6520-3 - Prairie de fauche montagnarde à géranium des bois du Massif vosgien

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage montagnard du massif vosgien (entre 400 et 1000 m d’altitude). Climat assez humide (précipitations annuelles supérieures à 1000 mm) et à caractère continental (nombre de jours de gelées par an supérieur à 100).
Substrat siliceux (granite, grès, grauwakes, …). Sol faiblement acide (pH entre 6 et 7), assez épais (colluvions). Pente et exposition variables. Milieu mésohydrique et mésotrophe.

Variabilité

Deux variantes peuvent être distinguées en fonction du niveau hydrique :
- une variante plus xérophile, sur sol plus sec ou à plus faible réserve en eau, différenciée par le Thym serpollet (Thymus pulegioides), le Polygala vulgaire (Polygala vulgaris), la Piloselle (Hieracium pilosella);
- une variante plus hygrophile, sur sol plus humide, différenciée par la Reine des prés (Filipendula ulmaria), la Crépide des marais (Crepis paludosa), le Compagnon rouge (Melandrium rubrum), le Lotier des marais (Lotus uliginosus).

Physionomie, structure

Formation herbacée assez haute, dominée par des graminées (Houlques, Agrostides, Avoines), mais présentant une flore très diversifiée, riche en Ombellifères, Composées, Papillionacées.

Confusions possibles

Avec la prairie hygrophile à Molinie et Jonc acutiflore, qui se distingue par une flore hygrophile typique, avec de nombreux joncs et laîches.
Avec la pelouse acidiphile à Genêt ailé, qui se distingue par une flore davantage oligotrophe (Nard, Arnica, Genêt ailé, Genêt velu, Callune…).

Dynamique

Cette prairie montagnarde est une formation secondaire résultant d’un déboisement et d’une gestion herbagère extensive, avec fertilisation faible ou nulle.
Une intensification de la gestion, par amendements et fertilisations élevées, conduit à un appauvrissement floristique par régression des espèces oligo-mésotrophes.
Un arrêt de la gestion herbagère conduit à des friches, d’abord herbacées dominées par des Poacées compétitives, puis à une colonisation par des arbustes (Genêt à balais) et des ligneux (Noisetier, Érable sycomore, Frêne, …), déterminant un retour progressif à la forêt climacique (hêtraie-sapinière).

Habitats associés ou en contact

Pelouse acidiphile à Genêt ailé.
Prairie hygrophile à Molinie et Jonc acutiflore.
Hêtraie-sapinière acidiphile.
Lande montagnarde à Airelle.

Répartition géographique

Étage montagnard du massif vosgien (entre 400 et 1000 m d’altitude), aussi sur le versant occidental (lorrain) qu’oriental (alsacien). Cet habitat est absent des Vosges du Nord (au nord de Saverne).

Valeur écologique et biologique

Élevée, car il s’agit d’un habitat acidocline mésotrophe en voie de régression par suite de la déprise agricole. Cet habitat présente une diversité spécifique élevée.

États de conservation

L’état optimum correspond à une gestion extensive par fauche tardive avec une fertilisation faible.

Tendances et menaces

Cet habitat est surtout menacé par la déprise agricole et le reboisement des prairies de montagne.

Potentialités intrinsèques de production

Prairie de fauche dominée par les graminées, très fleurie si l’intensification n’est pas excessive.
Ces prairies naturelles de fauche permettent aux éleveurs d’ajuster leur bilan fourrager et de limiter les déficits pendant les années de faible rendement ; ces prairies ne sont donc pas fauchées systématiquement chaque année, selon le niveau de stockage.
L’abondance du Géranium et des Ombellifères (Heracleum sphondylium...) conditionnent les qualités fourragères : un taux élevé de ces espèces (à partir de 30 % à 40 % du volume de la végétation) entraîne des difficultés de récolte du foin (séchage très long et pertes par brisures) et des problèmes d’appétibilité du foin et au pâturage.
Dans ces prairies, les exploitants ont des pratiques peu intensives (fauche tardive, fertilisation faible ou nulle du fait de leur éloignement). Grâce aux conditions de pousse de l’herbe liées à l’altitude, les foins récoltés restent cependant de qualité correcte.
Les modes d’exploitation de ces prairies sont variables : elles peuvent être fauchées au printemps (une à deux fauches selon le niveau de ressources du tapis herbacé), les repousses étant pâturées à l’automne ou pâturées au printemps (fin de montaison des graminées) et fauchées en été.
Les rendements sont moyens ; ils dépendent de la date de coupe, de l’altitude et de la disponibilité en éléments nutritifs ; fort attrait paysager.

Axes de recherche

Mise au point d’une méthode de gestion respectueuse des contraintes environnementales, établie au cas par cas à partir d’un diagnostic de l’état des prairies.
Étude de suivi du cycle du lisier, pour l’élaboration d’un outil plus précis de conseil à la fertilisation raisonnée des parcelles.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)