6210-5 - Pelouses ouest-alpines à climat continental des Baronnies et du Buech

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage : collinéen de type subméditerranéen entre 600 et 800 m.
Série de végétation : série subméditerranéenne occidentale du Chêne pubescent.
Mésoclimat : forme atténuée de celui que l’on trouve dans les vallées internes des Alpes (subcontinental) avec une influence méditerranéenne encore bien marquée.
Exposition : sud, sud-est.
Pente : faible à assez forte.
Position géomorphologique : sur les hautes terrasses fluvio-glaciaires au niveau des talus ou sur les raccords talus-plateaux.
Substrat : alluvions anciennes quaternaires composées de cailloutis roulés.
Sol : régosols sablo-caillouteux à sol brun à mull calcique argilo-limono-sableux ; assez à très perméable avec une faible capacité de rétention ; pH neutre à basique.

Variabilité

Variation de la texture du sol et de la pente :
- sol sablo-caillouteux ébouleux (régosol) sur pente moyenne à assez forte : pelouse à Potentille fluette et Astragale blanchâtre [Potentillo cinereae-Astragaletum incani] qui est caractérisée et différenciée localement par la Potentille fluette (Potentilla pusilla), l’Astragale blanchâtre (Astragalus incanus), la Scorzonère hérissée (Scorzonera hirsuta), la Linaire simple (Linaria simplex) (a), le Réséda raiponce (Reseda phyteuma) (a), la Leuzée conifère (Leuzea conifera), le Liseron de Biscaye (Convolvulus cantabrica) et l’Aristoloche fibreuse (Aristolochia pistolochia) ;
- sol argilo-limono-sableux (brun à mull calcique) sur pente faible à moyenne : pelouse à Achillée odorante et Barbon ischème [Achilleo odoratae-Andropogonetum ischaemi] qui est caractérisée et différenciée localement par l’Achillée odorante (Achillea odorata), le Barbon ischème (Dichanthium ischaemum), l’Égilope ovale (Aegilops ovata) (a), la Fétuque gracile (Festuca gracilior), la Crupina vulgaire (Crupina vulgaris) (a), le Xéranthème fermé (Xeranthemum inapertum) (a), l’Hélianthème à feuilles de saule (Helianthemum salicifolium) (a), l’Astragale en étoile (Astragalus stella) (a), le Trèfle scabre (Trifolium scabrum) (a) et le Brachypode à deux épis (Brachypodium distachyon) (a), la plupart étant des espèces annuelles (= a).

Physionomie, structure

La pelouse à Potentille fluette et Astragale blanchâtre est une formation graminéenne ouverte (recouvrement moyen du sol 60 %) dominée par le Brome dressé (Bromus erectus), la Koelérie du Valais (Koeleria vallesiana), la Stipe pennée (Stipa pennata), la Fétuque (Festuca gr. ovina) et l’Avoine des prés (Avenula pratensis).
La strate basse est constituée d’espèces en touffes au feuillage grisâtre ou argenté (couleur rendue par la pilosité qui est une forme d’adaptation à la sécheresse) telles que la Potentille fluette ou l’Astragale blanchâtre ; cette pelouse est parfois piquetée d’arbustes nains érigés comme le Thym vulgaire (Thymus vulgaris), la Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) ou la Germandrée blanc de neige (Teucrium polium) ; on y trouve aussi des bosquets isolés de Chêne pubescent (Quercus lanuginosa).
La pelouse à Achillée odorante et Barbon est également une formation graminéenne mais plus fermée que le groupement précédent (recouvrement entre 70 et 90 %) dominée par la Fétuque gracile et secondairement par la Stipe pennée qui donnent un aspect soyeux à la pelouse ; à la fin de l’été, c’est une autre graminée qui domine : le Barbon ischème ; la particularité de cette pelouse, c’est aussi sa structure équilibrée entre un cortège d’espèces annuelles (au niveau des tonsures) et un cortège d’espèces vivaces ; enfin, il faut noter l’abondance des légumineuses (Trèfle, Luzerne, Trigonelle, Vesce...) qui est à mettre en relation avec l’action du piétinement des troupeaux.

Confusions possibles

Avec les pelouses steppiques subcontinentales [Code UE : 6270] comme la pelouse à Koelérie du Valais et Astragale vésiculeux (Koelerio vallesianae-Astragaletum vesicarii) de la vallée de Durance.
Avec les parcours substeppiques de graminées annuelles [Code UE : 6220] à Brachypode à deux épis (Brachypodium distachyon) de l’alliance du Thero-Brachypodion.

Dynamique

Les pelouses considérées sont de nature anthropozoogène. Elles sont le résultat d’abord de la déforestation de la Chênaie pubescente à Buis (Buxo sempervirentis-Quercetum pubescentis) par l’homme, puis d’un pâturage ancestral par les moutons.

