Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages thermo-méditerranéen à mésoméditerranéen, bioclimat subhumide.
De 0 à 50 m d’altitude.
Indifférent à la nature du substrat.
Zones sablonneuses ou sablo-graveleuses du littoral en arrière-dunes fixées (le plus souvent au sommet des dunes), rochers littoraux soumis aux embruns.
Pentes très variables, nulles dans les zones d’arrière-dunes, réduites (5 à 30 %) à fortes pour les junipéraies présentes sur les pentes rocailleuses soumises aux embruns.
Le Genévrier turbiné (Juniperus phoenicea subsp. turbinata) participe sur le littoral continental de la France à diverses végétations dont la diversité typologique assez importante est en rapport avec la nature du substrat, la géomorphologie et les impacts humains :
- sur les dunes de sable fixé ou sur les rochers littoraux : matorral à Genévrier turbiné [Juniperetum lyciae], groupement pré-forestier ;
- matorral de la ceinture halorésistante, soumise aux embruns marins, où le Genévrier turbiné a un recouvrement moyen : pré-maquis à Anthyllide barbe de Jupiter et Thymélée hirsute [Anthyllido barbae-jovis-Thymelaetum hirsutae] à Anthyllide barbe de Jupiter (Anthyllis barba-jovis), Thymélée hirsute (Thymelaea hirsuta), Séneçon cinéraire (Senecio cineraria), Euphorbe sapinette (Euphorbia pithyusa).
N.B. : sur substrats sableux ou sablo-graveleux, les junipéraies à Genévrier turbiné relèvent à la fois de l’habitat non prioritaire de la directive « Matorrals arborescents à Juniperus spp. » et de l’habitat prioritaire « * Dunes littorales à Juniperus spp. » [code UE : 2250*] ; elles doivent être traitées de préférence par ce dernier code (éventuellement en croisement avec le 5210) qui leur est spécifique. Sur substrats rocheux, les junipéraies à Genévrier turbiné ne relèvent que de l’habitat non prioritaire « Matorrals arborescents à Juniperus spp. » [code UE : 5210].
Junipéraies à Genévrier turbiné sur sables ou rochers du littoral de France continentale : -bois dense et compact de Genévrier turbiné, plus ou moins impénétrable, de hauteur moyenne comprise entre 2 et 4 m (côte rocheuse de la presqu’île de Giens), voire 6-8 m en Camargue (dunes du bois des Rièges) ; -le plus souvent, piquetage de Genévrier turbiné surmontant un matorral littoral bas ; -sur la frange la plus proche de la mer, peuplement souvent anémomorphosé ; -recouvrement important de ligneux et de lianes sclérophylles : Pistachier lentisque (Pistacia lentiscus), Myrte (Myrtus communis), Chêne vert (Quercus ilex), Smilax rude (Smilax aspera).
Junipéraies assez souvent surmontées d’une strate haute à Pin d’Alep (Pinus halepensis): -strate herbacée souvent réduite, avec quelques espèces littorales psammophiles des dunes fixées ; -si les strates arbustives inférieures sont plus clairsemées, développement fréquent d’une communauté herbacée riche en nitrophiles.
Néant.
Spontanée :
Matorrals à caractère stable dans les situations à contraintes stationnelles marquées (falaises, fissures de rochers, affleurements rocailleux).
Colonisation spontanée assez rapide de nouveaux territoires grâce à la dispersion (endozoochorie) des galbules par les mammifères et les oiseaux.
Junipéraie à Genévrier turbiné sur sables ou rochers du littoral de France continentale :
- groupement paraclimacique sur sables, initialement développé en Camargue à partir de la pelouse à Armoise glutineuse (Artemisia campestris subsp. glutinosa) et Germandrée des dunes (Teucrium dunense) [Artemisio glutinosae-Teucrietum maritimi];
- possibilité d’évolution sur les sols rocailleux assez profonds non directement soumis à l’action des embruns vers la yeuseraie thermophile littorale à Arisarum vulgaire [Arisaro vulgaris-Quercetum ilicis ; Quercenion ilicis, code UE : 9340].
