Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages thermo- et mésoméditerranéens.
Situations topographiques variées : versants des collines provençales, bords de chemins ; pentes variées.
Expositions diverses mais plutôt sèches et/ou chaudes (soumises le plus souvent au mistral).
Roches mères carbonatées mais également, plus rarement, substrats siliceux.
Sols squelettiques de type rendzines (souvent sur terra rossa) ou rankers.
Systèmes hérités de pâturages extensifs encore localement actifs ou d’incendies répétés voire quelquefois de débroussaillements.
Diversité typologique primaire en fonction de la localisation géographique, de l’altitude, du climat et du substrat :
- en ambiance thermoméditerranéenne : pelouse à Stipe du Cap et Asphodèle fistuleux, associés à l’Atractyle en treillis (Asphodelo-Stipetum retortae) ; particulière aux Alpes-Maritimes ; jusqu’ à 350-400 m d’altitude ;
- en ambiance mésoméditerranéenne et toujours dans les Alpes-Maritimes : pelouse à Thym vulgaire et Euphorbe épineuse ; localisée à des altitudes supérieures à celles de la précédente (partie supérieure de l’étage mésoméditerranéen) ;
- en ambiance mésoméditerranéenne : pelouse à Phlomis lychnite et Trigonelle en glaive Phlomido lychnitis-Brachypodietum ramosi) ; largement représentée sur les massifs calcaires de Provence occidentale, cette pelouse semble différer de son homologue languedocienne par quelques espèces dont Vulpie ciliée ; développée jusqu’à 600-700 m d’altitude ;
- en ambiance mésoméditerranéenne : pelouse à Stipe pennée et Brachypode rameux (Brachypodio ramosi-Stipetum mediterranea) ; remplace en altitude (550 à 700-800 m) la précédente, au niveau de la partie supérieure de l’étage mésoméditerranéen (voire la base du supraméditerranéen) ;
- en ambiance mésoméditerranéenne mais sur substrats siliceux : pelouse à Hélianthème à gouttes et Brachypode rameux (Helianthemo guttati-Brachypodietum ramosi) ; localisée sur les versants sud et ouest des massifs cristallins provençaux ; enrichie en éphémérophytes calcifuges oligotrophes.
Diversité secondaire importante dans la plupart de ces pelouses avec, en particulier, des faciès à chamaephytes (Thym vulgaire, Euphorbe épineuse, Aphyllanthe de Montpellier, Stéhéline douteuse, etc.) ou à hémicryptophytes (Brome érigé en altitude, par exemple).
Physionomie liée à la présence du Brachypode rameux.
Pelouses de 10-30 cm de haut, particulièrement riches en thérophytes et chamaephytes méditerranéennes.
Souvent développées dans des clairières de formations arbustives (garrigues ou maquis) avec lesquelles elles forment des structures en mosaïque.
L’originalité conférée par le Brachypode rameux à ces types de pelouses leur permet de ne pas être confondus avec d’autres formations.
Spontanée :
En l’absence de perturbations (incendies, pâturages, débroussaillement mécanique), enrichissement progressif en chaméphytes et constitution de groupements à diversité plus faible mais stabilité plus longue ; puis envahissement par les espèces de garrigues ou de maquis qui, après un stade de piquetage, créent un microclimat lumineux défavorable aux espèces photophiles et un enrichissement des sols en éléments nutritifs favorables au développement des arbustes voire des arbres (ensembles préforestiers).
Si l’incendie favorise le développement de ces pelouses au détriment des formations arbustives, la répétition avec une périodicité courte de cette perturbation conduit à la constitution de faciès denses, paucispécifiques, à Brachypode rameux.
Liée à la gestion:
Il n’existe pas de gestion spécifique de ces pelouses.
Sur substrats calcaires et à basse altitude, groupements préforestiers à Romarin ou à Chêne kermès (avec [UE 42.84] ou sans Pin d’Alep], et forestiers à Chêne vert [UE 93.30].
Sur substrats calcaires et à altitude plus élevée, groupements à Chêne kermès ou buxaies [CE 31.82], et formations forestières mixtes à Chêne vert et Chêne pubescent.
Sur substrats siliceux, cistaies à Cistes de Montpellier, à feuilles de Sauge et cotonneux, maquis à Callune et Bruyères arborescente et à balais, et groupements forestiers à Chêne vert [CE 93.30] ou Chêne liège [CE 45.2].
Sur substrats calcaires et siliceux, pelouses à éphémérophytes.
Pelouse à Stipe du Cap des Alpes-Maritimes : revers sud-ouest du Fort-Carré d’Antibes, rare de Nice à la frontière italienne (mont Boron, Villefranche, Grande Corniche, environs de Menton).
Pelouse à Euphorbe épineuse et Thym vulgaire des Alpes-Maritimes : assez bien représentée entre 400 et 600-700 m d’altitude.
Pelouse provençale à Phlomis lychnite et Trigonelle en glaive commune sur les massifs calcaires dans les départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et du Var, jusqu’à 600-700 m d’altitude.
Pelouse provençale à Stipe fin et Brachypode rameux assez commune entre 550 et 700-800 m dans les trois précédents départements.
Pelouse calcifuge à Hélianthème à gouttes et Brachypode rameux : bien représentée sur les caps siliceux du littoral varois, sur les versants ouest et sud du massif des Maures, plus rare sur le versant ouest du massif de l’Estérel.
Pelouses parmi les plus caractéristiques de la région méditerranéenne française. Grande diversité floristique et exceptionnelle richesse en thérophytes et en géophytes méditerranéennes.
Grande richesse orchidologique.
Diversité entomologique élevée notamment en espèces méditerranéennes de Coléoptères, Lépidoptères et Orthoptères. Grande diversité ornithologique.
États à privilégier :
Pelouses hétérogènes ouvertes dont le développement des chamaephytes est contenu par le pâturage ou le feu contrôlé avec une périodicité longue.
Maintien de la structure mosaïquée au sein des garrigues et maquis.
Colonisation croissante par les ligneux bas (chamaephytes) et les arbres.
Pour les pelouses localisées aux plus basses altitudes de Provence et des Alpes-Maritimes, risque d’urbanisation et risque d’envahissement par des xénophytes.
Partout, risque de destruction par utilisation des herbicides ou nanifiants dans le cadre de la prévention des incendies de forêts (prévention des risques de départ en bordure des voies de communication).
Potentialités intrinsèques de production économique
Habitat dont la structure est liée à la présence du Brachypode rameux, qui constitue un fond pastoral médiocre, amélioré par la présence d’habitats en mosaïque comprenant des pelouses annuelles et autres espèces végétales de la garrigue.
Les différentes composantes de la mosaïque offrent une amplitude intéressante de ressources, exploitables tout au long de l’année : pâturage d’automne pour les faciès à Chêne kermès, d’hiver sur la strate grossière dominée par le Brachypode rameux, pâturage de printemps au moment du développement des annuelles.
Pâturage extensif ovin, voire bovin ou caprin.
Absence de données.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)