Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Essentiellement à l’horizon supérieur de l’étage montagnard (à partir de 1200 m d’altitude) et pouvant atteindre la base de l’étage subalpin (1 800 m).
Il occupe les vires, replats rocheux et pieds des falaises calcaires ombragés, notamment en ombrée des massifs calcaires prépyrénéens ; souvent développé dans de petits cirques formant clairière dans des ambiances forestières montagnardes.
Sur poches d’humus calcique ou sur lithosols calciques restant toujours frais, présents sur les vires rocheuses ou d’anciens éboulis recouverts de pied de falaise.
Une seule association végétale actuellement décrite : pelouse à Renoncule vénéneuse et Seslérie bleuâtre [Ranunculo thorae-Seslerietum caeruleae], semblant très homogène des Pyrénées orientales aux Pyrénées occidentales, selon le niveau actuel de connaissance.
Variabilité secondaire tenant surtout à la présence d’endémiques régionales, notamment dans les Pyrénées atlantiques.
Tapis herbacé relativement fermé (recouvrement de 90 à 100 %), assez luxuriant, ressemblant à de modestes mégaphorbiaies disposées en bandes étroites, connaissant son optimum de floraison en mai-juin.
Un équilibre structural harmonieux s’y établit entre des plantes appartenant à des espèces de faible développement, comme la Renoncule vénéneuse (Ranunculus thora) ou la Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), et des plantes plus luxuriantes, comme le Laser de Nestler (Laserpitium nestleri) ou le Pigamon à gros fruits (Thalictrum macrocarpum), par exemple.
Par la situation topographique de son biotope, avec les groupements saxicoles des rochers et falaises calcaires ombragées [Saxifragion mediae, code UE : 8210], dont les espèces indicatrices sont différentes.
Par sa physionomie de végétation herbacée parfois luxuriante et toujours fraîche, avec les mégaphorbiaies véritables [Adenostylenion pyrenaicae, code UE : 6430] dont il ne possède pas les espèces indicatrices, comme par exemple la Valériane des Pyrénées (Valeriana pyrenaica), l’Adénostyle à feuilles d’alliaire (Cacalia alliariae), etc.
Spontanée :
Communauté semblant caractériser un stade assez permanent ; tout au plus, certaines vires peuvent être colonisées par des espèces arbustives ou arborescentes, notamment pour les sites présents en ambiance forestière.
Liée à la gestion :
Habitat paraissant peu enclin au pacage ; mais une rudéralisation par surfréquentation anthropozoogène peut faire évoluer la végétation vers les groupements nitrophiles de reposoir à troupeaux [Rumicion pseudalpini, code Corine : 37.88].
Végétation des parois calcaires [Saxifragion mediae, code UE : 8210].
Pelouses calcicoles mésophiles [Primulion intricatae, code UE : 6170].
Pelouses calcicoles écorchées à Fétuque à balais (Festuca gautieri subsp. scoparia) [Festucion scopariae, code UE : 6170].
Mégaphorbiaies [Adenostylenion pyrenaicae, code UE : 6430].
Hêtraies calcicoles [Cephalanthero rubrae-Fagion sylvaticae, code UE : 9150].
Hêtraies sapinières [Fagenion sylvaticae, codes Corine : 41.14 et 42.122].
Pinèdes à Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [code Corine : 42.5].
Pinèdes à Pin à crochets (Pinus uncinata) sur calcaire [code UE : 9430*].
Habitat des ombrées des massifs calcaires de moyenne altitude de la chaîne pyrénéenne.
Valeur de l’habitat tenant à son originalité, sa rareté et à la présence d’espèces d’intérêt patrimonial : espèces endémiques pyrénéennes, espèces protégées au niveau national [Grémil de Gaston et Ail de la victoire (Allium victorialis), ce dernier pouvant s’y rencontrer dans les Pyrénées orientales].
Certaines vires et replats rocheux situés à flanc de falaises peuvent servir de reposoir pour différentes espèces d’oiseaux rapaces (Faucon crécerelle, Falco tinnunculus, Faucon pèlerin, Falco peregrinus…).
États à privilégier :
Tous les stades de l’habitat étant donné la très faible superficie occupée et leur rareté.
Autres états observables :
Stades naturels intermédiaires avec les groupements végétaux des falaises calcaires et stades ayant tendance à se boiser.
Stades dégradés par suite d’une rudéralisation du milieu.
Surfaces occupées par l’habitat extrêmement réduites et méritant la plus grande attention.
Colonisation naturelle éventuelle par des espèces arbustives et arborescentes néfaste à terme à cet habitat.
Différentes actions anthropozoogènes ont un impact négatif direct sur tous les états de l’habitat : nettoyage de voies d’escalade, cueillette abusive d’espèces emblématiques (Edelweiss, Ancolie des Pyrénées…), piétinement, pâturage éventuellement intensif, rassemblement de troupeaux.
Aucune valorisation économique directe.
Étudier précisément la distribution géographique, la variabilité floristique et écologique, et le statut syntaxonomique de cet habitat.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)