Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Depuis l’horizon montagnard supérieur (à partir de 1 500 m environ) jusqu’à l’étage alpin inférieur (2 500 m), avec un optimum altitudinal à l’horizon subalpin supérieur (2 000-2 300 m).
Rebords « mal » exposés (du NW au NE), corniches et pentes fortes des ombrées calcaires des Pyrénées soumises à l’influence océanique.
Sols squelettiques calcaires discontinus, frais et humifères [accumulation et décomposition des feuilles de Dryade à huit pétales (Dryas octopetala) et de Saule des Pyrénées (Salix pyrenaica)], ou parfois directement sur des blocs calcaires fissurés ou des pierriers carbonatés fixés.
Enneigement long, de novembre à juin en moyenne (sauf pour les vires sommitales des buttes pouvant être relativement précocement déneigées par les vents dominants forts les balayant) ; période de végétation par conséquent relativement courte.

Selon les données fragmentaires existant sur la typologie des landines à Saule des Pyrénées, deux types ont été décrits :
- dans les Pyrénées occidentales et centrales : landine à Dryade à huit pétales et Saule des Pyrénées [Dryado octopetalae-Salicetum pyrenaicae], dont le pH de l’horizon supérieur du sol est compris entre 6 et 8 ;
- dans les Pyrénées luchonnaises : landine à Véronique de Pona et Saule des Pyrénées [Veronico gouanii-Salicetum pyrenaicae], dont le pH de l’horizon supérieur du sol, très humifère, est compris entre 5 et 6,5.

Microfruticées denses (landines) dominées ici par un chaméphyte, la Dryade à huit pétales, et par un nanophanérophyte, le Saule des Pyrénées, atteignant une hauteur maximale de quelques dizaines de centimètres (20 à 50 cm selon les sites), en fonction de l’impact du manteau neigeux.
Ces espèces sociales, fortement mycorhizées, à port plus ou moins prostré en espalier, présentent en général un très fort recouvrement, laissant peu de place, dans les trouées, aux phanérogames hémicryptophytes qu’elles concurrencent. Dessous, la surface du sol est très souvent occupée par une strate de mousses et de lichens bien développée.

Avec les landines plus chionophiles à saules nains : Saule à feuilles émoussées (Salix retusa) et Saule à réseau (Salix reticulata) [Carici parviflorae-Salicetum reticulatae ; Arabidion caerulae, code Corine : 36.12], en général plus basses et moins étendues, particulières aux combes à neige carbonatées.
Avec les landines à Raisin d’ours des Alpes et Dryade à huit pétales et les landines à Raisin d’ours commun (Arctostaphylos uva-ursi) et Dryade à huit pétales [Juniperion nanae, code UE : 4060] mieux exposées et précocement déneigées, atteignant les croupes ventées et les soulanes calcaires.
Avec les landines à Saule des Pyrénées et Raisin d’ours des Alpes [Salici pyrenaicae-Arctostaphyletum alpinae ; Loiseleurio pro-cumbentis-Vaccinion microphylli, code UE : 4060], comportant, entre autres, l’Azalée des Alpes (Loiseleuria procumbens) et le Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) ; cet habitat rare des zones calcaires très ventées situées à la limite des étages subalpin et alpin s’observe surtout dans les Pyrénées centrales et plus localement dans les Pyrénées occidentales.

Spontanée :
Habitat pionnier relativement stable dont le caractère permanent est dû aux conditions stationnelles particulières (ombre, enneigement, pente, humidité quasi permanente du sol très humifère) bloquant l’évolution potentielle de la végétation, soit vers les pelouses calcicoles subalpines mésophiles [Primulion intricatae, code UE : 6170], soit vers le boisement : hêtraies-sapinières [Fagenion sylvaticae, codes Corine : 41.14 et 42.122] ou plus fréquemment pinèdes à Pin à crochets (Pinus uncinata) [code UE : 9430*].
Dans le bassin de l’One (Haute-Garonne), les landines à Véronique de Pona et Saule des Pyrénées succéderaient sur les replats de plus haute altitude à la communauté à Élyne fausse queue de souris (Kobresia myosuroides) et Saule à feuilles émoussées [Oxytropo-Elynion myosuroidis, code UE : 6170].