Spontanée :
Un arrêt du pâturage ovins (et du piétinement des animaux) entraîne la fermeture des pelouses.
Cela se traduit par :
- une régression du cortège d’espèces annuelles qui profitaient des plages de substrat nu et riche en éléments fins pour s’installer ;
- une progression et une densification du tapis graminéen vivace (Brome dressé, Stipe pennée, Fétuques, Koelérie du Valais, Avoine des prés...) ;
- une progression des îlots persistants de la Chênaie pubescente à Buis pour former un pré-bois puis à terme une Chênaie pubescente à Buis.

Liée à la gestion :
Une pression importante du pâturage favorise le cortège d’espèces annuelles. Si le surpâturage est soutenu, la pelouse se transforme en pelouse pionnière peu recouvrante dominée par les espèces annuelles rappelant ainsi les habitats de pelouses à thérophytes méditerranéennes [Code UE : 6220]. La pelouse vivace peut ainsi complètement disparaître. Compte tenu du contexte actuel de déprise agricole on observe le plus souvent le phénomène inverse à savoir la densification de la pelouse et son ourlification. Les groupements végétaux correspondant à ce dernier processus n’ont pas été décrits ou ne sont pas connus.

Habitats associés ou en contact

Chênaie pubescente à Buis sous forme de bosquets ou de taillis se rapportant au Buxo sempervirentis-Quercetum pubescentis.
Cultures dont celle de la lavande.
Quelques rares pineraies de Pin sylvestre.

Répartition géographique

Moyenne vallée du Buech de Aspres-sur-Buech (Hautes-Alpes) en amont à Mison (Haute-Provence) en aval (ALLIER, 1971).
Une pelouse floristiquement assez proche mais se développant sur des calcaires assez durs, a été décrite un peu plus à l’ouest à la limite entre le Diois méridional et les Baronnies (GAULTIER, 1989) [Potentillo cinereae-Astrageletum incani subass. stipetosum pennatae] ; elle se rencontre ponctuellement le long de la vallée du Roubion, de la Roanne, et de la Blaisance.
Elle pourrait exister sur les terrasses du bassin de la Durance entre Thèze et Tallard (même niveau latitudinal que la moyenne vallée du Buech) où les conditions mésoclimatiques, topographiques et géologiques sont sensiblement identiques.

Valeur écologique et biologique

Ces pelouses sèches et plus particulièrement l’Achilleo odoratae-Andropogonetum ischaemi abrite des espèces végétales méditerranéennes en limite d’aire, trangressives des pelouses substeppiques de graminées annuelles [Code UE : 6220] parmi lesquelles l’Hélianthème à feuilles de saule (Helianthemum salicifolium), l’Astragale en étoile (Astragalus stella), le Brachypode à deux épis (Brachypodium distachyon)...
Les relevés publiés n’indiquent pas d’espèces végétales protégées au niveau régional ou au niveau national, de même que des espèces du Livre rouge national.

États de conservation

États à privilégier :
Pelouse ouverte mêlant des cortèges d’espèces annuelles et vivaces.
La pelouse vivace doit être lâche.
Conserver les bosquets et les taillis de Chêne pubescent qui sont relictuels de la forêt passée et laisser se développer des ourlets entre ceux-ci et les pelouses.
Autres états observables :
Pelouse pionnière clairsemée dominée par les espèces annuelles.
Pelouse graminéenne dense dépourvue d’espèces annuelles.

Tendances et menaces

Destruction des pelouses au profit des cultures au niveau des situations de replat.
Abandon du pâturage.

Potentialités intrinsèques de production

Pelouses sèches faisant partie des meilleurs parcours de la zone préalpine.
Pelouses peu élevées caractérisées par un équilibre intéressant de la strate herbacée en espèces vivaces (Fétuque groupe ovine, Brome dressé, Koélérie du Valais) et annuelles. Certaines années, des Légumineuses (Luzerne, Anthyllide...), favorisées par le piétinement des animaux, peuvent enrichir la ressource pastorale.
Ressource pastorale de très bonne qualité au printemps et en automne ; la croissance de l’herbe tardive est assez lente, qui permet un pâturage de fin mai à début juillet. Certaines années, la ressource peut être doublée avec l’apparition de Légumineuses, comme l’Anthyllide vulnéraire. Un pâturage trop précoce est cependant néfaste car il empêche les plantes de reconstituer leurs réserves.
Le dessèchement progressif de l’herbe empêche tout pâturage en plein été. Si les pluies de fin d’été sont suffisantes, la repousse d’automne est de très bonne qualité et permet un nouveau passage en octobre-novembre.

Axes de recherche

Pelouses encore peu étudiées.
Importantes lacunes sur leur répartition géographique et leur variation écologique.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)