Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage montagnard et subalpin.
Éléments moyens et gros (15-20 à 200 cm), sur pente faible, parfois nulle, faible mobilité des éléments.
Parfois sur des champs de lapiaz.
Aux expositions froides, en situations ombragées (en contact avec des forêts) ; le microclimat est donc frais et humide.
Durée d’enneigement le plus souvent importante. Faible rétention d’eau dans le substratum géologique.
La dimension des éléments de l’éboulis constitue un premier facteur de variation.
Blocs de 15-25 cm : éboulis à Dryoptéris du calcaire [Gymnocarpietum robertiani], avec en plus : Géranium herbe à Robert (Geranium robertianum). Cette association est souvent positionnée dans la partie inférieure des éboulis, où la pente et la mobilité des éléments sont les plus faibles.
Blocs supérieurs à 25 cm ; variations selon les conditions microclimatiques :
- conditions les plus sèches, enneigement assez court : éboulis à Dryoptéris de Villars [Dryopteridetum villarii], avec en plus : Adénostyle glabre (Cacalia alpina), Valériane des montagnes (Valeriana montana), Doronic à grandes fleurs (Doronicum grandiflorum) ;
- conditions les plus humides, enneigement assez long :
dans les couloirs d’affaissement : sous-association à Saule à feuilles tronquées (Salix retusa) de l’éboulis à Dryoptéris de Villars [Dryopteridetum villarii salicetosum retusae], enrichie en espèces de combe à neige, avec, outre le Saule à feuilles tronquées : Soldanelle des Alpes (Soldanella alpina), Cresson des chamois (Pritzelago alpina), Fétuque à quatre fleurs (Festuca quadriflora),
dans les champs de lapiaz (sur blocs de 25 à 200 cm) : éboulis à Polystic en forme de lance [Polystichetum lonchitis], enrichi en espèces de combe à neige : Violette à deux fleurs (Viola biflora), Soldanelle des Alpes, Alchémille vulgaire (Alchemilla vulgaris), caractérisé de plus par : Adénostyle glabre, Doradille à pétiole vert (Asplenium viride), Fougère femelle (Athyrium filix-femina), Fougère mâle (Dryopteris filix-mas), Millepertuis de Richer (Hypericum richeri),
dans les zones fraîches, plus ombragées que pour les éboulis précédents, sur terre riche en humus : éboulis à Cystoptéris des montagnes [Cystopteridetum montanae], avec souvent présents : Doradille scolopendre (Asplenium scolopendrium), Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum), Adénostyle à feuilles d’alliaire (Cacalia alliariae), Cardamine des prés (Cardamina pratensis), Oxalis petite oseille (Oxalis acetosa), Chérophylle hérissé (Chaerophyllum hirsutum), Séneçon de Fuchs (Senecio ovatus subsp. ovatus).
Le recouvrement est faible (le plus souvent inférieur à 10 %), excepté pour l’éboulis à Cystoptéris des montagnes, dont la strate herbacée atteint en moyenne 75 % et la strate muscinale 60 %. La physionomie est caractérisée par les nombreuses fougères.
Les gros blocs créent des microconditions ombragées, froides où se développe une végétation sciaphile, le plus souvent composée d’espèces de grande taille (à l’exception de la Violette à fleurs par deux) : Valériane des montagnes, Doronic à grandes fleurs, Adénostyle glabre…
Le Dryoptéris du calcaire présente un optimum de développement dans les éboulis à éléments de 15 à 25 cm.
Avec les éboulis siliceux à gros éléments des stations fraîches de l’Allosuro crispi-Athyrion alpestris [Code UE : 8110, Code Corine : 61.114].
Avec les éboulis calcaires à éléments fins, des situations fraîches du Petasition paradoxi [Code UE : 8130, Code Corine : 61.231].
Habitat parfois permanent, principalement aux altitudes supérieures (aux remontées de cet éboulis à l’étage alpin) et aux expositions chaudes où la destruction de la roche et l’accumulation de matériaux fins sont faibles.
Lorsque les conditions sont plus froides et plus humides, une évolution de la végétation peut se produire. Selon l’altitude, différents passages peuvent se produire.
Étage montagnard, passage possible :
- aux pelouses méso-hygrophiles du Caricion ferrugineae [Code UE : 6170, Code Corine : 36.41] ;
- aux formations à hautes herbes de l’Adenostylion alliariae [Code UE : 6430, Code Corine : 37.81] ;
- aux forêts de ravins des situations fraîches du Tilio platyphylli-Acerion pseudoplatani [Code UE : 9180*, Code Corine : 41.4],
Étage subalpin (principalement), passage possible :
- aux formations à hautes herbes de l’Adenostylion alliariae [Code UE : 6430, Code Corine : 37.81] ;
- aux fourrés de l’Alnion viridis [Code Corine : 31.611] ;
- aux landes du Rhododendro ferruginei-Vaccinion myrtilli [Code UE : 4060, Code Corine : 31.42] ;
- puis à des forêts : mélézeins à sous-bois à Géranium des bois (Geranium sylvaticum) ou sur mégaphorbiaie à Adénostyle à feuilles d’alliaire, pinèdes de Pin cembro (Pinus cembra) et mélézein du Rhododendro ferruginei-Vaccinion myrtilli [Code UE : 9420, Code Corine : 42.31], hêtraies acidiphiles à hautes herbes de l’Aceri pseudoplatani-Fagion sylvaticae [Code Corine : 41.15], pessières acidiphiles du Piceion excelsae [Code UE : 9410].
Habitats évoqués au chapitre « Dynamique de la végétation », auxquels il est possible d’ajouter :
- les falaises calcaires, des situations ombragées, du Cystopteridion fragilis [Code UE : 8210, Code Corine : 62.152] ;
- les pelouses méso-xérophiles du Seslerion caeruleae [Code UE : 6170, Code Corine : 36.43], à la faveur de changements du microrelief.
Dans l’ensemble du Jura et des Alpes ; répartition plus fine des différentes associations non connue.
Cet habitat présente pour l’essentiel des espèces relativement communes, à l’exception du Cystoptéris des montagnes protégé au niveau national et de la Doradille scolopendre protégée dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Éboulis non perturbés par des aménagements et présentant une bonne richesse en fougères.
Cet habitat est globalement peu menacé sauf dans les secteurs concernés par les aménagements de domaines skiables (en particulier dans les Alpes du Nord).
Des stations de basses altitudes peuvent souffrir de l’exploitation des matériaux pierreux.
Certains aménagements (en particulier les créations de pistes de ski et les terrassements qu’elles induisent peuvent détruire certaines stations.
Les troupeaux s’écartant des parcours pastoraux peuvent entraîner la raréfaction de certaines espèces.
Améliorer les connaissances sur la répartition de l’habitat dans les Alpes.
Pour les éboulis en cours de colonisation par la végétation ligneuse, expérimenter les actions cumulées d’un débroussaillage mécanique léger et d’un pâturage caprin approprié (charge pastorale à définir).
Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)