Liée à la gestion :
Stades de dégradation des banquettes de landines pouvant apparaître par passages répétés des troupeaux ovins.
Passage à des variantes appauvries, au sein desquelles des espèces rudérales nitrophiles peuvent s’installer, parfois observé.

Habitat appartenant en général au complexe d’habitats des ombrées calcaires des Pyrénées ; il peut être associé ou en contact avec les habitats suivants, la plupart d’intérêt communautaire : -éboulis calcaires pyrénéens [Iberidion spathulatae, code UE : 8130] ; -éboulis carbonatés chionophiles à Saxifrage négligé [Saxifragion praetermissae, code UE : 8130] ; -combes à neige baso-neutrophiles [Arabidion caeruleae, code Corine : 36.12] ; -pelouses calcicoles orophiles méso-hygrophiles [Primulion intricatae, code UE : 6170] ; -végétation des vires et pieds de falaises calcaires ombragées des Pyrénées [Laserpitio nestleri-Ranunculion thorae, code UE : 6170] ; -végétation chasmophytique des pentes rocheuses calcaires [Saxifragion mediae, code UE : 8210] ; -pelouses écorchées à Fétuque à balais (Festuca gautieri subsp. scoparia) [Festucion scopariae, code UE : 6170] ; -pelouses calcicoles orophiles à Élyne fausse queue de souris [Oxytropido-Elynion myosuroidis, code UE : 6170] ; -pelouses acidiphiles à Nard raide (Nardus stricta) [Nardion strictae, code UE : 6230*]; -landes subalpines à Genévrier nain (Juniperus sibirica) [Juniperion nanae, code UE : 4060] ; -landes subalpines à Raisin d’ours des Alpes et Raisin d’ours commun [Loiseleurio procumbentis-Vaccinion microphylli, code UE : 4060] ; -hêtraies calcicoles [Cephalanthero rubrae-Fagion sylvaticae, code UE : 9150] ; -phases pionnières des hêtraies-sapinières [Fagenion sylvaticae, codes Corine : 41.14 et 42.122] ; -phases pionnières des pinèdes à Pin à crochets sur calcaire [code UE : 9430*].

Landine à Dryade à huit pétales et Saule des Pyrénées : Pyrénées centrales et occidentales.
Landine à Véronique de Pona et Saule des Pyrénées : haut bassin de l’One (Haute-Garonne), à rechercher ailleurs.
Cet habitat dépendant d’une assez forte humidité climatique est absent des Pyrénées orientales, au climat trop sec.

Habitat relativement rare (occupant de faibles superficies), endémique des Pyrénées calcaires et comportant des espèces presque exclusivement pyrénéennes : Saule des Pyrénées, Véronique de Pona, Saxifrage d’Hariot, Saxifrage des ombrages, Sabline pourprée…
Ses caractéristiques stationnelles lui permettent souvent d’abriter des espèces typiques de l’étage alpin croissant en aval de leurs stations habituelles.
Par la protection efficace qu’il constitue, cet habitat forme un abri privilégié pour toute une entomofaune d’altitude.

États à privilégier :
Stades optimaux de landines fermées.
Autres états observables :
Stades de régénération par suite d’ouverture des landines.
Stades dynamiques en cours de colonisation par des essences des hêtraies-sapinières ou des pinèdes à Pin à crochets.

Habitat ne semblant a priori pas trop menacé par les activités anthropozoogènes : il peut être localement altéré dans les sites des pistes de ski, par surpiétinement près des sentiers de randonnée, ou par rudéralisation due au passage des troupeaux.
Fortement déterminé par la persistance du manteau neigeux, on peut se demander quel sera le devenir de cet habitat dans un contexte de changement climatique global ; en effet l’absence ou la minceur du tapis neigeux au cours de certaines années peut favoriser l’apparition de phénomènes d’ouverture des landines par suite, essentiellement, du rôle de l’érosion éolienne (déflation).

Cet habitat ne présente aucun potentiel de production intrinsèque du fait du faible développement végétal lié au fort enneigement et à la topographie. En revanche, lorsqu’il est associé à d’autres habitats tels que les pelouses calcicoles orophiles ou les landes subalpines, une valorisation secondaire par le pâturage ovin est possible.

Réaliser l’analyse phytosociologique et préciser la distribution géographique des différentes communautés de landines calcicoles à Saule des Pyrénées.
Affiner l’étude de leur dynamique et de leur position syntaxonomique.

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)