Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage cryo-oroméditerranéen : -versants sud, entre 1 800 et 2 200 m ; -température moyenne annuelle de 3 à 7°C, précipitations moyennes annuelles de 1 400 à 2 000 mm ; -précipitations essentiellement constituées de neige entre novembre et mai ; -saison sèche de moins d’un mois ; -essentiellement localisé sur les versants ensoleillés et à proximité des crêtes ; -sol à épaisseur variable (5-30 cm), soumis à une très forte érosion éolienne et apparaissant très arénacé en surface.
Étage alpin : -compris entre 2 200 et 2 700 m sur les versants sud. Quelques sommets : massif du Cinto (2 710 m, altitude maximale de l’île), du Rotondo (atteignant 2 625 m) et du Renoso (2 357 m) ; -températures moyennes annuelles de 3 à - 1°C, précipitations moyennes annuelles pouvant être estimées à 2 000 mm, avec un creux estival du 15 juillet au 15 août. Ceci est largement compensé par de fréquents brouillards et la fonte des neiges ; -précipitations essentiellement constituées de neige ; -fortes insolations et vents violents déterminant un assèchement de l’atmosphère et des sols, compensé par une réserve d’eau provenant du manteau neigeux. Fortes amplitudes thermiques dès le début de l’été ;
-substrat rocheux rocailleux ;
-sols peu épais (50 à 60 cm), pH 5,2-5,6.
Variabilité principale selon l’altitude :
- à l’étage cryo-oroméditerranéen, pelouse à Paronyque à feuilles de renouée et Armérie à fleurs multiples [Paronychio polygonifoliae-Armerietum multicipitis]. Il existe aussi une sous-association représentée par des fruticées naines [subass. genistetosum lobelioidis] au sein desquelles on peut distinguer un faciès à Épine-vinette de l’Etna (Berberis aetnensis) et Genévrier nain (Juniperus sibirica) sur les sols mieux conservés, et un faciès à Genêt de Salzmann (Genista lobelioides) dominant sur les sols maigres et érodés ;
- sur les crêtes et adrets de l’étage alpin, pelouse à Calament de Corse et Leucanthémopsis tomenteux [Acino corsici-Tanacetum tomentosi].
Étage cryo-oroméditerranéen : -espèces vivaces, pour la plupart des hémicryptophytes ; -espèces de faible hauteur (3-20 cm) suite à de fortes contraintes écologiques (vents violents et pâturage) ; -recouvrement pouvant varier de 10 à 80 %, mais le plus souvent compris entre 30 et 60 % ; -la sous-association à Genêt de Salzmann présente un recouvrement supérieur car s’ajoutent certains nanophanérophytes et chaméphytes, le plus souvent épineux, qui donnent une allure de fruticée naine.
Étage alpin :
-très courte période de végétation entraînant l’absence de nanophanérophytes ;
-espèces herbacées vivaces, les hémicryptophytes étant accompagnées de quelques chaméphytes (dont certains en coussinet) et de très rares annuelles (thérophytes). Les taxons endémiques représentent 52 % des espèces ;
-hauteur : 5-10 cm, recouvrement : 20-40 %.
Localement aucune.
Spontanée :
Aucun arbre n’est présent à l’étage cryo-oroméditerranéen de la Corse. Les fruticées naines qui occupent l’essentiel de l’étage constituent la seule végétation potentielle. Aucun autre groupement n’est capable de le supplanter suite à la sécheresse relative et à la forte insolation qui règnent sur le versant sud. On parle de climax climatique.
La végétation de l’étage alpin apparaît comme constituée par un ensemble de groupements spécialisés, pratiquement permanents, de parois rocheuses, d’éboulis, de rocailles humides et de sols plus ou moins élaborés en ce qui concerne les pelouses. Toute évolution semble bloquée en raison de fortes contraintes climatiques.
Toutefois on peut remarquer que certains éboulis fixés ou des rocailles humides peuvent évoluer vers des pelouses. Considérant cet état comme climacique, on peut donc définir à l’étage alpin en adret, une série méso-xérophile à Calament de Corse et Leucanthémopsis tomenteux.
Liée à la gestion :
Aucune.
