6210-25 - Pelouses mésoxérophiles, acidoclines, des affleurements serpentiniques du Limousin

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Ouest du Massif central, en climat atlantique : Limousin.
Situations topographiques variées selon les types d’affleurements : pentes faibles à fortes, enrochées ou non.
Expositions variées, mais en général chaudes.
Roches mères : serpentinites : groupe des roches vertes, ultrabasiques bien que dépourvues de calcium, saturées en magnésium, et riches en fer et en éléments-traces métalliques.
Sols peu épais, lithiques ; systèmes pastoraux extensifs en voie de raréfaction.

Variabilité

Communautés de pelouses homogènes pour la région Limousin, mais présentant une diversité floristique spécifique à chaque affleurement :
- dans le sud Corrèze : Véronique en épi (Veronica spicata), Trèfle des montagnes (Trifolium montanum);
- dans le sud de la Haute-Vienne : Bruyère vagabonde (Erica vagans).

Si les associations et leurs variantes ne sont pas encore complètement circonscrites, la combinaison caractéristique de base est constituée par le rapprochement de La Fétuque de Léman, le Thym à pilosité variable, la Koelérie du Valais, l’Armérie des sables, la Callune et la Bruyère cendrée.

Physionomie, structure

Pelouse graminéenne plus ou moins écorchée, riche en Ericacées.
Pelouse-ourlet à Brachypode penné, riche en Fabacées chaméphytes, en mosaïque avec la précédente.
Pelouse thérophytique, géophytique voire chaméphytique dans les zones de tonsure (Sesamoides purpurascens subsp. purpurascens, Scleranthus perennis).
Piquetage de Genévrier commun (Juniperus communis) souvent associé à la Bourdaine commune (Frangula alnus).
En mosaïque avec ces pelouses, s’observent :
-des micro-falaises, riches en lichens saxicoles, et abritant des Ptéridophytes chasmophytes ;
-des landes, soit xérophiles à Bruyère cendrée (Erica cinerea), soit le plus souvent mésophiles à Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) ;
-de véritables fourrés où peut apparaître le Houx commun (Ilex aquifolium).

Confusions possibles

Semblent difficiles, en raison de la couleur caractéristique de la roche (même si celle-ci est souvent oxydée) et de la composition floristique si originale par rapport au milieu environnant. Quant au rapprochement, que pourrait suggérer la présence de certaines espèces, avec les pelouses calcicoles à Festuca spp.et Koeleria vallesiana, celles-ci n’hébergent ni Callune ni Bruyère cendrée.

Dynamique

Spontanée :
Après régression, voire abandon pastoral, évolution vers un ourlet en nappe à Brachypode penné, accompagné d’Ajonc nain, Fougère aigle, Dompte-venin officinal, Violette hérissée, Genêt poilu, Genêt des teinturiers ; évolution, sans doute lente, vers des fourrés à Genévrier commun, Bourdaine, et parfois Houx.

Liée à la gestion :
Boisement artificiel fréquent à la périphérie, mais aussi sur certains sites (souvent Pins), conduisant à une dégradation et à une disparition rapide des pelouses.

Habitats associés ou en contact

Rochers affleurants, pouvant constituer des micro-falaises, hébergeant des Ptéridophytes chasmophytes, caractéristiques comme une forme serpentinicole d’Asplenium adiantum-nigrum, ou en limite d’aire comme Notholaena marantae ; nombreux lichens saxicoles acidoclines (Rhizocarpon spp., Ochrolechia spp., …) et foliacés nitrophiles (Physcia spp., Xanthoria parietina, …).
Vires rocheuses et substrats très superficiels, par exemple communautés à Astrocarpe faux-sésame et Gnavelle vivace.
Lande véritable, prenant localement une grande expansion :
-lande sèche atlantique à Bruyère cendrée, Ajonc nain (Ulex minor) et localement Bruyère vagabonde ;
-lande mésophile, surtout, à Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), Ajonc nain (Ulex minor), Bruyère vagabonde, Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), Ail des bruyères, Orchidées (Gymnadenia conopsea, Listera ovata), rarement Bruyère à balai (Erica scoparia) ou Bruyère ciliée (Erica ciliaris).
Cette lande peut elle-même abriter exceptionnellement des vasques à Spiranthe d’été (Spiranthes aestivalis) ou à Ophioglosse des Açores (Ophioglossum azonicum), et, dans un site, au contact d’une aulnaie-saulaie, une colonie de Linaigrette à feuilles larges (Eriphorum latifolium) ; ou être en contact avec un pré mésohygrophile à Molinie bleue (Molinia caerulea), Pimprenelle officinale (Sanguisorba officinalis), Scorzonère peu élevée (Scorzonera humilis), Cirse anglais (Cirsium dissectum), … groupement arbustif à Genévrier commun (Juniperus communis), en général associé à la Bourdaine (Frangula alnus) et parfois au Houx (Ilex aquifolium) ; ces fourrés peuvent prendre localement un développement important.

Répartition géographique

Habitat surtout connu du Limousin (Haute-Vienne, Corrèze, Creuse), à comparer avec les sites de l’Aveyron, du Cantal, de Haute-Loire et de l’Ardèche.
Département de la Haute-Vienne : 19 sites répertoriés, essentiellement répartis dans le tiers sud (les affleurements les plus représentatifs se situent dans la région de Magnac-Bourg et La Roche-l’Abeille).
Département de la Corrèze : 8 sites répertoriés, plutôt dans la moitié ouest (les massifs les plus remarquables sont répartis de part et d’autre de la vallée de la Dordogne, entre Argentat et Beaulieu).
Département de la Creuse : 3 sites répertoriés, ponctuels.

Valeur écologique et biologique

Originalité et rareté du substrat géologique. Originalité paysagère. Présence d’espèces se trouvant ici hors limite d’aire continue
(dont Veronica spicata, Trifolium montanum). Grande diversité floristique, avec :
-deux espèces protégées au plan national, le Spiranthe d’été et l’Ophioglosse des Açores ;
-une quinzaine d’espèces protégées au plan régional.

États de conservation

États à privilégier :
En Limousin, les affleurements de plus grande superficie, permettant cette mosaïque microfalaise-pelouse rase-pelouse graminéenne-pelouse ourlet-lande sous ses divers aspects.
Autres états observables :
Pelouse pâturée par des ovins (gestion du Conservatoire régional des sites).

Tendances et menaces

Régression, voire disparition, du pâturage extensif.
Plantations périphériques, mais parfois aussi in situ, de Conifères envahissants (Pins).
Menaces liées à l’exploitation de carrières (certains sites ont quasiment disparu pour cette raison).
Passage de grandes infrastructures, routières ou autres.

Potentialités intrinsèques de production

La valorisation de cet habitat par le pastoralisme extensif est en voie de disparition.
Cet habitat participe en revanche à un paysage très apprécié du public, d’où une valorisation économique indirecte.

Axes de recherche

Une première étude phytosociologique sur les serpentines a été réalisée en 2000 en partenariat entre le CREN du Limousin et l’université de Limoges.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)