6520-4 - Prairies fauchées montagnardes et subalpines des Alpes et du Jura

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages montagnard supérieur à subalpin (1100-2000 m), plus rarement montagnard moyen (600-1000 m).
Climat montagnard-continental froid et humide.
Roches mères basiques : calcaires, marnes.
Topographie de pentes faibles à nulles.
Sols moyennement à assez fortement fumés (prairies mésotrophiques).
Prairies sous-pâturées ou traitées en fauche (parfois précoce avec possibilité de regain d’arrière-saison en climat favorable).
Pâturage tardif possible.

Variabilité

Habitat encore trop peu connu, dont la variabilité est fonction du climat local des niveaux trophiques :
- sous climat jurassien : prairie de fauche mésotrophique à Euphobe verruqueuse et Trisète jaunâtre [Euphorbio brittingeri-Trisetetum flavescentis], avec une variation mésotrophique à Brome dressé (Bromus erectus) et Brachypode penné (Brachypodium pinnatum) [sous-association brometosum erecti], une variation plus eutrophisée à Ivraie vivace (Lolium perenne), Brome mou (Bromus hordeaceus) et Crépide bisannuelle (Crepis biennis) [sous-association brometosum mollis], enfin une variation de milieu froid à Raiponce en épi (Phyteuma spicatum) et Colchique d’automne (Colchicum autumnale) [sousassociation phyteumetosum spicati] ;
- Alpes centrales : prairie à Astrance majeure et Trisète jaunâtre [Astrantio majoris-Trisetetum flavescentis], dont les variations sont encore très mal connues ;
- Alpes méridionales : prairie à Fenouil des Alpes et Trisète jaunâtre [Meo athamantici-Trisetetum flavescentis] avec variation d’altitude inférieure à Laîche austro-alpine (Carex austro-alpina) et Seslérie bleue (Sesleria caerulea) [jusque vers 1700 m, sous-association caricetosum austro-alpinae] et d’altitude supérieure à Potentille à grandes fleurs (Potentilla grandiflora) et Centaurée uniflore (Centaurea uniflora) [au-dessus de 1600 m, sous-association potentilletosum grandiflorae].

Physionomie, structure

Habitat à structure typique de prairie à biomasse élevée, dense (fourrage souvent abondant) : richesse en hémicryptophytes et géophytes, pauvreté en thérophytes.
Une stratification nette sépare les plus hautes herbes (graminées élevées, ombellifères, composées…) des herbes plus basses (petites graminées, herbes à tiges rampantes…).
L’optimum de floraison est souvent attachant, avec une bonne représentation des Dicotylédones à floraisons tardi-vernales à estivales souvent vives et attirant les pollinisateurs.

Confusions possibles

Aucune confusion possible.

Dynamique

Spontanée :
Plusieurs formes de cet habitat s’inscrivent dans une potentialité forestière de hêtraies montagnardes [Code Corine : 41.] et de forêts de résineux (pessières, mélézeins) [Code UE : 9410, 9420] selon l’altitude et les massifs. Par exemple l’abandon de la prairie à Euphorbe verruqueuse et Trisète jaunâtre favorise le retour des pelouses du Mesobromion erecti facilement colonisées par les arbustes de la série dynamique progressive.

Liée à la gestion :
Surtout connue pour la forme jurassienne de l’habitat :
- forme dérivant par fertilisation et traitement en fauche ou sous-pâturage de pelouses oligotrophiques neutrophiles à calcicoles, montagnardes du Mesobromion erecti [Gentiano vernae-Brometum erecti, Code UE : 6210] ;
- une fertilisation plus intensive la fait dériver des prairies de fauche montagnardes eutrophiques plus ternes à Fromental élevé (Arrhenatherum elatius), Alchémille jaune-vert (Alchemilla xanthochlora) et Patience crépue (Rumex crispus) ;
- un pâturage plus intensif la fait évoluer vers des prairies à Alchémille jaune-vert et Cynosure crételle (Cynosurus cristatus) plus pauvres en espèces et de moindre valeur patrimoniale [Gentiano luteae-Cynosuretum cristati, Code Corine : 38.1] ;
- la forme des Alpes méridionales dérive de pelouses acidiclines plus alticoles à Nard raide (Nardus stricta), Fétuque en spadice (Festuca paniculata subsp. spadicea), Centaurée uniflore (Centaurea uniflora) [Code UE : 6230, Code Corine : 36.331].

Habitats associés ou en contact

Pelouses oligotrophiques neutrophiles à calcicoles, montagnardes et subalpines : Mesobromion erecti [Code UE : 6210], pelouses acidiclines [Code UE : 6230, Code Corine : 36.331].
Prairies de fauche montagnardes eutrophiques.
Prairies pâturées à Alchémille jaune-vert et Cynosure crételle [Code Corine : 38.1].

Répartition géographique

Prairie à Euphobe verruqueuse et Trisète jaunâtre : étage montagnard moyen à supérieur (600-1300 m) du Jura.
Prairie à Astrance majeure et Trisète jaunâtre : Alpes septentrionales.
Prairie à Fenouil des Alpes et Trisète jaunâtre : Alpes méridionales jusqu’en Maurienne vers le nord.

Valeur écologique et biologique

Valeur régionale en ce qui concerne la flore : pas d’espèces végétales protégées ou/et menacées au plan national.
Quelques espèces de cet habitat sont protégées dans certaines régions : l’Anémone à feuilles de narcisse dans le Jura.

États de conservation

États à privilégier :
Privilégier les formes mésotrophiques peu pâturées de l’habitat.
Autres états observables :
Formes eutrophisées.

Tendances et menaces

Habitat semblant peu menacé dans son aire, restant menacé par le pâturage intensif et la fertilisation pouvant le faire dériver vers un habitat de moindre valeur patrimoniale.

Potentialités intrinsèques de production

Aujourd’hui, les prairies qui présentent les caractéristiques de l’habitat ont un intérêt d’appoint dans la récolte de foin des systèmes de production d’élevage en montagne, sauf pour certaines exploitation très marginales où elles constituent la base de l’alimentation des animaux pour les 5 à 6 mois d’hivernage.
L’abondance du Géranium et des Ombellifères conditionnent les qualités fourragères du foin récolté : un taux élevé de ces espèces (à partir de 30 % à 40 % du volume de la végétation) entraîne des difficultés de récolte du foin (séchage très long et pertes par brisures) et des problèmes d’appétibilité du foin et au pâturage. Le risque d’envahissement du tapis herbacé par les grosses dicotylédones est accentué par une fauche tardive associée à une forte fertilisation organique, particulièrement dans les milieux frais.
Fort attrait paysager.

Axes de recherche

Impact du pâturage sur l’habitat -

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)