Étage cryo-oroméditerranéen : -éboulis à Coincye rectangulaire (Coincya cheiranthos subsp. rectangularis) [Sedo-Coincyetum rectangularis ; Arrhenatherion sardoi, code UE : 8130] ; -parois rocheuses siliceuses (Festuco sardoae-Phyteumetum serrati) [Potentillion crassinerviae, code UE : 8220] ; -parois rocheuses calcaires (Asplenio rutae-murariae-Arenarietum bertolonii) [Arenarion bertolonii, code UE : 8210] ; -lapiaz [code UE : 8240*].
Étage alpin : -mégaphorbiaies des couloirs rocailleux frais (Valeriano rotundifoliae-Adenostyletum briquetii) [Cymbalarion hepaticifoliae, code UE : 6430] ; -éboulis d’adret (Festuco briquetii-Galietum cometerrhizi) [Androsacion alpinae, code UE : 8110] ; -parois rocheuses siliceuses [Potentillion crassinerviae, code UE : 8220] ; -communautés hygrophiles (Saxifrago alpigenae-Ranunculetum maschlinsii) [Cardamino amarae-Montion fontanae, code Corine : 54.11].
Pelouse à Paronyque à feuilles de renouée et Armérie à fleurs multiples : tout l’étage cryo-oroméditerranéen de la Corse.
Pelouse à Calament de Corse et Leucanthémopsis tomenteux : étage alpin de la Corse uniquement dans les massifs dont l’altitude dépasse largement 2100 m. Cette association est bien développée sur les arènes granitiques de Renoso, le Rotondo et le secteur du Capo Bianco (sur les crêtes et les adrets).
Étage cryo-oroméditerranéen : -habitat ne présentant pas de caractère de rareté, actuellement répandu sur une grande surface de l’étage cryo-oroméditerranéen des montagnes corses ; -à signaler, au massif de l’Incudine, la seule station de Trisète de Conrad (Trisetum conradiae) et du Trisète grêle (Trisetum gracile), espèces protégées (liste régionale corse), endémiques corse ou cyrno-sarde d’origine oro-sud-méditerranéenne dont les populations sont menacées par le piétinement ; -dans les secteurs du Rotondo, du Cinto et de Bavella-Incudine se trouve la Tanaisie d’Audibert (Tanacetum audibertii), endémique cyrno-sarde. Les stations possèdent généralement des populations réduites et sont potentiellement menacées par le bétail et parfois les aménagements routiers (station de Zivaco, Bavella-Incudine).
Étage alpin : -habitat présentant un caractère ponctuel et localisé sur quelques massifs de l’étage alpin des montagnes corses, riche en espèces endémiques ; -il abrite notamment les rares stations de la Vergerette de Paoli (Erigeron paolii), espèce protégée (liste régionale corse) : massif du Cinto et un sommet dans le massif du Rotondo ; compte tenu de leur écologie, les populations ne sont pas immédiatement menacées.
États à privilégier :
Pour la pelouse à Calament de Corse et Leucanthémopsis tomenteux, la variante à Vergerette de Paoli en particulier.
Autres états observables :
Aucun.
Si le faciès à Genêt de Salzmann de la pelouse à Paronyque à feuilles de renouée et Armérie à fleurs multiples constitue bien une fruticée climacique très étendue, le fait qu’elle ait été soumise au pâturage depuis très longtemps lui a probablement configuré une composition floristique et une physionomie pelousaire particulières. Cependant, ces dernières pourraient être confrontées à quelques variations si le pâturage cessait définitivement.
Les observations faites sur le terrain permettent de penser que cette pelouse peut parfois évoluer vers la sous-association à Genêt de Salzmann et revient à l’état initial en cas d’incendies. Néanmoins, au niveau des crêtes ou à leur proximité immédiate, elle paraît être permanente en raison de conditions écologiques particulières (vents violents).
La pelouse à Calament de Corse et Leucanthemopsis tomenteux apparaît installée dans des conditions écologiques qui sont parmi les plus rigoureuses de l’alpin des montagnes corses. Son aspect écorché peut être accentué avec une accélération des phénomènes d’érosion.
Ces pelouses de haute altitude, enneigées durant une longue période de l’année, ont une ressource pastorale disponible très faible et, par voie de conséquence, ne sont soumises qu’occasionnellement à un pâturage extensif.
Effets de l’abandon pastoral et des incendies sur l’habitat à l’étage oroméditerranéen.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)