Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Il s’agit d’un ensemble de milieux extrêmement diversifiés, sensiblement différents du point de vue écologique et qui se développent sur des secteurs présentant des caractéristiques stationnelles très variées.
Pelouses fermées réparties depuis la frange supérieure de l’étage montagnard jusqu’à la base de l’étage alpin (1500-2500 m).
Expositions variées.
Modelés topographiques très divers (replats, dépressions, mamelons et versants…).
Sur substrats acides ou calcaires.
Stations fraîches ou plus sèches.
Nardaies humides :
- des replats et des modelés concaves dont l’existence est liée à une nappe phréatique élevée (bordures lacustres, dépressions où s’accumulent la neige et les eaux de pluie et bords marécageux de torrents à l’étage subalpin) : pelouse à Sélin des Pyrénées et Nard raide [Selino pyrenaei-Nardetum strictae] ;
- de versant dont la présence est liée à l’écoulement de l’eau de pente, assurant la transition entre les communautés de combe à neiges et les pelouses siliceuses qu’elles ceinturent, depuis l’étage subalpin jusqu’à la base de l’étage alpin : pelouse à Trèfle des Alpes et Vulpin des Alpes [Trifolio alpini-Alopecuretum gerardii].
Nardaies sèches, de la frange supérieure de l’étage montagnard jusqu’à l’étage subalpin :
- des replats et des fonds de vallées en pente douce caractérisées par un pâturage très important et un cortège floristique très appauvri, très largement dominé par le Nard raide (Nardus stricta): pelouse à Alchémille en éventail et Nard raide [Alchemillo flabellatae-Nardetum strictae] ;
- des petites dépressions mésophiles établies sur substrat calcaire à l’est de la chaîne : pelouse à Endressie des Pyrénées et Nard raide [Endressio pyrenaicae-Nardetum strictae], avec notamment la Gentiane des Pyrénées (Gentiana pyrenaica) et l’Endressie des Pyrénées (Endressia pyrenaica) ;
- de basse altitude (étage montagnard supérieur) à tendance plus sèche et plus thermophile : pelouse à Polygale à feuilles de serpolet et Nard raide [Polygalo serpyllifoliae-Nardetum strictae].
Pelouses herbacées rases, fermées et denses à recouvrement très important, d’aspect souvent uniforme et parfois monotone.
Dans certains cas, la pelouse peut se piqueter de Genévrier hémisphérique (Juniperus communis subsp. hemisphaerica) et de Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) en fonction du microrelief et du niveau de la nappe.
Dans la tranche altitudinale considérée et sur substrat acide, les pelouses rases à Nard raide sont tout à fait caractéristiques par leur aspect uniforme et par l’abondance de la graminée qui les caractérise et qui est particulièrement reconnaissable. Elles ne peuvent donc pas être confondues avec d’autres formations acidiphiles de l’étage subalpin (pelouses fermées à Fétuque gispet (Festuca eskia) en particulier).
Pelouses de versant :
- pelouses stables en apparence et particulièrement sensibles aux diminutions d’humidité du sol ;
- les pelouses denses à Fétuque gispet peuvent en particulier être favorisées en cas de fort assèchement du milieu.
Pelouses de faible pente, des dépressions et des replats :
- dynamique liée ici à la variation de la nappe et dépendante de l’exposition et du microrelief ainsi que de l’intensité du pâturage ;
- évolution progressive vers les fruticées subalpines à Genévrier des Alpes (Juniperus sibirica), Rhododendron ferrugineux (exposition nord) et à Raisin-d’ours commun (Arctostaphylos uva-ursi) (exposition sud) sur micro-reliefs convexes (éloignement de la nappe) ;
- évolution régressive possible avec retour à des formations de bas-marais à Laîches (Carex pl. sp.) sur des micro-reliefs concaves (en particulier sous l’influence du piétinement du troupeau).
Pelouses en contact à la limite de l’étage alpin, avec les communautés de combes à neige acidiphiles [Salicetalia herbaceae, Code Corine : 36.11).
À l’étage subalpin, les pelouses côtoient les pelouses fermées à Fétuque gispet des versants nord [Code Corine : 36.314], ainsi que les formations à Pâturin violacé (Bellardiochloa variegata).
Les formations exposées plus au sud peuvent entrer en contact avec les pelouses en gradins à Fétuque gispet [Festucion eskiae, Code Corine : 36.332] et avec les pelouses rocailleuses à Fétuque paniculée [Festucion eskiae, Code Corine : 36.3311].
Les fruticées subalpines peuvent se trouver associées aux nardaies pyrénéennes et en particulier les landes à Rhododendron ferrugineux [Rhododendro ferruginei-Vaccinion myrtilli, Code UE : 4030], les landes à Genévrier des Alpes [Juniperion nanae, Code UE : 4030] ainsi que les formations à Raisin-d’ours commun [Code UE : 4030].
Au niveau des ceintures lacustres et des dépressions les nardaies se trouvent associées à des bas-marais acides des Caricetalia fuscae [Code Corine : 54.4] et aux buttes de sphaignes [Code UE : 7110*] en fonction de la microtopographie.
Habitat caractéristique de l’étage subalpin et de la base de l’étage alpin sur substrat acide présent sur l’ensemble de la chaîne pyrénéenne.
Les nardaies sont relativement pauvres du point de vue floristique ; celles qui ont été ou qui sont intensément pâturées constituent des zones très uniformes avec une dominance quasi absolue du Nard raide.
Habitat à préserver dans ces différents états.
Terrains de parcours ovin et bovin qui peuvent être mal considérés et mal perçus du fait de la faible valeur fourragère du Nard raide quand cette graminée est dominante.
Composante paysagère majeure de l’étage subalpin pyrénéen en secteur acide.
Terrain de parcours ovin pour les formations les plus sèches et sur faible pente.
La saison de pâturage de cet habitat est très courte en raison d’une durée d’enneigement relativement importante avec libération du manteau neigeux entre mi-juin et début juillet. Les sols peuvent rester longtemps imbibés d’eau.
Faible valeur fourragère lorsque le Nard raide est dominant. Cependant, la présence de la Fétuque rouge et du Trèfle des Alpes parmi les espèces dominantes augmente l’intérêt pastoral de la formation :
-la Fétuque rouge se développe en touffes à partir de début juillet ; malgré son appétence très moyenne, elle constitue le fond pastoral ;
-le Trèfle des Alpes fleurit début juillet. Son abondance détermine la qualité fourragère de la pelouse. Espèce appétente, il a tendance à être consommé en premier au détriment d’espèces plus grossières ;
-le Nard raide est plus difficile à faire consommer car précoce (deuxième quinzaine de juin) et peu (voire très peu) appétente. Il est donc important de conduire une gestion particulière des nardaies, afin d’éviter son développement, très difficile à enrayer. En terme pastoral, on cherche donc à réduire l’extension du Nard raide qui se développe au détriment des autres espèces de la pelouse.
Selon l’abondance du Trèfle des Alpes et de la Fétuque rouge, la ressource pastorale pour les ovins est de 400 à 600 jbp/ha. Dans l’étage subalpin (jusqu’à 2200 m), la repousse sur les secteurs pâturés permet un deuxième passage en fin d’estive (100 jbp/ha).
Définir les seuils de sous - et de surpâturage des nardaies.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)