Liée à la gestion :
En Camargue, certaines clairières des junipéraies littorales sur sables servant de reposoirs aux troupeaux montrent une déstructuration des strates basses et une nette augmentation des plantes nitratophiles.
Formations basses d’Euphorbes près des falaises [Euphorbion pithyusae, code UE : 5320].
Garrigues méditerranéennes à Romarin officinal (Rosmarinus officinalis) et Bruyère à fleurs nombreuses (Erica multiflora) [Rosmarinion officinalis, code Corine : 32.4].
Ourlets méditerranéens mésothermes de Provence à Brachypode rameux (Brachypodium retusum) [Phlomido lychnitidis-Brachypodion retusi, code UE : 6220*].
Forêts d’Oléastre (Olea europaea var. sylvestris) et de Caroubier à grands fruits (Ceratonia siliqua)[Oleo sylvestris-Ceratonion siliquae, code UE : 9320].
Pinèdes méditerranéennes de Pins mésogéens endémiques [code UE : 9540].
Forêts de Chêne vert à Arisarum vulgaire sur les rochers littoraux [Arisaro vulgare-Quercetum ilicis ; Quercenion ilicis, code UE : 9340].
Junipéraie à Genévrier turbiné (en France continentale) : Provence et Côte d’Azur, plus fréquente sur les rochers maritimes (presqu’île de Giens, îles d’Hyères, littoral des Maures et de l’Estérel…) que sur les dunes fixées (tombolo de la presqu’île de Giens et surtout en Camargue : au bois des Rièges, aux dunes de Lansac et en Petite Camargue).
Diversité floristique souvent assez réduite, plus importante dans les formations ouvertes où existe une mosaïque de communautés.
Selon les variantes écologiques, plusieurs espèces végétales protégées sont plus ou moins associées à ces formations ; ces espèces bénéficient d’un niveau de protection : -soit national : Caroubier à grands fruits, Lavatère maritime (Lavatera maritima), Anthyllide barbe de Jupiter, Statice nain de Provence (Limonium pseudominutum); -soit régional (région PACA) : Éphèdre à deux épis (Ephedra distachya), Coincye des montagnes (Coincya cheiranthos subsp.
montana), Camélée à trois coques (Cneorum tricoccon), Coronille de Valence (Coronilla valentina subsp. valentina), Gaillet minuscule (Galium minutulum), Thymélée hirsute (Thymelaea hirsuta), Doradille lancéolée (Asplenium obovatum subsp. lanceolatum), Séneçon à feuilles de leucanthème (Senecio leucanthemifolius).
États à privilégier :
Assurer le maintien des strates basses et du recouvrement important des junipéraies littorales sur sables, tout en garantissant l’existence de quelques clairières en tant que niches de régénération.
Autres états observables :
Pelouses rudéralisées pâturées par bovins et piquetées de Genévrier turbiné.
Jeunes junipéraies en extension sur diverses garrigues littorales à Romarin officinal et cistaies.
Faciès de dégradation à Pistachier lentisque, Filaire à feuilles étroites et Romarin officinal de la junipéraie littorale de Camargue.
Formations rares et en constante régression du fait de l’urbanisation du littoral méditerranéen, notamment sur le continent.
Les célèbres boisements des dunes fixées de Camargue ont régressé en raison de l’augmentation des zones cultivées et de diverses infrastructures (exemple : junipéraie de Lansac). La baisse de salinité des eaux peut engendrer une extension d’espèces liées aux eaux douces comme le Peuplier noir (Populus nigra).
Aucun intérêt économique direct.
Développer des expérimentations sur la reconstitution des fourrés.
Mettre en place un suivi des habitats restaurés ou soumis à l’érosion littorale.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)