8110-3 - Éboulis siliceux alpins à nivaux à éléments fins des Alpes

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages alpin et nival.
Éléments fins (inférieurs à 0,2 cm) de faible mobilité.
Pentes faibles (le plus souvent inférieures à 25 %), replats, petites dépressions longuement enneigées (au moins huit mois par an).
Principalement aux expositions froides (nord), microclimat froid et humide.
Sol squelettique présentant une plus grande proportion de terre fine que les éboulis à éléments moyens et gros de l’Androsacion alpinae [Code UE : 8110] et un pH de la terre fine de l’ordre de 6-6,5.

Variabilité

Variations d’ordre topographique :
- petites dépressions, couloirs longuement enneigés en bordure de l’éboulis à Oxyria à deux stigmates [Oxyrietum digynae], sur sols graveleux, longtemps imbibés de l’eau de fonte des neiges : éboulis à Luzule rouge-brun [Luzuletum spadicea], avec en plus : Cardamine à feuilles de réséda (Cardamine resedifolia), Doronic de Clusius (Doronicum clusii) ;
- replats et pentes faibles des sommets : éboulis à Androsace des Alpes [Androsacetum alpinae], caractérisés de plus par : Éritrichium nain (Eritrichium nanum), Gentiane de Bavière (Gentiana bavarica).

Physionomie, structure

L’éboulis à Luzule rouge-brun est très ouvert (degré de recouvrement de la végétation inférieur à 10 %).
L’éboulis à Androsace des Alpes présente un recouvrement plus important (jusqu’à 20 %).
Abondance et sociabilité des espèces faibles.
Cet habitat est dominé par des chaméphytes, tels que l’Éritrichium nain, l’Androsace des Alpes, et des hémicryptophytes : Benoîte rampante (Geum reptans), Renoncule des glaciers (Ranunculus glacialis).
Les espèces, essentiellement de taille réduite (en particulier pour les éboulis à Androsace des Alpes particulièrement exposés au vent), sont pour beaucoup rampantes (lithophytes migrateurs, ascendants et recouvreurs), telles que la Benoîte rampante, ou prostrées : Éritrichium nain, Androsace des Alpes, Renoncule des glaciers.

Confusions possibles

Éboulis de calcschistes du Drabion hoppeanae [Code UE : 8120, Code Corine : 61.21].

Dynamique

Lorsque les eaux de fonte de neige et l’altération des roches ont entraîné une accumulation suffisante d’éléments fins, la végétation colonise les moraines, les éboulis siliceux à éléments moyens et gros à Oxyria à deux stigmates [Oxyrietum digynae ; Code UE : 8110, code Corine : 61.11], parfois les sols remaniés aux abords des remontées mécaniques, et induit le passage vers les pelouses.
Dans les microclimats froids et humides (durée d’enneigement importante), passage aux pelouses acidophiles des combes à neige du Salicion herbaceae (Code Corine : 36.111), aux pelouses à Renoncule de Küpfer (Ranunculus kuepferi) et à Vulpin de Gérard (Alopecurus alpinus) méso-hygrophiles du Nardion strictae [Code UE : 6230*, Code Corine : 36.313].
Dans les microclimats moins humides, à durée d’enneigement plus faible, passage aux pelouses mésophiles du Caricion curvulae (Code Corine : 36.34), en particulier celles à Fétuque de Haller (Festuca halleri) [Festucetum hallerii ; Code Corine : 36.342].

Habitats associés ou en contact

Falaises siliceuses de l’Androsacion vandellii [Code UE : 8220, Code Corine : 62.211].
En situations froides et humides :
- pelouses acidophiles des combes à neige du Salicion herbaceae [Code Corine : 36.111] ;
- pelouses à Renoncule de Küpfer et à Vulpin de Gérard mésohygrophiles du Nardion strictae [Code UE : 6230*, Code Corine : 36.313].
En situations plus thermophiles :
- pelouses mésophiles du Caricion curvulae (Code Corine : 36.34) ;
- pelouses xéro-mésophiles et mésophiles à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) [Code Corine : 36.331] ;
- landines du Loiseleurio procumbentis-Vaccinion microphylli [Code UE : 4060, Code Corine : 31.41].

Répartition géographique

Dans l’ensemble des Alpes.

Valeur écologique et biologique

Cet habitat possède deux espèces endémiques des Alpes : Éritrichium nain, Gentiane de Bavière.
Une espèce est protégée au niveau national : Androsace des Alpes.
Une espèce est protégée au niveau de la région Rhône-Alpes : Doronic de Clusius.

États de conservation

États à privilégier :
Les éboulis encore actifs (dont la dynamique n’a pas été modifiée par des aménagements humains) non colonisés par des espèces de pelouses et présentant une flore spécifique d’éboulis (lithophytes migrateurs…).
Les éboulis non pâturés par les troupeaux.

Tendances et menaces

Cet habitat est globalement peu menacé, sauf dans les secteurs concernés par les aménagements de domaines skiables (notamment dans les Alpes du Nord : Vanoise...). Ces aménagements (créations de pistes de ski et terrassements induit) ainsi que la création de routes, de pistes pastorales, de sentiers de randonnées…, peuvent entraîner la disparition de certaines stations (soit de manière directe, en détruisant le pierrier, soit indirecte, en empêchant l’apport de matériaux nouveaux ; l’éboulis s’immobilise et est colonisé par d’autres habitats). À l’inverse, certains autres, tels que les remaniements des sols aux abords des remontées mécaniques, peuvent créer ou favoriser de nouvelles stations.
Les troupeaux s’écartant des parcours pastoraux peuvent entraîner la raréfaction de certaines espèces.
La création de nouveaux sentiers, en particulier lorsqu’ils sont parallèles à la pente, augmente le ravinement.

Axes de recherche

Améliorer les connaissances sur la répartition de l’habitat dans les Alpes.
Évaluer les incidences des travaux de terrassement et d’entretien des pistes (compactage, passage d’engins...) en haute altitude sur le devenir de cet habitat et de la flore associée.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)