Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Ce type d’habitat est localisé aux étages montagnard (supérieur) et subalpin (inférieur), entre 1 200 et 1 750 m, selon la latitude des massifs.
Les stations correspondantes offrent les caractères suivants :
- pentes généralement accusées (souvent supérieures à 30°) et escarpements divers ;
- exposition variable, chaude à semi-chaude, parfois plus fraîche, mais préférentiellement en situation d’abri (cirques glaciaires, couloirs entre parois et versants concaves, pieds de falaises ou de rochers), limitant l’influence du vent et procurant un enneigement relativement prolongé ;
- situation extrasylvatique ensoleillée (supérieure à la limite forestière), plus rarement sous couvert plus ou moins clairièré (lisière) ;
- roche-mère éruptive de type varié (granite, basalte, andésite, trachyte, cinérite, etc.), souvent à l’état colluvial (éboulis fixés) ;
- sol en général profond, bien aéré et frais (mais pouvant être superficiellement soumis à de brèves périodes de sécheresse), de type ranker ou sol brun à mull mésotrophe (pH 5,0-5,8).
La diversité typologique est principalement liée à la distribution géographique (Vosges, Massif central), secondairement à l’exposition et aux conditions microclimatiques en résultant.
Dans les Vosges : prairie à Digitale à grandes fleurs et Calamagrostide roseau [Digitali grandiflorae-Calamagrostietum arundinaceae] présentant plusieurs sous-associations (ainsi que diverses variantes) :
- sous-association à Orpin reprise [sedetosum telephii], thermophile (expositions chaudes, sol sec ou rocailleux) ;
- sous-association à Sorbier de Mougeot [sorbetosum mougeotii], plus fraîche et humide (exposition est, souvent en clairière), enrichie en arbustes (divers autres Sorbiers : Sorbier des oiseleurs, Sorbus aucuparia ; Alisier nain, Sorbus chamaemespilus ; Érable sycomore, Acer pseudoplatanus) ;
- sous-association à Trolle d’Europe [trollietosum europaei], mésohygrophile (exposition nord).
Dans le Massif central (principalement en Auvergne) : prairie à Séneçon doronic et Calamagrostide roseau [Senecioni doronici-Calamagrostietum arundinaceae], également différenciée en sous-associations (et variantes) :
- sous-association à Fétuque paniculée [festucetosum paniculatae], thermophile (exposition sud) ;
- sous-association à Séneçon cacaliaster [senecietosum cacaliastri], plus mésophile (expositions fraîches), sous influence forestière.
Il s’agit de prairies luxuriantes et denses (recouvrement rarement inférieur à 95%), à hautes herbes : large majorité d’hémicryptophytes (près de 80% du spectre biologique), au sein desquelles les grandes poacées (graminées) sont, en principe, physionomiquement dominantes. Au Calamagrostide roseau, dont les touffes puissantes peuvent largement dépasser 1 m, s’ajoutent fréquemment la Fétuque paniculée (Festuca paniculata), l’Avoine élevée (Arrhenatherum elatius), le Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), etc.
On peut y souligner d’autre part :
- la participation de grandes fougères : Fougère mâle (Dryopteris filix-mas), Fougère femelle (Athyrium filix-femina) ;
- la présence fréquente de plages d’éricacées (Myrtille, Vaccinium myrtillus ; Airelle des marais, V. uliginosum ; Airelle rouge, V. vitis-idaea) ainsi que d’îlots isolés d’arbustes divers : Sorbier des oiseleurs, Alisier blanc (Sorbus aria), Érable sycomore, Noisetier (Corylus avellana).
Il peut s’agir surtout :
- des mégaphorbiaies mésohygrophiles (Adenostylion alliariae, habitat 6430-8), mais ces dernières s’en différencient par l’absence ou la rareté des grandes poacées (graminées) ;
- de certaines communautés de prairies grasses de fauche (Polygono bistortae-Trisetion flavescentis, UE 6520) où toutefois les grandes fougères sont absentes et la participation des ligneux (éricacées, arbustes divers) quasi nulle.
Spontanée :
Ce type de végétation, qui présente une relative stabilité, est en principe de caractère subpermanent. Il est à noter toutefois une possibilité d’invasion par les éricacées (Myrtille, Airelle des marais), surtout dans l’horizon montagnard supérieur, auxquelles se joignent progressivement des ligneux précurseurs de la hêtraie (Alisier blanc, Sorbier des oiseleurs, Érable sycomore). Cependant le retour à un stade forestier (Luzulo-Fagenion, UE 9110 ; Aceri-Fagion, UE 9140) s’avère très hypothétique.
Liée aux activités humaines :
Ce type d’habitat est en principe non soumis à gestion, en particulier agricole, compte tenu de sa localisation stationnelle (accessibilité réduite). Par contre, le développement des communautés végétales correspondantes peut s’effectuer à partir de pâturages abandonnés ou en milieu forestier dégradé (coupes, incendies).
Mégaphorbiaies mésohygrophiles (Adenostylion alliariae, habitat 6430-8).
Landes à fabacées (Genêt poilu, Genista pilosa) et éricacées (Myrtille, Airelle des marais) (Genisto-Vaccinion, UE 4030).
Hêtraies (Luzulo-Fagenion, UE 9110 ; Aceri-Fagion, UE 9140).
Vosges, Massif central (Pyrénées - : à rechercher), à l’état disséminé.
Ce type d’habitat représente, du point de vue de la végétation, un rare exemple de communautés prairiales d’origine primaire, vraisemblablement différenciées dès le début du post-glaciaire (phase boréale), encore peu influencées par les activités humaines.
Leur composition floristique, très diversifiée (côtoiement d’espèces aux exigences écologiques très diverses), comprend des espèces protégées régionalement (Œillet de Montpellier : Limousin), mais aussi protégées au plan national (annexe II : Œillet superbe, Dianthus superbus).
États à privilégier :
Les communautés les plus représentatives de l’état originel : état prairial, exempt ou peu riche en ligneux, en stations chaudes et ensoleillées.
Autres états observables :
Nombreux états intermédiaires avec les mégaphorbiaies mésohygrophiles (Adenostylion alliariae, habitat 6430-8) ainsi qu’avec les prairies mésophiles influencées par l’homme (Arrhenatheretalia elatioris, UE 6510) et les pelouses méso-xérophiles semi-naturelles (Brometalia erecti, UE 6210).
Type de végétation se maintenant naturellement dans les conditions stationnelles correspondant à son optimum et non menacé dans le contexte actuel.
Aucune.
On peut principalement préconiser :
- les inventaires faunistiques ;
- les prospections dans la chaîne pyrénéenne (recherche d’un type d’habitat homologue) ;
- les recherches sur la stabilité et le rôle fonctionnel des communautés végétales correspondantes.
Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)