6510-7 - Prairies fauchées collinéennes à submontagnardes eutrophiques

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Climats variés allant du climat subatlantique à nord-atlantique au climat atlantique montagnard.
Substrats géologiques très variés (y compris poldériens) en fait masqués par l’eutrophisation pour la végétation prairiale.
Fertilisation élevée (prairies eutrophiques).
Prairies sous-pâturées (bovins, parfois lapins) ou traitées en fauche avec pâturage tardif possible.

Variabilité

Variabilité surtout fonction des climats régionaux :
- sous climat subatlantique à nord-atlantique : prairie à Berce des prés et Brome mou [Heracleo sphondylii-Brometum mollis], peu variable ;
- sous climat atlantique montagnard : prairie à Berce de Lecoq et Fromental élevé [Heracleo lecoquii-Arrhenatheretum elatioris] peu connue ;
- sous climat nord-atlantique littoral : prairie à Orobanche pourpre et Fromental élevé [Orobancho purpureae-Arrhenatheretum elatioris], très peu variable ; une variante à Liondent des rochers, (Leontodon saxatilis), est liée à une station sous-pâturée ;

D'autres types de prairies de fauche eutrophiques restent probablement à décrire (notamment en secteur dunaire, sur sols pollués, etc.).

Physionomie, structure

Physionomie terne, l’eutrophisation ayant tendance à faire régresser ou même disparaître les Dicotylédones à floraisons vives et à favoriser les Monocotylédones sociales (graminées) et les Dicotylédones anémophiles (Patiences) ; seules quelques ombellifères eutrophiques (Berces, Cerfeuils) éclairent ces prairies.
Prairies denses et à biomasse élevée, offrant ainsi une sévère concurrence vis-à-vis d’éventuels semis d’espèces extérieures.

Confusions possibles

Aucune confusion.

Dynamique

Spontanée :
Généralement masquée par l’eutrophisation.
La prairie à Berce des prés et Brome mou s’inscrit dans la potentialité de nombreux types forestiers (chênaies-hêtraies-charmaies) [Codes Corine. : 41.1, 41.2].
La prairie à Berce de Lecoq et Fromental élevé s’inscrit plutôt dans celle d’une hêtraie montagnarde [Code Corine : 41.1].
La prairie à Orobanche pourpre et Fromental élevé, poldérienne, est peut-être lié à une ormaie littorale potentielle.

Liée à la gestion :
Le plus souvent, cet habitat dérive par convergence de plusieurs types de prairies de fauche mésotrophiques ou de pelouses oligotrophiques mésophiles (une association psammophile à Laîche des sables et Fétuque pour la prairie à Orobanche pourpre et Fromental élevé) sous l’influence d’une forte fertilisation, la fertilisation masquant les différences d’origine des prairies et pelouses initiales. Il est d’ailleurs souvent assez proche des exploitations agricoles, ce qui en facilite la fertilisation (épandage de lisier…).
Une eutrophisation encore plus forte signerait la fin de la formation prairiale au sens strict et son remplacement par de hautes friches nitrophiles à Patience et ombellifères (Heracleo sphondylii-Rumicetum obtusifolii en plaine, friche à Chaerophyllum aureum en montagne, friche poldérienne à Cirses) [Code Corine : 87].
Un pâturage intensif le fait dériver vers des prairies pâturées eutrophiques (Lolio perennis-Cynosuretum cristati, pré eutrophique montagnard indéterminé, pré poldérien à Panicaut des champs et Ivraie vivace) [Code Corine : 81.1].

Habitats associés ou en contact

Prairie à Berce des prés et Brome mou : prairies pâturées [Code Corine : 81.1] et ourlets eux-mêmes eutrophiques.
Prairie à Berce de Lecoq et Fromental élevé : indéterminés.
Prairie à Orobanche pourpre et Fromental élevé : pelouse psammophile à Laîche des sables [Code UE : 2130], prairie pâturée à Panicaut des champs et Ivraie vivace [Code Corine : 81.1], friche à Cirses [Code Corine : 87].

Répartition géographique

Prairie à Berce des prés et Brome mou : largement répandue du nord-ouest au nord de la France, mais possédant certainement une aire plus vaste encore ; vers les régions ligériennes, elle semble remplacée par une prairie non définie différenciée par des espèces plus thermophiles (Rumex pulcher, Carduus tenuiflorus…).
Prairie à Berce de Lecoq et Fromental élevé : actuellement connue seulement du plateau d’Aubrac, mais certainement à aire plus large sur le plateau central, dans l’aire française de la Berce de Lecoq.
Prairie à Orobanche pourpre et Fromental élevé : littoral nord-atlantique de la Manche orientale et de la mer du Nord (Boulonnais, côte d’Opale, Flandre maritime).

Valeur écologique et biologique

Prairie à Berce des prés et Brome mou : valeur écologique et biologique très faible.
Prairie à Berce de Lecoq et Fromental élevé : valeur faible.
Prairie à Orobanche pourpre et Fromental élevé : valeur régionale, l’Orobanche pourpre étant protégée et menacée en région Nord-Pas-de-Calais.

États de conservation

États à privilégier :
La prairie à Orobanche pourpre et Fromental élevé.
Autres états observables :
Les autres types de prairies de fauche eutrophiques, sous leurs diverses formes d’eutrophisation, ne présentent qu’un intérêt secondaire et leur restauration en prairies mésotrophiques peut être une orientation à privilégier.

Tendances et menaces

Les prairies à Berces et Brome mou ou Fromental élevé ne semblent guère menacées et pourraient même être localement en extension sous l’effet de la fertilisation. Seule la prairie à Orobanche pourpre et Fromental élevé pourrait être menacée et se transformer en friche à Cirses ; son inclusion dans une RN gérée par un cahier des charges précis vise à son maintien.

Potentialités intrinsèques de production

Milieu pauvre d’un point de vue agronomique, pouvant être soumis à un pâturage très extensif à mesurer en fonction de la ressource offerte.

Axes de recherche

Études phytosociologiques complémentaires sur la prairie à Berce de Lecoq et Fromental.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)