Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Étage montagnard et subalpin (alpin).
Éléments fins, marneux, marno-calcaires, formations friables ravinées.
Pente très variable (de presque nulle à 50 %).
Humidité édaphique importante en liaison avec la présence de suintements.
Principalement aux expositions froides, mais la présence de suintements (maintenant un microclimat froid et humide) permet son développement aux expositions plus chaudes.
pH du sol de l’ordre de 7,5-8.

Diversité typologique en rapport avec la géographie (Alpes ou Jura) et l’altitude (étage montagnard ou subalpin), la nature du substrat (sur alluvions caillouteuses en bordure de torrent ou non).
Jura : éboulis à Ligustique fausse férule et Liondent faux hyoséris [Ligustico ferulacei-Leontodontetum hyoseroidis], avec de plus : Renoncule de Séguier (Ranunculus seguieri), Astragale aristé (Astragalus sempervirens).

Alpes :
- étage subalpin : éboulis à Athamante de Crète et Trisète à feuilles distiques [Athamantho cretensis-Trisetetum distichophylli], caractérisé par un appauvrissement en Pétasite blanc de neige (Petasites paradoxus); éboulis relativement sec et mobile ;
- optimum à l’étage montagnard : éboulis à Pétasite blanc de neige [Petasitetum paradoxi], en situations suintantes, avec en plus : Valériane des montagnes (Valeriana montana), Adénostyle glabre (Cacalia alpina), Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides), avec variations stationnelles :
sur alluvions caillouteuses : sous-association à Épilobe des moraines (Epilobium fleischeri) [Petasitetum paradoxi epilobietosum fleischeri] ;
sur éboulis enrichis en éléments plus grossiers : sous-association à Dryoptéris du calcaire (Gymnocarpium robertianum) et Avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense) [Petasitetum paradoxi dryopteridetosum robertianae].

Le degré de recouvrement est de l’ordre de 20 à 30 %.
La bonne fertilité et la bonne alimentation en eau de cet éboulis permettent à des espèces de grande taille (surtout dans les éboulis à éléments plus grossiers) telles que Pétasite blanc de neige, Valériane des montagnes, Adénostyle glabre de se développer à côté d’espèces rampantes adaptées aux conditions mouvantes du substrat (lithophytes migrateurs, ascendants et recouvreurs) telles que Trisète à feuilles distiques.

Avec les éboulis calcaires à éléments gros des situations fraîches de l’Arabidion alpinae [Code UE : 8160*, Code Corine : 61.3123].
Avec les éboulis calcaires thermophiles du Stipion calamagrostis [Code UE : 8130, Code Corine : 61.311].
Avec les éboulis calcaires à éléments fins à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [Berardietum lanuginosae ; Code UE : 8120, Code Corine : 61.2322] et à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) [Leontodontetum montani ; Code UE : 8120, Code Corine : 61.2321].

Habitat pouvant évoluer lentement après fixation et accumulation de terre fine.
Pour les formes se développant en situations fraîches, évolution principalement vers : les pelouses méso-hygrophiles à Nard raide (Nardus stricta) du Nardion strictae [Code UE : 6230*, Code Corine : 36.31], les pelouses méso-hygrophiles du Caricion ferrugineae [Code UE : 6170, Code Corine : 36.41], les pelouses de combe à neige calcaire de l’Arabidion caeruleae [Code Corine : 61.2], puis :
- passage possible aux mégaphorbiaies méso-hygrophiles de l’Adenostylion alliariae [Code UE : 6430, Code Corine : 37.81], aux landes du Rhododendro ferruginei-Vaccinion myrtilli [Code UE : 4060, Code Corine : 31.42] ;
- puis passage possible à diverses forêts selon la région et le microclimat : pinèdes de Pin cembro (Pinus cembra) et mélézein du Rhododendro ferruginei-Vaccinion myrtilli [Code UE : 9420, Code Corine : 42.31], pessières acidophiles du Piceion excelsae [Code UE : 9410].
Pour la forme à Épilobe des moraines, en bordure de torrent, évolution vers les alluvions caillouteuses de l’Epilobion fleischeri [Code UE : 3220, Code Corine : 24.221] et les saulaies riveraines pionnières du Salicion incanae [Code UE : 3240, Code Corine : 44.11].

Les habitats évoqués dans le chapitre « Dynamique de la végétation », auxquels s’ajoutent, à la faveur de micro-expositions plus thermophiles ou aux limites altitudinales supérieures, les éboulis calcaires à éléments fins à Bérardie laineuse [Berardietum lanuginosae ; Code UE : 8120, Code Corine : 61.2322] et à Liondent des montagnes [Leontodontetum montani ; Code UE : 8120, Code Corine : 61.2321].

Présent dans toutes les Alpes et le Jura.

Cet habitat présente deux espèces endémiques des Alpes : Pâturin du Mont Cenis, Épilobe des moraines ; aucune espèce ne fait l’objet d’une protection.
Ces éboulis peuvent héberger les larves du Petit Apollon (Parnassius phoebus), papillon rare et protégé, se nourrissant exclusivement de la Saxifrage faux aizoon.

États à privilégier :
Les éboulis encore actifs (dont la dynamique n’a pas été modifiée par des aménagements humains) non colonisés par des espèces de pelouses et présentant une flore spécifique d’éboulis (lithophytes migrateurs…).
Les éboulis non pâturés par les troupeaux.

Cet habitat est globalement peu menacé.
Certaines stations de basse altitude peuvent souffrir de l’exploitation des matériaux pierreux.
La création de routes peut favoriser l’installation ponctuelle de cet habitat (remaniement des talus), tout comme elle peut entraîner la disparition de stations de manière directe (destruction du pierrier) ou de manière indirecte, en empêchant l’apport de matériaux nouveaux ; l’éboulis s’immobilise et est alors colonisé par d’autres habitats (cf. « Dynamique de la végétation »).
Les troupeaux s’écartant des parcours pastoraux peuvent entraîner la raréfaction de certaines espèces.
La création de nouveaux sentiers, en particulier lorsqu’ils sont parallèles à la pente, augmente le ravinement.

Mise en place d’un protocole de suivi de l’impact de la fréquentation touristique (piétinement...).
Améliorer les connaissances sur la répartition de l’habitat dans les Alpes.

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)