. luzuletosum pedemontanae) dans les secteurs plus secs.
Liée à la gestion :
Par augmentation des activités humaines (incendies, coupes, pâturage des troupeaux domestiques), les surfaces forestières se sont considérablement réduites au profit des fruticées et des pelouses ; une tendance inverse s’est légèrement instaurée ces dernières décennies en raison d’une diminution de la pression pastorale en montagne.
Par exploitation massive, le Sapin a fortement régressé ou disparu (San Petrone, Incudine) ; le Pin laricio a été favorisé vis-àvis du Hêtre et du Sapin.
Hêtraies et sapinières (Poo balbisii-Fagetum sylvaticae subass. abietetosum albae, code Corine : 42.14) [Galio rotundifolii-Fagenion sylvaticae].
Bosquets d’If, Taxus baccata, et de Houx, Ilex aquifolium (Asperulo odorati-Taxetum baccatae, code UE : 9580*) [Lathyrion veneti].
Forêts montagnardes de Pin laricio (Galio rotundifolii-Pinetum laricionis subass. luzuletosum pedemontanae et subass. anthyllidetosum hermanniae, code UE : 9540*) [Galio rotundifolii-Fagenion sylvaticae].
Clairières à Épilobe à feuilles étroites, Epilobium angustifolium [Epilobion angustifolii, code Corine : 31.871].
Fruticées à Épine-vinette de l’Etna, Berberis aetnensis, et Genêt de Salzmann, Genista salzmannii (Berberido aetnensis-Genistetum lobelioidis) [Anthyllidion hermanniae, code UE : 4090].
Éboulis (Dryopterido-Arrhenatheretum sardoi) [Arrhenatherion sardoi, code UE : 8130].
Sur tout l’étage montagnard de toute la Corse. Très bien individualisé sur les massifs de Tenda et du San Petrone (Castagniccia), l’habitat occupe des surfaces plus réduites dans les massifs centraux, où les forêts sont encore bien développées.
Habitat ne présentant pas de caractère de rareté, actuellement répandu sur une grande surface de l’étage montagnard des montagnes corses.
Il convient de signaler que localement ces pelouses peuvent présenter de beaux individus de Gagée jaune (Gagea lutea) qui, en populations toujours réduites, est une espèce protégée au niveau national et se raréfie partout par suite de l’abandon des pacages.
De même, présence de la Pivoine de Russo (Paeonia mascula subsp. russoi) qui est protégée en France (annexe II de la liste nationale).
États à privilégier :
Dans les massifs les plus centraux, l’horizon supérieur de l’habitat est riche en Plantain sarde et Pâturin violacé (Bellardiochloa variegata). Il se présente ainsi sous une forme de transition vers les pelouses alticoles.
Autres états observables :
Aucun.
Installées sur des sols généralement moins dégradés que ceux qui portent les fruticées naines, ces pelouses doivent leur existence et leur persistance à la fréquentation de divers troupeaux (ovins, caprins et bovins).
L’abandon de la pâture provoquerait une fermeture du milieu avec un développement massif du Genêt de Salzmann, et progressivement une colonisation des formations arborées.
Habitat des zones d’estives corses, soumis à un pâturage régulier de troupeaux domestiques (ovins, caprins, bovins).
Mieux cerner les pratiques courantes sur ce genre d’habitat afin de mieux saisir son impact.
Améliorer la connaissance des pratiques pastorales actuelles ; le manque d’information concernant les modes de gestion de ces habitats est gênant sur ces zones largement concernées par le pastoralisme.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)